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TEST Skull and Bones : impossible d'éviter l'iceberg

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Skull and Bones : Ubisoft a enfin lancé son jeu multijoueur avec des pirates. 11 ans de développement, ça ne suffit visiblement pas pour un AAAA.

Pavillon noir, bon Dieu d'histoire

Skull and Bones est presque devenu une arlésienne dans le milieu du jeu vidéo. Annoncé en grandes pompes à l’E3 2017 avec une impressionnante bande-annonce en images de synthèse, le titre avait surtout brillé l’année suivante avec du gameplay promettant des mécaniques très intéressantes. Mais la suite, vous la connaissez, le jeu a été repoussé de multiples fois, laissant craindre le pire pour le titre développé par Ubisoft Singapour. Skull and Bones est enfin sorti en février 2024, près de sept ans après son annonce… est-ce le naufrage attendu ? Réponse dans ce test.

Le gameplay de Skull and Bones tourne très vite en rond.

Skull and Bones 04 07 07 2022Skull and Bones soigne son introduction en nous plongeant tout de suite dans le grand bain, aux commandes d’un impressionnant navire pirate bien équipé. Des canons à l’avant, à l’arrière et sur les côtés, de grandes voiles, c’est ce qui attend le joueur dans le jeu après quelques heures. Oui, entre-temps, nous devons créer notre personnage, retourner sur une barque, se tailler une réputation de pirate pour obtenir suffisamment d’or pour construire un vrai navire, puis l’équiper comme il se doit pour partir en hautes mers. L’introduction reste quand même très amusante, montrant d’emblée les combats en mer, avec un gameplay ultra arcade. Le navire n’a que trois niveaux de vitesse, en fonction des voiles baissées, il suffit de se rapprocher de son ennemi, de viser puis de tirer avec l’arme équipée. Si un navire adversaire est devant, il faut donc tirer avec les canons avant, mais s’il est à tribord, ce sont les armes équipées à droite qui seront utilisées, vous comprenez l’idée.

Un gameplay simple, qui gagne quand même un peu en profondeur avec la possibilité d’équiper des armes différentes selon la zone du navire. Bien évidemment, les canons sont les plus efficaces sur les bords, mais il en existe différents types pour maximiser les dégâts à la coque ou aux voiles par exemple. Idem pour les autres armes, avec des torpilles, des mortiers, des bombardes, des mortiers, etc… Chaque arme a son avantage, au joueur d’équiper celles qui correspondent le mieux à son style et de foncer dans la bataille en adéquation avec son arsenal, d’autant que les navires changent eux aussi, certains sont taillés pour la guerre avec un fort potentiel de DPS, tandis que d’autres sont mieux pour naviguer vite en toute sécurité avec une grosse protection. Il est même possible d’installer de l’équipement dans son navire pour améliorer certains points, comme la résistance aux explosions ou à l’immersion par exemple. Malgré tout cela, eh bien… le gameplay de Skull and Bones tourne très vite en rond, le joueur se contente de naviguer, de se rapprocher d’un navire ennemi, de l’affronter et de poursuivre son chemin. C’est beaucoup trop arcade pour tenir sur la longueur, la gestion du vent est quasiment inutile, l’infiltration promise en 2018 a disparu, les contrôles sont simplifiées au point que le navire se déplace de manière irréaliste (au moins, il répond au doigt à et l’oeil) et l’abordage, qui a fait couler pas mal d’encre avant même son annonce, est aux abonnées absent, déclenchant juste une mini cinématique pour obtenir davantage de butin. Bon, comme Skull and Bones est un jeu en ligne, quitter son bâteau pour aborder l’ennemi aurait été compliqué, mais quand même… c’est décevant. Nous sommes 11 ans après Assassin’s Creed IV: Black Flag, qui proposait un gameplay en mer plus profond, et ce n’était même pas le cœur du jeu.

Pirates des Indes

Skull and Bones nous emmène au XVIIIe siècle, dans l’océan indien, entre l’Afrique de l’Est et l’Inde. Après la mode faisant suite au succès des films Pirates des Caraïbes, ça fait quand même du bien d’avoir un contexte historique un peu moins vu et revu, nous avons ici l’occasion d’affronter des clans locaux mais surtout les empires français et hollandais.

Ça manque de sensations fortes.

