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Dragon's Dogma 2 Vignette test

TEST Dragon's Dogma 2 : échec et mat pour l’Action-RPG

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Capcom est de retour avec un jeu de rôle et d’action original, bourré de bonnes idées, mais aussi de défauts.

L'Insurgé se relève

Après avoir fait ses preuves avec les suites de Devil May Cry, Hideaki Itsuno s’est lancé dans la conception d’un jeu de rôle et d’action pour le moins ambitieux, Dragon’s Dogma. Un titre intéressant, bien que perfectible, amélioré grâce à une édition Dark Arisen l’année suivante. Plus de 10 ans plus tard, il est de retour, toujours chez Capcom, avec Dragon’s Dogma 2. Un Action-RPG qui fait office de suite, de reboot et de relecture de l’original, tout en conservant ce qui avait séduit les fans dans le premier volet. Mais, au final, ce n’est toujours pas une réussite totale

Dragon’s Dogma 2 mise tout sur son immersion.

Dragon's Dogma 2 23 29 11 2023Dragon’s Dogma 2 nous propose d’incarner l’Insurgé, un héros désigné par le dragon pour un affrontement quasi divin, régissant le bon fonctionnement du monde. Un héros acclamé par tous, du moins en temps normal, car notre aventure débute dans la prison d’une mine, rappelant les Elder Scrolls, après une longue création de personnage, le titre proposant un outil ultra complet et même disponible à part du jeu. Car oui, un Insurgé siège déjà sur le trône, un usurpateur qui nous met bien dans l’embarra, heureusement, le vrai Insurgé (le joueur) est aidé par quelques personnes pour démêler le fin mot de cette histoire, avant de reprendre sa quête pour affronter le dragon. Concrètement, le scénario de Dragon’s Dogma 2 n’a rien de passionnant, il n’est jamais palpitant, les rebondissements sont rares et le joueur se contente de suivre les marqueurs de quêtes sans trop réfléchir, c’est un peu décevant pour un RPG, jusqu’à se perdre sans raison et tourner en rond sans savoir quoi faire, mais la saveur du jeu se trouve ailleurs.

Dragon’s Dogma 2 mise tout sur son immersion, l’histoire passe totalement au second plan, le jeu plonge le joueur dans son monde ouvert et lui laisse quasiment carte blanche au fil de l’aventure. Cela va de missions secondaires plus ou moins intéressantes, qui peuvent échouer si l’Insurgé prend trop son temps, avec toujours des résolutions qui dépendent des actions de l’Insurgé, une quête principale qui peut être plus ou moins courte selon certains choix, et surtout une liberté d’exploration totale. Avec des ennemis qui nous attaquent tous les 10 mètres sur les sentiers principaux, le jeu nous invite indirectement à explorer à gauche à droite, avec toujours des récompenses à la clé, comme des coffres, des grottes, des collectibles, des rencontres insolites ou simplement le sentiment de satisfaction d’avoir atteint son objectif. Notre personnage est plutôt agile, capable de courir, sauter et grimper aux rebords, tout cela est souvent sollicité pour explorer à sa guise, même si l'inertie du personnage peut parfois être frustrante et la limite à l'exploration n'est autre que... l'eau. La mer est envahit par un Kraken qui dévore tout, une pirouette scénaristique justifiant l'impossibilité de nager...

10 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Mais ces contrôles un peu frustrants, ce n’est rien à côté des idées de conception. Nous l’avons dit, Dragon’s Dogma 2 invite à l’exploration, rappelant les meilleurs moments d’Elden Ring ou The Legend of Zelda: Breath of the Wild, mais ici, pas de monture. Tout se fait à pied, il faut dire que la carte est bien moins grande que celles des deux titres cités plus hauts, sauf que les voyages rapides ne sont pas non plus courants. Certes, il y a bien des chariots à bœufs, qui nous transportent d’une ville à l’autre moyennant une petite somme d’or, mais cela ne concerne que quelques lieux importants, et il est même possible (fréquent) de se faire attaquer en plein pendant le voyage ! Reste les pierres de téléportations, nous amenant dans les villes (à condition d’avoir découvert le totem de repère avant cela), mais il s’agit de consommables très rares et très onéreux, difficile d’en abuser.

