TEST Final Fantasy XVI : l'ultime fantaisie de Square Enix s'écrit dans un brasier ardent !
Final Fantasy XVI : Les flammes d'Ifrit et Phénix sont venues faire chauffer notre PS5, mais le jeu en vaut-il la chandelle ?
Valisthéa, une contrée pourvoyeuse de malheurs
Septembre 2020, Square Enix révélait au monde le prochain épisode numéroté de sa prestigieuse saga, Final Fantasy XVI, dont la création a été confiée à la Creative Business Unit III de Naoki Yoshida, agissant ici en tant que producteur. L'équipe réunie autour du projet a sur le papier de quoi faire rêver, puisque nous retrouvons des noms familiers des joueurs de FFXIV, avec le directeur créatif Kazutoyo Maehiro, le directeur de la localisation Michael-Christopher Koji Fox, le directeur artistique Hiroshi Minagawa, le compositeur Masayoshi Soken et le manager des cinématiques Takeo Suzuki, œuvrant aux côtés du directeur des combats Ryota Suzuki (Dragon's Dogma, Devil May Cry 5) sous l'égide d'Hiroshi Takai. Après avoir pu poser nos mains à deux reprises sur la bête ces derniers mois (lire nos previews ici et là), nous avons eu la chance de jouer à sa version finale depuis quelques jours déjà et de voir défiler le générique de fin. C'est sous les traits d'un Action-RPG que s'incarne ce 16e volet au ton sombre, s'inspirant ouvertement de Game of Thrones. Possède-t-il l'étincelle du feu divin nécessaire pour inspirer une nouvelle génération de joueurs ? Asseyez-vous au coin de l'âtre, c'est parti pour une longue histoire.
Une narration maîtrisée, non dénuée de certaines longueurs.
Nous incarnons en effet l'aîné Clive, un protagoniste un peu taciturne que nous avons appris à aimer et dont nous suivons les péripéties au cours de trois périodes de sa vie. En sa qualité de Gardien de Joshua, son petit frère, Émissaire de Phénix et futur héritier du trône de l'Archiduché de Rosalia, son devoir était donc de le protéger. Si vous avez joué à la démo couvrant le prologue, vous savez donc que durant sa jeunesse, il a été témoin d'une tragédie lorsque le Fort Phénix fut attaqué en pleine nuit et qu'un deuxième Primordial de feu apparut, un phénomène censé être impossible. Doté de la bénédiction de son frangin, devenu malgré lui Pourvoyeur dans les rangs du Saint-Empire de Sangbrèque et désirant ardemment se venger, c'est donc un personnage ayant rongé son frein pendant 13 ans que nous suivons en l'An 873 du calendrier local. Il va rapidement faire la rencontre de Cid, un renégat qui accueille dans son Repaire les « marqués » et plus largement tous ceux souhaitant vivre libres sans discrimination. Cette lutte contre le système avec ses nobles idéaux est au cœur de la narration et va s'interconnecter avec le destin tout particulier de Clive, son héritage familial et des rencontres très musclées face à divers Primordiaux, entre autres. Toutefois, les évènements se déroulant au cours de sa vingtaine ne sont qu'un apéritif, puisque c'est réellement à la suite d'une ellipse qu'a lieu le plus gros du jeu durant sa trentaine. Les scénaristes sont parvenus à nous faire passer par toutes les émotions par son intermédiaire, rendant d'autant plus difficile la séparation une fois le périple touchant à sa fin.
L'évolution au rythme de l'Épopée
Déjà d'une, c'est un format quasi sériel qui a été adopté, avec sporadiquement des cinématiques prenant place bien loin du lieu où Clive se trouve, afin de faire avancer l'intrigue sur d'autres fronts. L'utilité de ces mises en contexte peut ne pas être flagrante de prime abord, mais s'avère payante sur la durée. Des flashbacks viennent parfois apporter des détails sur les personnages principaux ou nous rappeler des scènes importantes tels que des souvenirs. Quelques cliffhangers ont aussi été insérés çà et là pour ne pas trop en dire ou en montrer, laissant libre cours à notre imagination pour recoller les pièces du puzzle avant d'en avoir la résolution. L'équipe s'est d'ailleurs bien amusée, tantôt en nous mettant dans la confidence alors que Clive reste ignorant, tantôt en inversant totalement ce rapport, notamment après l'ellipse. Si le fil rouge constituant l'Épopée est très basique une fois les bases posées, ce sont les détours et la manière d'y parvenir qui nous tiennent en haleine, et ce jusqu'au dénouement, avec tout de même des surprises que nous ne voyons clairement pas venir. La toile longuement tricotée de nos relations finit par vraiment prendre tout son sens, rendant d'autant plus difficile la séparation entre nous et Valisthéa lorsque l'heure des au revoir a sonné.