Skull and Bones 07 19 06 2018Cependant, malgré le contexte très inspiré de la réalité, tout le reste n’est que fiction, avec un scénario tournant autour de notre personnage, voulant devenir un Kingpin, un puissant forban, en aidant d’autres pirates locaux. Une histoire oubliable (et déjà oubliée pour notre part) avec des missions bâteaux nous demandant d’aller à un point A, d’effectuer une action (souvent couler un ennemi ou piller un fort) puis de revenir faire son rapport. Si les combats sont répétitifs, la navigation l’est encore plus, le joueur passe beaucoup de temps en mer à ne rien faire, si ce n’est gérer l’endurance des matelots, qui ne peuvent pas tenir une voile plus de quelques dizaines de secondes sans être fatigués, une gestion du boost très frustrante tant le navire se traîne parfois. Frustrant, car c’est quand même le cœur du jeu, mais ça manque de sensations fortes, si ce n’est en pleine tempête face à d’énormes vagues. Heureusement, après quelques heures de jeu, nous débloquons des avant-postes pour se déplacer plus rapidement, moyennant quelques pièces d’or (à condition d’être déjà à quai, une mécanique idiote…) et même mettre pied à terre.

Parce que oui, Skull and Bones n’est pas qu’un jeu de bâteau avec un gameplay arcade répétitif, c’est aussi un jeu avec un pirate sur des îles… avec un gameplay arcade raté. En mer, nous comprenons la volonté de proposer quelque chose de simple et facile d’accès pour un maximum de joueurs, quitte à rendre l’expérience totalement irréaliste, mais à terre… Nous sommes en 2024, avoir un personnage qui avance comme un char avec une inertie horrible et qui tourne mal, c’est quand même quelque-chose, à tel point que nous nous réjouissons qu’il soit impossible de nager. De toute façon, il n’y a pas grand-chose à faire à terre, les îles sont petites, abritent des PNJ donnant des missions secondaires, des écrits pour étoffer le lore et des trésors. Nous avons jusqu’ici évité toute comparaison avec Sea of Thieves, les deux jeux étant très différents sur bien des aspects, mais là, impossible d’y louper tant la chasse au trésor de Skull and Bones est oubliable. Nous trouvons parfois des cartes sur les navires ennemis coulés, montrant un lieu accompagné d’un texte, il suffit de connecter deux neurones (et de connaître ses points cardinaux) pour trouver l’île concernée - forcément un lieu sur lequel il est possible de mettre pied à terre, ce qui limite le choix - puis de marcher un peu au hasard avant de tomber sur un gros faisceau doré qui s'illuminent lorsque le personnage passe à côté pour creuser (c’est-à-dire appuyer sur une touche et attendre la fin de l’animation). C’est tellement oubliable et inutile (l’or coule à flot si vous jouez agressivement en mer) que nous avons carrément jeté des cartes au trésor par-dessus bord après quelques heures de jeu pour gagner de la place dans l’inventaire du navire.

Du rhum, de l'opium, c'est ça qui rend heureux

En mer, il y a quand même d’autres choses à faire que de couler ce pauvre sloop commercial qui n’avait rien demandé, à commencer par l’assaut de forts ou de lieux commerciaux. Des séquences qui rapportent gros, il suffit de bombarder les défenses du lieu et de survivre aux renforts pour repartir avec un joli magot, mais là encore, c’est répétitif.

Un petit pic d’adrénaline appréciable qui se fait rare dans Skull and Bones.

Skull and Bones 04 25 08 2022D’autres choses sont proposées, comme des navires échoués à piller ou des ressources à collecter avec un QTE demandant d’appuyer au bon moment sur la touche (horripilant quand le serveur décide de ramer à chaque lancement de QTE), ce n’est pas bien passionnant mais c’est nécessaire pour pouvoir construire le navire et l’arsenal de ses rêves et se lancer dans des missions plus ardues. Reste sinon la possibilité d’acheter des ressources aux commerçants d’avant-poste, mais les stocks sont limités et coûtent souvent cher. Après tout, nous incarnons un pirate, pourquoi commercer ?

En plus de tout cela, nous avons des missions liées au marché noir, qui nous demandent essentiellement de faire de la contrebande, c’est plutôt intéressant. Dans les avant-postes majeurs, nous pouvons fabriquer de l’opium ou du rhum, avec la possibilité d’aller le livrer pour gagner un paquet d’or et de la monnaie exclusive au marché noir, mais impossible de se téléporter pour effectuer la mission. Le trajet est souvent long, mais surtout stressant avec l’assaut de corsaires, un petit pic d’adrénaline appréciable qui se fait rare dans Skull and Bones. C’est toujours plus passionnant que les missions secondaires nous laissant voyager rapidement au plus proche de l’objectif, l’accomplir puis faire de même dans le sens inverse pour empocher la récompense, l’enjeu n’est clairement pas le même. La contrebande est également liée à l’empire du pirate, qui peut gérer ses lieux de production capturés pour générés de la monnaie pour le marché noir et asseoir sa réputation de Kingpin, c’est long, mais assez gratifiant et ces pièces spéciales permettent surtout d’obtenir des plans très intéressants, nécessaires pour améliorer au mieux son navire.

