TEST de Ghost Recon Breakpoint : un point de rupture vite atteint
Ghost Recon Breakpoint : La nouvelle aventure de Nomad en terres ennemies ne nous a pas convaincus, malheureusement...
Adieu la Bolivie, bonjour Auroa
En 2017, Ubisoft redonnait un second souffle à sa série Ghost Recon, avec un épisode dénommé Wildlands nous emmenant en Bolivie pour affronter le Cartel local. Un jeu en demie-teinte, avec de bonnes idées, mais une finition qui laissait à désirer. Revoilà la fine équipe de Nomad dans Ghost Recon Breakpoint, un jeu qui loupe complètement le coche.
Nous sommes bien loin de la Bolivie avec ses quartiers vivants.
Le nouveau jeu d'Ubisoft nous transporte cette fois sur l'archipel d'Auroa, où le visionnaire Jace Skell développe à l'écart du monde des drones censés aider les populations du globe entier. Mais un paquebot se fait attaquer au large, Nomad et ses Ghosts sont envoyés sur place pour enquêter. Après une violente attaque, la plupart des collègues de Nomad sont portés disparus et ce dernier découvre avec stupeur la présence sur Auroa de Cole D. Walker, un ancien Ghost qui dirige désormais les Wolves et qui a pris le contrôle de l'archipel, ainsi que des drones de Skell Industries. Voilà donc Nomad bloqué sur le front ennemi, sans soutien extérieur et devant survivre comme il peut.
Ubisoft a voulu ici proposer un vrai scénario pour Ghost Recon Breakpoint, et il faut avouer que le pitch du jeu, très ancré dans notre réalité, laissait présager du très bon, avec notamment la présence de l'acteur Jon Bernthal, qui campe ici un Walker aussi terrifiant qu'humain, malgré un doublage français un peu raté. Au travers de cinématiques, le joueur découvre les liens qui unissent Nomad et Cole, mais le scénario en lui-même n'arrive jamais à réellement décoller, ne proposant que des séquences sympathiques, mais jamais marquantes. Il faut dire que le manque de caractérisation des autres personnages n'aide pas à s'immerger dans cette aventure, d'autant que le doublage est très inégal (et buggué, avec la présence de didascalies dans les sons, mais nous y reviendrons). Graphiquement, c'est correct, la motion capture avec Jon Bernthal a fait un grand bien au personnage, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Outre les bugs d'affichage, l'environnement est assez joli, il n'y a pas grand-chose à redire, même si rien ne décroche la rétine.
Tant mieux, il faut l'avouer, car la conduite en véhicules terrestres est encore une fois ratée, avec des contrôles rigides, notamment concernant les deux roues. À pied, ce n'est même pas la peine d'essayer, les distances sont énormes, mais surtout, le joueur se retrouve vite devant une falaise impossible à traverser, sans compter sur le nouveau système de déplacement, plus réaliste selon les développeurs, mais vraiment pas plaisant à expérimenter. Pour faire simple, Nomad s'adapte au dénivelé du terrain, il peut donc gravir certaines surfaces un peu pentues, mais c'est très aléatoire. Une pente visiblement trop ardue se franchit, mais pas une autre plus douce. De même pour la descente, le personnage peut glisser sur les fesses, ce qui consomme de l'endurance, et de la vie si la stamina est épuisée. Assez amusant au premier abord (c'est quand même assez réaliste), cette fonctionnalité casse vite les pieds tant Nomad glisse comme un savon sur n'importe quelle surface un peu penchée, il en est de même pour le système de couverture adaptative, très perfectible... D'où la quasi-obligation d'utiliser un hélicoptère pour les déplacements.
Un gameplay faussement réaliste
Dans son gameplay pur, Ghost Recon Breakpoint ne change pas la recette, ce qui est quand même un peu dommage, même s'il y a une nouveauté (tirée d'autres jeux d'Ubisoft), l'exploration.
C'est extrêmement répétitif, les missions se ressemblent toutes.
Toujours pour éviter de mettre en avant l'intelligence artificielle des Ghosts accompagnant Nomad en solo, celui-ci se retrouve complètement seul pendant toute l'aventure. Un choix extrêmement étrange, le travail d'équipe est l'essence même de la franchise, mais il faut ici se passer de tirs synchronisés avec l'IA, seuls des drones consommables sont là pour éliminer plusieurs cibles en même temps. La nécessité de profiter de Ghost Recon Breakpoint est indéniable, Ubisoft ne s'en cache pas et propose d'ailleurs une nouveauté, la spécialisation parmi quatre classes différentes. Rien de bien novateur, nous retrouvons le Médecin, l'Assaut, la Panthère et le Sniper, chacun ayant des atouts et accessoires propres, renforçant l'esprit d'équipe pour jouer en coopération.