Les donjons tous uniques, qui comportent les meilleurs moments jouables du jeu.
Vient ensuite l'accès à un stage / donjon se débloquant une fois arrivé au bout de la zone d'exploration (ou directement depuis le Repaire selon les cas) et qui n'est accessible qu'une fois de cette manière. Pas de panique, la Stèle d'excellence donne l'opportunité d'y rejouer à l'infini, et ce de deux manières différentes. La Revisite de niveau permet tout simplement de les refaire, mais avec notre statut actuel (équipement, compétences, etc.), donnant l'opportunité de revoir les cinématiques incluses avec et donc une partie des moments marquants de l'aventure. Une super idée que nous accueillons à bras ouverts. Le mode Arcade propose de son côté un défi plus corsé puisque les accessoires d'aide ne peuvent être assignés (nous y reviendrons) et l'équipement ainsi que les compétences sont bloqués une fois le stage lancé. Les cutscenes ne peuvent pas y être passées, notre niveau y est fixe et le but est de réaliser le meilleur score pour se hisser en haut des leaderboards sur la Toile. Même si nous ne sommes pas spécialement le public visé, c'est tout de même un bon point en termes de rejouabilité, tout en donnant un intérêt supplémentaire à l'optimisation de nos techniques de combat.
Les quêtes annexes, rares au début, sont vraiment nombreuses en fin de compte et font office de classique du genre en termes d'objectifs, demandant d'éliminer une menace, de parler à des PNJ, de livrer ou récolter quelque chose… Bref, sur le papier, rien de bien fou. C'est tout ce qui tourne autour qui les rend intéressantes, car elles viennent creuser les thématiques et approfondir les personnages, voire débloquent de précieux atouts pour nous rendre plus fort (plans d'équipement) et améliorer notre survie (agrandissement du stock de potions, le surplus étant immédiatement consommé). C'est de cette manière qu'il est possible d'obtenir un Chocobo en guise de monture, plus là pour le récit et le fan service que réellement indispensable.
Si tu peux le faire, moi aussi !
Cela s'explique par la présence d'une option Nouvelle partie + donnant accès à la difficulté Fantaisie Finale où le cap passe à 100, avec des adversaires plus puissants, des équipements et accessoires supplémentaires (les améliorations vont alors au-delà de +2) et un mode supplémentaire pour la Stèle d'excellence. Notez cependant qu'une fois sélectionné, il devient impossible de modifier ce paramètre. Un Trophée nécessite de terminer le jeu ainsi, il faudra donc passer par là pour obtenir le précieux Platine ! Vous pourrez sinon reprendre juste avant le dernier donjon et terminer tout ce qui est encore disponible à ce stade du jeu. Le New Game+ conserve sinon nos pouvoirs et donne toujours accès aux modes de difficulté Histoire et Action, ce dernier étant celui que nous avons choisi dès le départ, sans rencontrer de réel blocage. Avec l'autre, les accessoires facilitant les affrontements sont équipés dès le départ, mais nous sont dans les deux cas fournis, servant à faire agir Talgor automatiquement (pas conseillé avec la VF, la réplique de Clive s'activant alors sans cesse et tapant sur les nerfs), exécuter des compétences et combos en appuyant juste sur la touche d'attaque (elle est déjà assez sollicitée comme ça), nous soigner avec les potions sans avoir à y faire attention, échapper à toutes les offensives ennemies et ralentir très légèrement le temps afin d'avoir l'opportunité d'esquiver. Nous avons fait le choix d'utiliser ce dernier, qui est loin de mâcher le travail et n'empêche pas de réagir avant même que la fenêtre se déclenche, un excellent compromis.
Un gameplay d'Action-RPG accessible à tous.
