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CRITIQUE de Tolkien : un biopic pas héroïque, mais très fantaisiste

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À la base présenté comme un biopic de l’auteur du Seigneur des Anneaux, Tolkien s’avère être, au final, un film très largement romancé, qui comble le vide en matière de documentation par beaucoup de fantasmes en vue d’alimenter la légende.

La Communauté du romancé

De la vie de J.R.R. Tolkien, nous connaissons certains aspects, notamment décrits dans la biographie J.R.R. Tolkien, une vie, écrite par Humphrey Carpenter. C’est d’ailleurs assurément sur cette source que repose le scénario du film du réalisateur finlandais Dome Karukoski, qui avait donc pour ambition, avec Tolkien, de proposer un biopic dédié à l’auteur du Seigneur des Anneaux. Mais, gros problème, non seulement il apparaît évident que la matière biographique a rapidement manqué aux scénaristes pour construire un récit fidèle, mais, en plus, les héritiers de Tolkien ont catégoriquement refusé de participer à l’élaboration du film. Pas vraiment de quoi générer un buzz profitable pour sa sortie.

Le métrage est très dispensable dans sa globalité.

Un contexte qui explique sans doute pourquoi Tolkien est un film aussi déroutant. Le métrage raconte principalement la jeunesse de John Ronald Reuel Tolkien, orphelin de père, puis de mère, qui devient pupille d’une riche anglaise et tente de trouver sa place dans une société avec laquelle il est assurément en décalage. Le film relate sa rencontre avec trois compères de lycée avec lesquels il fonde une société secrète, mais également son lien avec Edith Bratt, qui (SPOILER) deviendra sa femme par la suite. Impossible également de ne pas évoquer la passion pour les langues de cet auteur en devenir, ainsi que sa carrière militaire, courte, mais pourtant déterminante dans son œuvre.

Si l’ensemble suit un chemin bien balisé, la part de biographique dans le film est très rapidement éclipsée par la fiction pure et simple, nécessaire pour donner de l’épaisseur à l’ensemble. L’idée n’est pas de remettre en question l’influence des expériences de Tolkien dans l’écriture du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, mais la mise en scène de Dome Karukoski n’est guère subtile : en vérité, quiconque ayant lu ou vu le Seigneur des Anneaux peut trouver dans Tolkien tout le récit en Terre du Milieu en filigrane : le boys club de Tolkien et ses potes rappelle le groupe de hobbits de la Communauté de l’Anneau, sa relation avec Edith est un écho au couple Aragorn/Arwen, le professeur de philologie Joseph Wright est une ébauche de Gandalf… le paroxysme de tout cela s’avère être la bataille de la Somme, à laquelle J.R.R. Tolkien a participé, mais dont l’implication est mise en scène de toute pièce pour servir le scénario.

Tolkien Cinema image crtique 2Techniquement, le film n’est pas mauvais, quelques belles scènes sont proposées — notamment celles qui se déroulent durant la guerre — et le montage entre différentes périodes de la vie de Tolkien est bien trouvé. Mais il n’en reste pas moins que le métrage est très dispensable dans sa globalité, et affiche même des longueurs bien ennuyeuses.

Le Seigneur des mythos

Au final, difficile de déterminer précisément à qui s’adresse Tolkien : les fans de la première heure de l’auteur britannique ne découvriront rien de neuf, pire, juste une biographie romancée à l’extrême, au point d’en faire un récit naïf et finalement assez réducteur. À l’inverse, les spectateurs ne connaissant que peu Tolkien et son œuvre n’auront pas les références qui sauvent un peu le film et auront, en prime, une biographie au mieux erronée, au pire totalement bidonnée.

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Les héritiers de J.R.R. Tolkien ont refusé de voir le film avant sa sortie, et ils ont sans doute eu raison. Il y a peu de chance que le film de Dome Karukoski devienne une référence sur l’un des auteurs de fantasy les plus salués au monde, et c’est sans doute pour le meilleur.

Note : 2 étoiles sur 5

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