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La Banque centrale du Japon a commandé une étude sur le poids de l’industrie du sexe.

Il n’est pas sûr que ce soit une histoire purement japonaise. On a connu l’Empire du Soleil levant, maître des exportations, inondant le monde de ses produits finis ou de ses biens d’équipement. C’était à l’époque où ses coûts de production et son organisation quasi martiale du travail reléguaient ses concurrents loin derrière, l’époque où le monde lui enviait son plein-emploi.  

Ces temps sont révolus. Le Japon souffre depuis plusieurs années maintenant. Et son mal ne s’est évidemment pas amélioré avec l’actuelle crise économique. Le pays a connu ces derniers mois un véritable effondrement de ses exportations. En juin encore, la chute était de 35,7%. Et il fallut une baisse plus forte encore des importations pour que le pays affiche tout de même un excédent commercial d’environ 6 milliards de francs suisses.

Il semblerait que le pays se désindustrialise et migre, comme d’autres, vers une société de services. Ce qui exige de revoir un peu la comptabilité nationale et la pondération des différentes activités. C’est dans ce contexte que la Banque centrale japonaise a commandé un rapport sur l’industrie du sexe qui pourrait participer à relever le profil économique du pays.

Les chiffres sont impressionnants. Le nombre de maisons de passe a littéralement explosé à Susukino, le quartier chaud de Sapporo, avec un quadruplement de ces établissements en seulement vingt ans. Et si cette ville occupe une bonne partie du rapport, c’est qu’elle est la capitale de l’île la plus septentrionale de l’archipel où les statistiques sur le chômage ont toujours été plus inquiétantes que dans le reste du pays. Entre 2001 et 2007, le taux de sans-emploi y a atteint la moyenne de 5,5%.

Mais Susukino fait mieux que résister. Alors que le nombre de restaurants y a reculé de 14%, celui des salons de massage et autres sex-shops est passé de 63 à 264 depuis 1989. Interrogé sur ce phénomène, Tadao Yonezawa, de l’Office du tourisme de Susukino, n’a pu livrer qu’un commentaire laconique: «C’est qu’il doit y avoir de plus en plus de monde à vouloir ce genre de services. Là où il existe une demande, l’offre s’adapte.»

Une vitalité à assurer
Si les services occupent aujourd’hui quelque 60% de l’économie japonaise, celle-ci continue d’être plus volontiers évaluée en fonction de ses exportations, de ses humeurs, de ses hauts et de ses bas. A ce compte, son économie s’est rétrécie à son niveau de 2003 du fait de la crise actuelle. D’où la nécessité de passer l’économie japonaise au scanner pour comprendre les nouvelles orientations qu’elle prend. Et si Susukino fut l’échantillon choisi pour estimer l’importance de l’industrie du sexe au Japon, il n’est pas le seul quartier connu pour cette spécialité. Il faut y ajouter Kabuchiko, à Tokyo, ainsi que Nakasu, dans le sud de Fukuoka.

Quoi qu’il en soit, sur la base de ce rapport, la Banque centrale du Japon a engagé les planificateurs de district de prendre les mesures qui permettraient à ces quartiers d’assurer, voire de développer leur… vitalité.