L'apprentissage des commandes se fait progressivement avec de base un très bon tutoriel pour utiliser les pouvoirs de Phénix, dont le dash ne nous a jamais quitté tant il est utile. Notez que nous évoquerons seulement le mapping de base ci-dessous, deux autres étant possibles en option. Nous avons donc à notre disposition un saut sur Croix, une magie avec Triangle, l'attaque via Carré et Rond pour utiliser le Talent du Primordial associé. Vient ensuite l'esquive habile en appuyant pile avant d'être frappé sur R1, une percée vers l'avant sur terre et dans les airs à l'aide de Croix et Carré, des coups puissants en chargeant la touche d'attaque ou de tir, ou encore la possibilité de se rétablir après un choc. Chaque Primordial offre également quatre compétences distinctes, seules deux pouvant de base être équipées à la fois et utilisées en combinant Carré ou Triangle avec R2, tandis que L2 nous fait changer de set parmi les trois possibles. Les compétences ont évidemment un cooldown en fonction de leur efficacité pour éviter de les spammer. En plus de ça, la Transcendance réveille le Kratos intérieur de Clive en combinant R3 et L3, renforçant tous nos coups consommant la jauge dédiée. Après quelques heures, nos doigts glissaient sur la manette sans nul besoin de regarder sans cesse les indications, le système étant ultra intuitif. Franchement, bravo ! La dynamique des combats se résume sinon à esquiver et attaquer au moment opportun pour faire diminuer la jauge de volonté ennemie, finissant par le déstabiliser et le rendant temporairement plus vulnérable à nos attaques, simple et efficace.
Notre havre de paix
Du côté des menus, la lisibilité de l'interface est dans l'ensemble très bonne. Il est ainsi possible de basculer de la carte d'une zone à la mappemonde rapidement, de consulter la Chronique réunissant toutes les quêtes avec des résumés, de gérer les consommables (sels et potions) et leurs raccourcis, de consulter l'état de Clive d'un simple coup d'œil, mais aussi celui de Talgor qui dispose d'un rang (ne nous demandez pas comment il gagne des niveaux, l'explication manque visiblement à l'appel et cela n'a pas d'importance), gérer nos compétences et nos équipements. Oui, même si le côté jeu de rôle est peu accentué, il est présent et les statistiques ne sont pas là que pour faire jolie.
Le Repaire, un hub où il fait bon vivre.
Le Repaire propose bien des services utiles en sa qualité de hub et nous fait réellement sentir chez nous. Les mélomanes apprécieront l'Orchestrion, un jukebox changeant le thème sonore de la base, certains se débloquant au fil de l'aventure quand d'autres doivent être achetés contre de grosses sommes de Gils. Un présentoir sert à exposer des objets précieux obtenus à la suite de quêtes, les PNJ nous envoient parfois des lettres, certaines débouchant sur de nouvelles quêtes, un comptoir des récompenses lié à un niveau de réputation (une monnaie gagnée via les missions et chasses) nous gratifie d'objets utiles, un autre pour les quêtes répertorie toutes celles en cours pour y accéder rapidement et Nektar gère donc le Tableau des contrats d'élite, une réminiscence de FFXII demandant d'aller terrasser des ennemis coriaces à travers le monde. Un lieu de vie utile avec nombre de personnages dont les dialogues sont régulièrement actualisés, dont un barde aux poèmes toujours bien trouvés. Tout n'est cependant pas disponible dès le départ.
Pyrotechnie visuelle et intensité sonore
Nous avons globalement fait le tour du contenu et des principaux systèmes de jeu, mais il reste évidemment plusieurs points essentiels à soulever au sujet de Final Fantasy XVI, à commencer par le plus vendeur : ses graphismes ! Deux modes sont proposés au lancement, d'un côté Performance, si vous souhaitez du 60 fps au détriment de ses visuels qui passent alors en 1440p, et de l'autre Qualité, nous proposant du 2160p à 30 fps. Nous avons évidemment essayé les deux, mais c'est majoritairement avec ce dernier que nous avons vécu cette odyssée. La raison en est simple, le framerate n'est clairement pas problématique lors des combats et nous n'avons d'ailleurs pas constaté énormément de chutes, sauf dans l'une des dernières zones et cela n'a été que temporaire.
Une Titanomachie dantesque mêlant graphismes, bande-son et gameplay.
