États-Unis : ventes interdites des jeux violents aux mineurs ?
La Cour Suprême des États-Unis discute actuellement sur la loi soutenue par l'État californien visant à interdire la vente de jeux vidéo violents aux mineurs...
La Cour Suprême va finalement devoir trancher sur la légitimité de cette loi qui provoque la controverse aux États-Unis depuis sa création en 2005. Elle a en effet été par deux fois refusée par la justice fédérale américaine à la suite des recours entamés par l’industrie américaine du jeu vidéo qui dénonce une atteinte à la liberté d’expression.
L’Etat Californien, dont les sénateurs sont à l’origine de cette loi, a donc décidé de saisir en dernier recours la plus grande instance juridique américaine, la Cour Suprême. Les questions qui suscitent le débat sont multiples : interdire la vente de jeux vidéo constitue-t-il une restriction du 1er amendement de la constitution américaine qui prône la liberté d’expression ? La décision d’achat n’est-il pas du ressort des parents ? Qu’est ce qu’un jeu violent ? Les jeux violents affectent-ils significativement les comportements des joueurs in the real life ?
Les  deux refus successifs de cette loi traduisent clairement l'avis de  la justice qui estime que la loi porte atteinte à la liberté  d’expression, valeur phare des États-Unis. Pourtant, l’État Californien  persiste et réfute cette décision en saisissant la Cour Suprême des  États-Unis. L’Etat Californien justifie cette loi en évoquant une  décision de la Cour suprême de 1968 interdisant la vente aux mineurs de  magazines présentant l'image d'une femme nue. GTA (Grand Theft Auto) est régulièrement cité, mais également Postal 2 pour son extrême violence, jeu qui a été interdit dans plusieurs pays  dont la France.                                              
Les  juges s’interrogent sur la validité de cette loi, et comparent les jeux  vidéo à d’autres médias : « "Que fait-on pour les films ? Les comics ?  Les contes de Grimm ? Pourquoi établir une différence entre ces médias  et les jeux vidéo ?", questionne la juge Ruth Bader Ginsberg.
Photo extraite de Postal 2 : "pétition pour que les membres geignards du congrès jouent aux jeux violents"
La loi  californienne laisse le choix aux parents d’acheter ou non le jeu pour  leur enfant. Mais si un magasin s’aventure à vendre un jeu désigné comme  violent à un mineur, il encourt 1000 $ d’amende.
Une question  évidente se pose lors de la lecture de la loi : qu’est-ce qui  caractérise un jeu violent ? Voici une définition simplifiée proposée  par la loi Californienne :
Un jeu vidéo violent est un jeu dont  un « adulte raisonnable trouverait que son contenu violent attirerait  les mineurs pour des raisons morbides, qu'il serait offensant au regard  de ce que la communauté considère comme acceptable pour les mineurs, et  que son contenu accuse un manque patent de valeur scientifique,  politique, artistique ou littéraire pour les mineurs. » Une définition  plutôt vaste et complexe.
Le débat est également alimenté par une  question maintes fois posée, régulièrement relayée par les médias suite  à des comportements d’extrême violence de jeunes individus (fusillades  dans un campus américain, fusillade en Finlande…) : est-ce que les jeux  violents génèrent des comportements agressifs dans la vie réelle ? La  réponse est loin d’être claire, plusieurs études ont été menées,  certaines affirment que non les jeux vidéo n’affectent pas le  comportement des joueurs, tandis que d’autres prétendent le contraire.
Bref, le débat risque d’être houleux à la Cour Suprême qui traite pour la première fois un sujet relatif aux jeux vidéo.
Article rédigé par Caroline Tosh.