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The Surge 2

TEST de The Surge 2 : Deck13 Interactive monte tout doucement en puissance

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The Surge 2 : La boucherie qu’était le premier épisode a donné un second opus plus proche de la frappe chirurgicale.

Dark Surge

En juillet dernier, Deck13 célébrait sa majorité tout juste acquise. Un chiffre forcément mémorable qui invite les concernés comme les observateurs à se rappeler ces 18 années de bons et loyaux services auprès de l’industrie du jeu vidéo. Et puisque devenir adulte c’est aussi arrêter de faire l’autruche, autant se l’avouer : ces 18 ans ont été franchement pénibles. Entre l’enchainement de petits projets sans envergures et ceux qui ont donné la définition du mot flop, nous pouvons parler d’un acharnement du sort pour les développeurs. Ce n’est qu’en 2017 avec la sortie, enfin remarquée, de The Surge que les affaires ont repris. Autant vous dire que voir débarquer une suite à cette licence était une question de bon sens pour ses créateurs, si ce n’est l’instinct de survie. S’ils n’étaient pas clairs avec ce petit historique, les objectifs de The Surge 2 ne tardent à s’éclaircir dès les premières minutes de jeu pour dévoiler un titre assez conservateur qui suit le sillage laissé par son grand-frère. En gros, des combats brutaux assez géniaux, un level design linéaire, mais malin, ainsi qu'une difficulté qui pourrait mettre KO les moins patients d’entre nous… Bref, du Dark Souls dans toute sa splendeur et c’est justement cela que nous aimons.

Un univers futuriste qui n’a pas la même aisance à mettre en place une ambiance.

The Surge 2

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Nous vous le précisons au cas où vous avez raté le coche, mais c’est bien cela qu’essaye de nous vendre Deck13. Les chevaliers morts-vivants ont laissé leurs places à un univers futuriste qui n’a pas la même aisance à mettre en place une ambiance. La composante sci-fi n’a rien à voir avec le malaise en question. Le problème vient plutôt de la direction artistique encore tâtonnante de The Surge 2. Demander au titre d’être efficace, c’est jouable, lui demander d’être mémorable, c’est encore au-dessus de ses moyens. Le raisonnement s’applique entre autres au scénario du jeu que vous pouvez boucler en à peu près 20 heures. Enfin, ça, c’est le tarif bonhomme puisque les joueurs plus casuals peuvent facilement ajouter 10 heures supplémentaires à leur périple à cause d’ennemis qui s’useront les chaussures à force de vous botter le train.

Loin d’être le titre le plus inventif qui nous soit passé entre les mains ces derniers temps, The Surge 2 nous fait aussi des fashion faux-pas quand il tente de donner de la cohérence à son univers. Il n’y a que des théories qui peuvent expliquer comment votre héros, intégralement customisable au début du jeu cette fois, passe de personne lambda dans le coma à malade sanguinaire arracheur de membres en l’espace d’une intro. Des questions méritent aussi d’être posées concernant la ville de Jericho City. Tentaculaire en apparence, Deck13 résume ici son immensité par une succession de couloirs.

The Surge 2Des corridors qui ont en plus le mauvais goût de se ressembler un peu trop. Nous ne pouvons pas demander à une ville post-apocalyptique de ressembler à autre chose qu’une succession de ruines, mais quelques changements n'auraient pas été de refus. En étant enthousiastes, nous avons même espéré que les gravats soient soignés, mais il n’en est rien. À la place, The Surge 2 montre ses premières limitations techniques qui n’aident pas à rendre la forme aussi bonne que le fond. L’indulgence est de rigueur toutefois, nous sommes en présence d’une production modeste après tout. Force est de constater cependant que nous avons déjà vu des visages mieux dessinés, des modèles de PNJ plus nombreux ainsi que des effets graphiques (de lumière notamment) et sonores plus aboutis dans des jeux ayant bénéficié des mêmes conditions de développement.

« Ça va couper, chérie »

 
Voir ces défauts n’est pas une fatalité dans The Surge 2. Généralement, le jeu nous occupe bien avec notre CEP boucher-charcutier. La formation est rapide, juste le temps pour nous de comprendre les bases du démembrement qui s’avère capital dans notre progression. Couper des bras et des têtes, ce n’est pas juste pour le plaisir, quoique, c’est aussi le seul moyen de récupérer des composants utiles pour l’amélioration de l'équipement. Un moyen facile pour mettre un peu d’enjeux dans les séances de pugilat, qui ne manquent ceci dit pas d’attraits. Les combats, hautement tactiques et facteur de blanchiment capillaire, sont sans aucun doute la meilleure chose qui soit arrivée à The Surge 2. Les échanges sont nerveux à souhait avec les PNJ de base, et ils deviennent totalement épiques lorsqu’il s’agit de se frotter à un boss. Les moments de détresses où vous allez vous empaler sur un ennemi un peu compliqué, il y en a des tas. Pas suffisamment pour venir gâcher l’accomplissement que procure le nettoyage d’un segment ou le déblocage d’un raccourci vers la station médicale du niveau (sorte de checkpoint et endroit privilégié pour booster votre personnage).