Les combats s’enchaînent aussi vite que la barre de vie descend.

Dragon's Dogma 2 01 08 03 2024Résultat, eh bien le joueur passe son temps à pied à voyager de ville en ville, gérant son endurance pour courir et croisant les doigts pour ne pas tomber sur des ennemis… ce qui arrive très, très, très souvent, surtout de nuit. Une fois le soleil couché, le monde de Dragon’s Dogma n’a rien à envier à celui des Dark Souls, les monstres sortent en masse et ne font pas de pitié, la fuite est rarement une option à cause des Pions (nous y reviendrons) et les combats s’enchaînent aussi vite que la barre de vie descend. Nos PV ont ici deux formes, avec une barre verte classique qui chute à chaque coup et qui remonte en se soignant, mais une seconde barre grise descend en même temps, empêchant de totalement nous soigner. Après une dizaine de combats ou un gros boss, autant dire que ces barres sont en berne, il faut donc se reposer dans une auberge (payante), chez soi (après avoir acheté la maison) ou à un feu de camp, l’idéal pendant l’aventure, surtout de nuit. Un feu de camp qui permet de dormir jusqu’au matin (ou à la tombée de la nuit pour les plus motivés) et de cuisiner pour regagner de la vie, donnant lieu à des vidéos en images réelles, du véritable food porn pour les carnistes.

Bon, pour allumer le feu de camp, il faut quand même avoir un sac de voyage dans son inventaire, un objet courant et abordable, mais qui pèse sur le dos du joueur, littéralement. L’Insurgé a un inventaire limité en poids, il n’est pas possible de se balader avec des tonnes de ressources et d’équipements, sous peine de se retrouver ralenti par la charge portée. En ville, il est possible de se vider les poches dans son coffre personnel, mais en pleine aventure, le Pion arrive à la rescousse. Qui est-il ? Eh bien c’est un PNJ créé par le joueur, disposant de sa propre classe, de ses propres capacités, de son propre inventaire et même de son propre tempérament, même s’il est généralement soumis à l’Insurgé, seule personne capable de les contrôler. Un Pion utile pour porter de l’équipement, mais surtout pendant les combats, afin de varier les stratégies. Dragon’s Dogma 2 permet d’incarner, en début d’aventure, un Guerrier, un Voleur, un Archer ou un Mage, d’autres classes se débloquent par la suite, c’est la même chose pour le Pion et rien n’est gravé dans le marbre. Prenons notre exemple, nous avons commencé l’aventure en Guerrier avec un Pion Voleur, disposant d’attaques rapides mais pas assez efficaces à notre goût, puis rapidement, les ennemis volants nous posaient problème, nous avons donc passé notre Pion en Archer pour qu’il élimine facilement ces viles harpies à notre place. Comme si cela ne suffisait pas, le joueur peut recruter deux autres Pions supplémentaires via une faille, des Pions créés par les autres joueurs de Dragon’s Dogma 2.

Un Pion peut en cacher un autre

Là, le jeu prend une direction originale (bien que présente dans le premier volet) et qui donne une dimension très intéressante. Les Pions des autres joueurs nous aident au combat, là encore pour pallier les manques de l’Insurgé et de son compagnon, mais ils ont également des informations sur le monde grâce à leur expérience avec leur Insurgé. Un Pion invoqué peut ainsi avoir déjà effectué la mission en cours et nous indiquer le chemin et connaître les environs pour indiquer des coffres, lieux d’intérêt et collectibles, pour une expérience presque multijoueur sans réellement l’être. Notre Pion va lui aussi dans la faille aider les autres joueurs, revenant avec des connaissances bien utiles, le jeu disposera sans aucun doute de nombreux Pions aux facultés louables dans les prochains jours.

Les Pions souffrent d’un pathfinding qui pose parfois problème.

