CRITIQUE de Doctor Strange in the Multiverse of Madness : la magie du MCU à son paroxysme !
Marvel Studios a fait confiance à Sam Raimi pour ce 28e film de son univers super-héroïque, avec pour conséquence une œuvre qui sort du lot.
Depuis le lancement de sa Phase 4 l'an dernier, le Marvel Cinematic Universe est en pleine transition plutôt chaotique sans fil rouge narratif bien établi, si ce n'est son exploration récente des possibilités du Multivers. Cet objet narratif aux contours encore flous, mis en avant depuis la série Loki, est la porte ouverte aux idées les plus folles, de légères variations provoquant de grands changements dans What If...? au fan service le plus total faisant s'imbriquer plusieurs sagas cinématographiques dans Spider-Man: No Way Home. Le MCU se complexifie donc lentement en tendant toujours plus vers les comics, introduisant des concepts dans l'esprit du spectateur lambda et par la même occasion des personnages, en plus de définir un nouveau statu quo pour ce qu'il reste des Avengers. Par son titre même, nous avions donc de folles attentes envers Doctor Strange in the Multiverse of Madness, un film promettant d'emblée de nous faire découvrir différentes réalités et réalisé par nul autre que Sam Raimi (les trilogies Spider-Man avec Tobey Maguire et Evil Dead avec Bruce Campbell, entre autres), qui s'y connait donc bien en super-héros et en film d'horreur.
Une réelle bonne surprise en termes de réalisation et de développement de personnages.
En effet, si ce n'était pas assez clair au travers des vidéos promotionnelles, le réalisateur nous livre un long-métrage Marvel bien plus sombre qu'à l'accoutumée avec des touches horrifiques et parvient à conserver sa patte artistique malgré les contraintes posées par cet univers (très) étendu. À ce sujet, nous ne pouvons que vivement vous conseiller d'avoir regardé la série Disney+ WandaVision avant de vous rendre en salles au risque de passer à côté de la caractérisation de la Sorcière rouge d'Elizabeth Olsen, et bien sûr le Doctor Strange de 2016. Le reste nous apparaît facultatif, même si l'épisode de What If...? dédié au sorcier fait office de bon bonus, entre autres. Dans tous les cas, n'arrivez pas en retard, car ça démarre au quart de tour !
Le scénario de Michael Waldron se révèle au final bien plus classique que ne le laissaient envisager les bandes-annonces, qui occultaient d'ailleurs volontairement les véritables enjeux et en montraient un peu trop à notre goût. Quoi qu'il en soit, les tenants et aboutissants sont assez simplistes, mais néanmoins logiques en termes de cheminement. Nous pourrions ainsi résumer le tout comme étant une course poursuite sous tension à travers le Multivers. Clairement, un tel récit maîtrisé vaut bien mieux qu'une succession d'incohérences pour justifier du fan service, et les facilités scénaristiques inhérentes à ce type de projet s'acceptent dans l'ensemble. Nous avons pris du plaisir à voir cette succession d'évènements se dérouler sous nos yeux et les deux bonnes heures que dure le film ont défilé sans jamais lasser, alternant avec justesse entre action et scènes d'exposition, tout en proposant des transitions très stylisées. La fin nous a également bien surpris dans sa soudaineté, qui sur l'instant nous a fait croire à un acte supplémentaire, avant que le générique ne se lance et nous laisse pantois. Du pur Sam Raimi en somme, qui n'hésite pas à s'autoréférencer ou réutiliser à sa manière d'autres scènes cultes du 7e art.
Et quid du Multivers dans tout ça ? Son utilisation risque d'en décevoir certains qui s'attendaient peut-être à une déferlante de fan service, puisque les univers réellement visités se comptent sur les doigts d'une main, un peu dommage avec un tel titre, mais au moins le film ne s'éparpille pas trop. Les « caméos » sont donc en quantité limitée et servent dans l'ensemble une fonction bien particulière qui fera inévitablement débat. Cela n'enlève en rien au plaisir procuré lors du visionnage, avec un léger côté madeleine de Proust renforcé par un certain thème musical pour un personnage en particulier, et quelques références bien placées pour ceux qui suivent assidument le MCU. Le dépaysement est donc minime, mais quelques plans arrivent tout de même à en mettre plein la vue. Le Multivers fait au final plutôt office d'outil au service du développement de Stephen et Wanda, de miroir sur leurs actions.
Doctor Strange in the Multiverse of Madness est peut-être loin du grand chamboulement espéré et ne fait qu'ouvrir des portes pour l'avenir du MCU, mais il constitue une réelle bonne surprise en termes de réalisation et de développement de ses personnages. Pour terminer, tradition Marvel Studios oblige, nous avons droit à deux scènes post-génériques. La première sert d'introduction à une figure potentiellement importante, mais qu'à priori seuls les lecteurs de comics reconnaîtront, et atténue le « choc » de l'épilogue. La deuxième, située à la toute fin des crédits, est sans nul doute un petit kiff du réalisateur à côté duquel le grand public risque de rester de marbre, mais qui nous a bien fait rire. Puisque Doctor Strange est amené à revenir, espérons que Sam Raimi effectuera alors une nouvelle incursion dans le MCU.
Note : 4 étoiles sur 5
Le premier Doctor Strange et la série WandaVision sont disponibles sur Disney+, dont l'abonnement coûte 8,99 € par mois ou 89,90 € à l'année.