Les combats sont sans aucun doute la meilleure chose qui soit arrivée à The Surge 2.

The Surge 2C’est là la magie des Souls-like, un bonheur décuplé face à l’adversité qui nous fait aimer le jeu dès la première découpe et le premier équipement crafté. Une joie qui reste intacte malgré le fait que la formule de Deck13 n’a pas beaucoup évolué. Il faut reconnaître que le genre n’invite pas vraiment à l’innovation, mais dans le cas de The Surge 2, la stagnation est palpable. « Tant mieux » diront certains en justifiant que le jeu n’a pas besoin de fioritures supplémentaires pour séduire. Pas faux dans le fond, pourtant les touches de nouveauté comme ce système de tags multijoueur, directement inspiré de Dark Souls là encore, est plus que bienvenu. Tout le reste n’est qu’un vaste perfectionnement, indéniablement l’un des grands chantiers de The Surge 2.

De l’ambition, mais encore un peu de boulot

Plus qu’une tentative nouvelle, le titre de Deck13 est une version polie de son précédent jeu. Un « The Surge 1.5 » qui a pris tous les éléments qui le composent pour les améliorer et donner enfin le jeu complet à la hauteur des ambitions des créateurs. L’exemple le plus pertinent à ce niveau est la marge de progression des boss de The Surge 2. Un peu absents et pas très mémorables dans le premier opus, les gros malabars sont ici plus nombreux pour notre grand plaisir. Plus variés également, ils sont enfin les antagonistes aux patterns intéressants que méritent les joueurs, même si la mise en scène qui accompagne ces combats est parfois un peu pauvre ou gratuite. Cette bonification se ressent dans à peu près toutes les fonctionnalités clés et se traduit presque naturellement par un surplus de contenu que nous apprécions. Nous pensons ce coup-ci aux armes, ustensiles suprêmes pour faire un bon hachis parmentier de bandits, qui reviennent en forme, mais aussi en nombre. Plus de variétés là encore pour des combos nombreux et peut-être la chance de trouver le type qui correspondra enfin à votre style de jeu, bien que The Surge 2 compte encore pas mal de doublons.

Un « The Surge 1.5 » qui a pris chaque élément qui le compose pour les améliorer.

Des problèmes subsistent toujours malgré tout. Le level design parfois inutilement compliqué en est un. Sur l’intégralité du jeu, nous avons rarement eu à nous plaindre de sa structure, mais il est arrivé que les Petit Poucet de Deck13 nous sèment sans le vouloir avec des miettes de pain un peu trop grosses, perdues en direction d’une zone qui n’est pas la bonne. Ce qui pourrait être une impasse sans conséquence pour nombre de jeux se traduit dans The Surge 2 par un repop de tous les ennemis de la zone, un vrai plaisir pour ce qui relève d’une bêtise maladroite. Il faut également un peu de temps pour digérer les quelques principes alambiqués que nous impose le titre. Que penser par exemple de cette idée étrange qui vous oblige à vous soigner en remplissant votre barre d’énergie. Jauge qui se remplit dans 90 % des cas en tabassant allégrement tout ce qui vous passe sous la main et qui se vide le reste du temps. Autrement dit, si vous êtes à l’article de la mort il va falloir prendre le risque de mourir en agressant le premier pelé venu. À moins bien sûr de vouloir faire un long détour jusqu’à la station médicale du niveau. Le manque de variété des ennemis, malgré des efforts certains, est une autre faute de goût de The Surge 2 qui reste comme pour les autres manquements un détail qui n’enlève rien au plaisir du premier contact.

The Surge 2

Car oui, le titre obtient notre sceau d’approbation. Il faut dire que The Surge 2 a bénéficié de l’expérience de laboratoire qu’était The Surge premier du nom pour sortir un Dark Souls-like bien plus travaillé. Nous ne jetterons pas la pierre à celui qui osera dire, à juste titre, que The Surge 2 est une version revue et corrigée du premier épisode. Le fait est que le dernier-né de Deck13 réussit son contrat en étant une petite boule d’énergie plus ambitieuse que son ancêtre, dans la noble lignée des jeux de From Software. L’emballage n’est ni chevaleresque ni totalement peaufiné, mais suffisamment bon pour nous permettre d’apprécier un jeu où les combats provoquent une montée de tension pour certains et de délicieuses pulsions masochistes pour d’autres.

Les plus
  • Les combats toujours au top
  • Un contenu plus riche
  • Des améliorations par rapport au précédent jeu
  • Le genre du Souls-like qui fait le café
  • Plus de boss, et des meilleurs
Les moins
  • Se repose un peu sur ses lauriers, mécaniquement
  • Direction artistique perfectible
  • Peut mieux faire sur la technique
  • Bestiaire et arsenal qui peuvent être redondants
  • Quelques idées de game design douteuses
Notation
Graphisme
12
20
Bande son
12
20
Jouabilité
16
20
Durée de vie
16
20
Scénario
13
20
Verdict
14
20

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