Dragon's Dogma 2 10 29 11 2023Ces Pions ne sont malheureusement pas sans défauts, soulignons d’abord leurs présence en grand nombre sur la route, nous arrêtant régulièrement pour nous proposer leurs services sans que le joueur ne demande rien, c’est vite agaçant, c’est d’ailleurs un problème récurrent chez tous les PNJ qui veulent nous donner une quête. Mais surtout, les Pions souffrent d’un pathfinding qui pose parfois problème, se bloquant dans des structures ou n’arrivant pas à suivre le joueur pour diverses raisons, il y a heureusement parfois une téléportation automatique. Mais parfois, le Pion chute comme un idiot, le joueur doit donc faire machine arrière pour le relever. En combat, c’est la même chose, nous l’avions évoqué plus haut, il est difficile de fuire un affrontement car les Pions ont du mal à ranger leurs armes pour courir, préférant se battre sans nous et mourir, nous obligeant à revenir les aider… C’est très agaçant, il faut également compter sur des Pions très bavards, passant leur temps à discuter de choses pas forcément intéressantes, avec des lignes de dialogues qui tournent vite en rond, le joueur a envie après quelques heures seulement de couper les voix des Pions, mais ce serait passer à côté d’indications parfois utiles pour les quêtes et objets. Bon, les indications sont aussi inscrites sur la mini-map, mais elle semble pour le moment buggée, affichant des points d’intérêt qui n’ont plus lieu d’être, comme un coffre déjà ouvert ou un collectible déjà ramassé. La carte principale ne sert quant à elle qu’à trouver son chemin, elle est peu utile et ne permet de placer que cinq points de repère, mieux vaut prendre des notes de son côté.

Heureusement, en combat, les Pions restent efficaces, qu’importe leur classe de personnage. Les affrontements font la saveur de Dragon’s Dogma 2, ils sont certes trop nombreux et fréquents, mais les batailles ne laissent aucun temps mort. Chaque classe a son propre gameplay, elle évolue au fil de 10 niveaux pour obtenir des capacités uniques, n’utilisant que de l’endurance. Contrairement à d’autres RPG, ici, le joueur n’a pas de fiche de personnage avec des points à attribuer aux PV, à la force, à la dextérité ou au Mana, la montée de niveau est automatique et cela permet de varier les classes quand bon vous semble. Un Guerrier aguerri peut ainsi devenir Mage et être tout aussi efficace en combat, rien n’est bloqué et les affrontements sont ainsi constamment renouvelés. Concrètement, le gameplay pendant les combats est assez classique, avec une attaque de base et un coup classique, mais l’Insurgé peut utiliser quatre capacités spéciales, consommant de l’endurance, mais particulièrement efficace.

L'épique, le vrai

C’est grisant et c’est à combiner avec une autre mécanique, celle permettant de saisir tout et n’importe quoi. Il est ainsi possible d’agripper un tonneau pour le jeter sur un adversaire, ou inversement, mais surtout, le joueur peut se hisser sur les gros monstres comme les griffons ou les dragons et atteindre des points faibles pour faire un maximum de dégâts.

Dragon’s Dogma 2 est visuellement magnifique.

Dragon's Dogma 2 27 21 09 2023Comme Dragon’s Dogma 2 ne nous prend jamais par la main, il faut découvrir ces points faibles, certains sont évidents, d’autres pas, les Pions peuvent avoir des informations pour les trouver, mais il faut souvent expérimenter. Quoi qu’il en soit, les combats contre des ennemis impressionnants sont épiques, dynamiques et nerveux, rappelant parfois Shadow of the Colossus avec sa mécanique de grimper sur le monstre pour frapper son point faible, mais même à distance avec l’Archer ou le Mage, c’est toujours grisant, à condition quand même de faire abstraction d’une caméra capricieuse, la reculer dans les options n’y change rien et, contre les petits ennemis nombreux, c’est souvent le chaos. Notons que des raccourcis permettent de soigner à la volée en plein combat, une chance, car les menus du jeu sont loin d’être accueillant, c’est dommage, car que ce soit pour la gestion d’inventaire, le suivi des missions ou les combinaisons d’objets, il faut souvent l’ouvrir (et s’y perdre).