Trente Onze ans déjà

Une belle carotte pour tenir les joueurs les plus motivés en haleine, bien plus que les simples cosmétiques à débloquer ici et là, même s’il faut reconnaître que Skull and Bones est généreux en termes de personnalisation. La voile, la coque, l’armature, la barre, la figure de proue, l’animal de compagnie, l’apparence des matelots, la vigie, tout est modifiable sur le bâteau.

Le jeu n’est techniquement pas à la hauteur.

Skull and Bones 05 25 08 2022Chaque navire est ainsi unique, idéal pour se distinguer des autres joueurs… si vous en croisez. Eh oui, Skull and Bones est présenté comme un jeu multijoueur, mais plus les jours passent, plus les mers semblent se vider, il est rare de croiser un autre joueur voulant bien s’allier avec nous pour attaquer un puissant fort ou un navire ennemi trop armé. Avouons que nous sommes mal placés pour critiquer, ne répondant quasiment jamais à l’appel des autres joueurs. Oui, après avoir navigué 10 minutes pour atteindre un objectif, nous n’allons pas faire un détour de 5 minutes pour filer un coup de main, désolé… Un problème qui n’existerait sans doute pas avec davantage de monde sur les serveurs. Tout cela fait bien peur pour la pérennité de Skull and Bones : quêtes principales oubliables, gameplay répétitif, contenu end-game pas assez passionnant, c’est inquiétant.

Enfin, parlons de la partie technique, histoire de se fâcher encore un peu plus avec le jeu. Oui, le titre est en développement depuis plus de 10 ans, il a connu de nombreux reports et il a plusieurs années de retard. Skull and Bones est esthétiquement sympathique, les environnements des îles sont variés, les avant-postes principaux sont agréables à l’œil tant ils sont détaillés, mais graphiquement, c’est juste beau… pour de la PS4/Xbox One. Testé sur un PC Cybertek Level 9, en 2024, le jeu n’est techniquement pas à la hauteur, les animations et les visages sont rigides, les PNJ semblent parfois sans vie et il y a des bugs, surtout du côté des serveurs. Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, justifiait peu avant la sortie le prix de 80 € de Skull and Bones en l’affublant de jeu « quadruple A », soit plus ambitieux que les jeux ambitieux du moment. La blague. Graphiquement en retard, le titre ne brille pas non plus par ses doublages français qui manquent de panache, ni par ses musiques, oubliables et loin des compositions des Assassin’s Creed notamment.

Skull and Bones

Skull and Bones n’est pas un naufrage total, il y a de bonnes choses à sauver, comme le gameplay en mer assez amusant au début, le navire personnalisable de la proue à poupe ou encore son contenu mine de rien conséquent… mais il n’arrive pas à passionner plus que ça. C’est vite répétitif, le gameplay manque de profondeur en mer (et de tout à terre), l’histoire est anecdotique, la navigation manque de sensations fortes et il y a un tas de choses crispantes qui rappellent que le jeu manque de finition, ou n’est pas à la hauteur de ses ambitions. C’est particulièrement triste, car après toutes ces années d’attente, nous étions en droit d’espérer un jeu riche et palpitant, un vrai AAAA qui nous passionnera pendant des années. Mais non. Heureusement, Assassin’s Creed IV: Black Flag nous a remonté le moral.

Vous pouvez retrouver Skull and Bones à partir de 63,99 € sur Amazon, Cdiscount et la Fnac (ou Assassin’s Creed IV: Black Flag à partir de 16,85 € sur Amazon, Cdiscount, la Fnac et Gamesplanet).

Testé sur PC.

Les plus
  • Les combats en mer amusants…
  • Beaucoup de choses à faire…
  • Des mécaniques intéressantes, comme la contrebande haletante
  • Un navire ultra personnalisable
Les moins
  • … mais vite répétitifs car trop arcades
  • … mais rarement intéressantes
  • Techniquement en retard
  • Le gameplay à terre d’une lourdeur horrible
  • Scénario oubliable, à vite expédier jusqu’au end-game
  • Naviguer pendant des plombes en mer, peu passionnant
  • Beaucoup de petites mécaniques ratées
  • Un jeu multijoueur avec toujours moins de joueurs… dur…
Notation
Graphisme
13
20
Bande son
13
20
Jouabilité
14
20
Durée de vie
12
20
Scénario
8
20
Verdict
12
20
redacteur vignetteClint008
Rédacteur - Testeur

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