Mais là où le rendu visuel est le mieux utilisé pour nous faire rêver, c'est au cours des affrontements entre Primordiaux ou à cette échelle, une véritable Titanomachie dantesque qui se renouvèle à chaque fois, privilégiant la qualité à la quantité de ce type de rencontres. Les graphismes, la bande-son et le gameplay ne font alors plus qu'un pour totalement nous happer. Même le plus simple des matraquages de Carré sur la forme lors de duels intenses est une réussite lorsque nous sommes totalement investis envers Clive et ses compagnons. Notons la présence de séquences de « tir » dont une poussant l'action épique à son paroxysme et tellement plus encore. Aperçue dans les trailers, la confrontation avec Titan nous a mis une sacrée claque, le terme gigantisme prenant alors un sens bien différent. La démesure se retrouve jusque dans les noms des attaques affichées à l'écran, certaines crevant le plafond de tout ce qui a été fait jusqu'à présent. À plusieurs reprises, nous étions tout simplement béat devant notre écran, profitant pleinement de l'instant présent. Peu de jeux peuvent se targuer de réussir ça !
L'hégémonie des cristaux n'est plus qu'un mythe
La DualSense de la PS5 est également mise à contribution de bien des manières, à commencer par les gâchettes adaptatives avec R2 qui se durcit lorsque nous devons ouvrir une porte bien lourde, un ajout qui n'est là que pour l'immersion sans affecter plus que ça le gameplay. Les retours haptiques sont eux bien plus marquants et utilisés de bien des manières. Nous ressentons par exemple les vibrations lorsqu'un mécanisme est utilisé, les battements de cœur d'un personnage et d'autres détails de l'environnement. C'est assez plaisant. Un mode Photo assez rudimentaire est sinon accessible depuis le menu si vous souhaitez immortaliser certaines scènes. Quant aux temps de chargement, ils sont assez rapides, un déplacement rapide prenant à peine 3s. En revanche, certaines transitions de cinématiques auraient mérité d'être plus brèves, sans écran noir.
FFXVI nous fait vibrer comme rarement un Final Fantasy a su y parvenir !
Enfin, parlons donc de la durée de vie. Les développeurs nous annonçaient 35 heures pour le scénario et pas moins de 70 heures en s'occupant du contenu annexe. Eh bien, de notre côté, en effectuant la majeure partie des quêtes secondaires et en allant revisiter les villages pour y découvrir les changements de dialogue, nous avons fini par voir le générique de fin défiler après environ 85 heures. Selon votre temps de jeu disponible et votre envie de creuser le lore, vous aurez donc une expérience pouvant longuement s'étirer, sans parler du fait que l'envie d'y retourner peut vite faire grimper le compteur.
Final Fantasy XVI réussit pleinement le virage vers l'Action-RPG avec un gameplay aux petits oignons qui reste plaisant sur la durée. Nous ne pouvons que remercier la CBU3 pour cette incroyable Épopée fidèle aux origines de la licence, tout en se réinventant, qui a tout d'un futur jeu indispensable. Malgré un certain classicisme et quelques longueurs, elle parvient à se transcender pour nous faire vibrer comme rarement un Final Fantasy a su y parvenir. L'équipe maîtrise clairement son sujet et utilise habilement les éléments iconiques connus des fans pour mener sa barque. Même si une scène post-crédits apporte un point final à l'expérience, notre unique vœu à Méthia en cet instant est qu'à l'instar d'autres épisodes numérotés, ce monde et ses personnages auront la chance de revenir briller sur nos écrans.
Final Fantasy XVI est vendu à partir de 71,99 € sur Amazon et dès 68,99 € à la Fnac.
- Une histoire simple, mais prenante, réussissant à nous impliquer émotionnellement
- Une bande-son magistrale participant grandement au spectacle
- Les affrontements titanesques, quintessence de cette fantaisie finale
- De très nombreux personnages attachants, bien écrits et au character design soigné, à commencer par Clive
- La variété des « niveaux » et leur rejouabilité pour revivre les temps forts de l'Épopée
- Un gameplay d'action particulièrement efficace et accessible
- Une durée de vie très bonne pour qui veut tout faire
- Un doublage français d'excellente facture, réalisé par des professionnels du métier
- Quelques longueurs dans la narration
- Un léger manque de diversité dans les biomes des zones d'exploration
- La linéarité des donjons
- La synchronisation labiale en japonais et les trop grandes différences de texte entre chaque langue