Si les combats sont épiques, c’est notamment grâce aux musiques composées par Satoshi Hori, mais aussi grâce aux nombreux effets visuels. Dragon’s Dogma 2 est visuellement magnifique, les sorts magiques sont scintillants, les armures reluisantes, les visages très crédibles et les décors magnifiques, merci le RE Engine. Même si la carte est plutôt petite pour un open world, elle est variée, avec des biomes très différents, toujours somptueux. Cependant, le jeu est très mal optimisé, notre PC de test a souffert pendant notre partie, il a fallu abaisser de nombreux réglages pour jouer en 1080p à 60 fps, mais même là, le framerate débridé jouait au yo-yo, avec d’énormes chutes pendant certains combats et dans les villes, pourtant pas si riches en PNJ. Espérons que Capcom arrive à corriger cela avec un patch, car en l’état, Dragon’s Dogma 2 fait peine à voir et cette optimisation ratée gâche toute la réussite visuelle et artistique du titre. Un mot sur le doublage : le titre propose des voix en japonais, ce qui est assez perturbant car l’action prend place dans un monde d’heroic fantasy occidental, nous avons préféré les voix anglaises pour la cohérence, mais dans les deux cas, le doublage est très réussi. Enfin, concernant la durée de vie, eh bien elle dépend grandement des choix du joueur, une fin basique peut survenir après une petite vingtaine d'heure de jeu, mais les plus attentifs auront accès à une fin alternative bien plus satisfaisante, rajoutant encore quelques heures, sans oublier les nombreuses misses secondaires et les pérégrinations dans la nature.

Dragon's Dogma 2 Bannière test

Dragon’s Dogma 2 nous a frustré, mais il est loin d’être mauvais et les amateurs d’Action-RPG auraient tort de passer à côté. Techniquement compliqué, le jeu souffre de nombreux problèmes, que ce soit des affrontements trop nombreux, des voyages rapides limités, des Pions souvent agaçants et d’une histoire pas si passionnante. Mais Dragon’s Dogma 2, c’est un monde ouvert captivant, une invitation à l’exploration, des échanges de Pions utiles et intéressants, des combats explosifs (parfois brouillons) et un véritable jeu de rôle où les actions ont des conséquences, jusque sur la fin (les fins) de l’aventure. Finalement, cette relecture de Dragon’s Dogma a les mêmes qualités et les mêmes défauts, le jeu peut être frustrant et parfois rebutant, mais il conserve un charme unique, chose rare dans les Action-RPG AAA modernes.

Vous pouvez acheter Dragon's Dogma 2 à partir de 49,49 € sur Amazon, Cdiscount, la Fnac et Gamesplanet.

Test réalisé sur PC.

Les plus
  • Une vraie aventure dans un monde passionnant
  • L’immersion au cœur du gameplay
  • Une direction artistique magnifique
  • Une bande originale épique
  • Les affrontements dynamiques et nerveux
  • Les combats de boss, quel régal
  • Les actions qui ont une réelle incidence sur les quêtes
  • Les classes variées, sans brider le joueur
  • Les Pions à s’échanger, toujours une excellente mécanique
  • Le sentiment de liberté totale…
Les moins
  • … au point de souvent perdre le joueur
  • Optimisé à coups de massue de troll
  • Les déplacements rapides trop limités
  • Les allers-retours à pied fastidieux
  • Des combats toutes les 30 secondes sur les sentiers principaux
  • L’IA des Pions très perfectible pour les déplacements
  • Le scénario peu intéressant
  • L’ergonomie des menus, une horreur
Notation
Graphisme
15
20
Bande son
18
20
Jouabilité
14
20
Durée de vie
16
20
Scénario
13
20
Verdict
15
20
redacteur vignetteClint008
Rédacteur - Testeur

Commenter 1 commentaire

Avatar de l’utilisateur
_Alf_
Ayant commencé il y a quelques jours, je suis plutôt agréablement surpris eu égard aux différentes critiques lues ici ou là. Graphiquement il tient bien la route, et l'immersion est là. Le coup des pions est une très bonne idée. Ne souhaitant pas me salir les mains ;-) j'ai choisi le sorcier. Dragon Dogma 2 n'est point exempt de défauts certes, mais globalement le titre est vraiment vraiment agréable, je continue l'aventure ! (sur PS5)
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