Et il y a une autre nouveauté dans Ghost Recon Breakpoint, s'inspirant notamment de The Division (et donc de Destiny), le loot à niveau. Contrairement à Wildlands, les armes trouvées sur Auroa ont un niveau, qui grimpe jusqu'à 150 et qui donne un niveau global au joueur. Jusqu'à la toute dernière partie du jeu, nous n'avions pas réellement saisi le principe, car après tout, les ennemis peuvent être éliminés d'un tir dans la tête, et à moins de se frotter de près à des drones armés, il fallait y aller pour trouver la mort de manière justifiée (les chutes en hélicoptère ne comptent pas). Mais la fin de l'aventure demande d'être au niveau 150, pour cause, les ennemis sont ici de gros sacs à PV et réduisent la barre de vie des joueurs (de niveau 60 environ) en quelques tirs seulement. Oui, il nous a fallu effectuer de nombreuses missions secondaires, ce qui n'est jamais agréable, pour gagner de l'expérience, trouver de l'équipement plus « puissant », atteindre le niveau 100 et débloquer la quasi-totalité des compétences pour enfin pouvoir réussir à nettoyer cette ultime zone du jeu. Une fausse bonne idée, l'idéal étant de laisser le joueur libre de sa propre progression, même si le fait de bloquer le raid aux Ghosts de niveau 150 peut être justifié, car après tout, c'est le but du end game : avoir du contenu même après la fin de la campagne.
Une pelletée de bugs
Alors à moins d'être pressé, les joueurs sont quand même grandement invités à s'adonner à quelques activités secondaires entre deux quêtes principales, et il y a de quoi faire.
Ghost Recon Wildlands était bourré de bugs à son lancement, et Breakpoint arrive à faire de même, voire pire !
Mais passons au mode Ghost War, qui vaut quand même le détour, même s'il n'a clairement rien d'original. Il s'agit là d'un mode PvP où deux équipes de quatre joueurs s'affrontent dans des matchs en Élimination ou Sabotage. Du MME classique ou du plantage/désamorçage de bombe à la Counter-Strike, cela ne révolutionne pas le genre en ligne, mais le gameplay de Ghost Recon Breakpoint est bien présent, chaque partie demande donc un peu de finesse et beaucoup de coopération. Les cartes sont peu nombreuses, mais variées (un port, une zone industrielle sous la neige, une zone résidentielle en forêt), bénéficient d'un rendu de jour ou de nuit suivant les parties, et leur taille est suffisamment grande pour permettre des affrontements variés, rapprochés ou éloignés. Pas question ici de foncer dans le tas, une rafale bien placée peut mettre un Ghost à terre, il faut, comme en solo, essayer de repérer la zone (le drone est un objet à trouver, et la vision thermique est désactivée) et œuvrer en équipe pour abattre les adversaires et mener à bien l'objectif de mission. Si le jeu propose une progression partagée entre les modes de jeu, le joueur retrouvant son Ghost et tout son équipement, celui-ci est normalisé pour être au même niveau que tous les autres joueurs, nous n'avons heureusement pas vu de différences entre les joueurs et les équipes lors de nos parties. Vraiment, l'intérêt du loot à niveau laisse à désirer...
Parce que oui, Ghost Recon Wildlands était bourré de bugs à son lancement (et toujours un peu aujourd'hui), et Breakpoint arrive à faire de même, voire pire ! Nous avons testé le jeu sur un PC (la configuration est disponible plus bas), et fait face à quelques ralentissements lors des voyages en hélicoptères, de gros freezes et même des crashs. Ça, et d'autres soucis un peu plus gênants comme des ennemis qui apparaissent sans prévenir sur la carte (souvent après être arrivé sur zone rapidement, en hélicoptère), des tirs qui partent partout sauf là où il faut, une physique des voitures complètement folles, une IA des ennemis ou des PNJ à escorter qui fait n'importe quoi, et même une voix robotique qui crie « respire » entre deux phrases par moment... Si le but était d'alimenter les best of sur YouTube, c'est réussi. Pour le plaisir de jeu, il faudra repasser.
Vous l'aurez compris, Ghost Recon Breakpoint nous a déçus. La volonté de pousser le réalisme résulte d'un gameplay souvent frustrant, et le loot à niveau à la The Division ou Destiny ne va pas du tout dans ce sens. Le nouveau titre d'Ubisoft est particulièrement crispant en solo, et en coopération, ce n'est guère mieux. Pourtant, il y a de bonnes choses, comme un aspect militaire crédible, dans les mouvements ou les armes et équipements, ainsi qu'un mode Ghost War très prenant, quoiqu'un peu limité pour l'instant. En multijoueur, si vous arrivez à outrepasser les nombreux bugs, l'expérience peut s'avérer assez plaisante, mais un titre comme Ghost Recon Breakpoint avec de telles ambitions aurait mérité bien mieux comme traitement.
Note : test réalisé sur un PC Gamer Cybertek Level 9 équipé d'une RTX 2080 Ti, d'un i9-9900K et de 32 Go de RAM.
- Jon Bernthal est très classe en VO...
- Auroa, un archipel grand et varié...
- Un tas de contenu
- Le réalisme des armes et de l'équipement
- Le mode Ghost War vraiment fun
- ... mais beaucoup moins en VF
- ... mais très vide
- Un tas de bugs
- Un gameplay très redondant
- La physique des véhicules terrestres
- L'histoire pas bien passionnante