TEST de Borderlands 3 : le chaos n'a jamais été aussi ardent
Borderlands 3 : Nous avons achevé notre tour de la galaxie à bord du Sanctuary III et buté des milliers de formes de vie, posons donc les armes un moment pour en parler.
COVfefe en direct de Pandore
Cinq ans, c'est en gros la période qui sépare la sortie de The Pre-Sequel! de celle de Borderlands 3, mais c'est aussi la durée de l'ellipse temporelle ayant servi à redistribuer les cartes suite à la défaite du Beau Jack et la destruction de Sanctuary par l'action du vil Hector dans le récent DLC de Borderlands 2. Tout beau, tout neuf, ce nouvel épisode de la licence de looter shooter signée Gearbox Software était des plus attendus par toute une génération de joueurs aussi avides de chaos que les bandits sous les ordres des Jumeaux Calypso. Nous avons donc pris le bus de Marcus comme à la bonne époque pour commencer notre aventure cosmique à bien des égards.
Un scénario classique qui ne manque pas de surprises.
Cet épisode frappé d'un 3 s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, et ce dès le lancement d'une nouvelle partie, entre la présentation du contexte par Marcus, une cinématique introduisant de manière plutôt classe les quatre nouveaux Chasseurs de l'Arche et la traditionnelle phase de tutoriel avec le délirant Claptrap. Alors que Jack voulait pacifier Pandore à sa manière, les deux nouveaux antagonistes Troy et Tyreen ont eux fondé une secte, les Descendants de l'Arche (Children of the Vault) pour y réunir l'ensemble des malfrats et dégénérés de la planète sous une même bannière. Contrairement à l'emblématique dirigeant d'Hyperion pour lequel nous avions un minimum de sympathie, les jumeaux sont de véritables têtes à claques, foncièrement mauvais, mais surtout représentatifs de certaines dérives touchant notre société actuelle.
Notamment à travers ces influenceurs et streameurs de l'ECHOnet - « partagez, likez et obéissez » -, Borderlands 3 ne manque pas une occasion de critiquer à sa manière la culture du buzz, le culte de la personnalité sur la Toile où tout est bon pour augmenter le nombre de vues, et tant d'autres éléments comme les memes, mais toujours par le prisme de l'humour et de l'autodérision. Quant à savoir s'il s'agit d'une véritable dénonciation ou d'un simple outil narratif surfant sur une thématique en vogue, le joueur est laissé juge. Alors, oui, les Calypso sont effectivement moins charismatiques que Jack, mais forment un duo de Sirènes que nous avons aimé détester et qui se révèle redoutable pour parvenir à ses fins. Gearbox n'hésite pas non plus à se moquer de l'industrie vidéoludique et défoncer au fusil à pompe des portes ouvertes, comme au sujet des microtransactions, à s'autoréférencer au détour d'une phrase, voire même à faire allusion à la concurrence comme dans le cas du lootogram à faire décrypter, ou à troller les joueurs.
La galaxie comme nouvel Eden
Parlons-en justement de ces nouvelles destinations exotiques. Bien que Pandore ait pu par le passé proposer différents types d'environnements pour nous changer de ses terres arides, notamment avec des contrées glacées dans le 2, c'est avec un plaisir certain que nous avons accueilli ces décors inédits, dépassant par moment nos attentes, même si leur nombre est assez limité au final. Des zones urbaines en proie à la guerre de Prométhée aux marécages offrant une végétation luxuriante sur Eden-6, en passant par l'esthétique orientale d'Athénas et plus encore, c'est une véritable sensation de découverte qui s'empare de nous et pousse à l'exploration au fil de cette odyssée intergalactique, qui ne renie pas ses origines pour autant.
Une véritable sensation de découverte au fil de cette odyssée intergalactique.
Chaque monde est aussi une occasion supplémentaire pour se défouler sur un écosystème varié de créatures. Outre les incontournables Skags, Rakks et autres Hyménoptères, la faune sauvage accueille notamment les Ratchs, Jacassos et Sauriens. Croyez-en notre expérience, affronter un immense dinosaure cracheur de flammes est tout aussi jouissif que potentiellement cauchemardesque selon la situation. Les forces de Maliwan vont elles devenir vos meilleurs nouveaux ennemis, prenant le relai des omniprésents robots d'Hyperion avec des soldats, NOG et quelques mechas au design stylé, sans compter les membres des DDA qui accueillent les Fanatiques en plus des Sadiques et Nabots - pardon, les Tinks, fragilité 2019 oblige -, pour toujours plus de chaos.
Une (D)DA cosmique
Dans tous les cas, le doublage est irréprochable, avec une VF dans la continuité des précédents épisodes où nous ressentons l'implication des comédiens. Il est en revanche dommage de ne pas avoir le choix de basculer vers la piste sonore anglaise, surtout que certains éléments audios - des messages de propagande des Calypso - n'ont justement pas été traduits.
Des thèmes marquants pour chaque boss à grand renfort d'electro.
Les cinématiques, plus nombreuses que par le passé, ont subi un soin particulier pour dépeindre les moments clés de l'aventure, mais révèlent aussi une lacune de narration de par l'absence systématique des nouveaux Chasseurs de l'Arche au profit de Lilith et des membres importants des Pillards écarlates. Si une explication logique nous est donnée ou peut aisément se deviner les premières fois, ce n'est plus le cas par la suite, brisant la cohérence du récit. Évidemment, pour un jeu où il est possible de jouer en coopération jusqu'à quatre joueurs et où un certain degré de personnalisation est présent, pas facile d'intégrer toutes les variantes de façon cohérente, mais tout de même.
Déchaînez le feu de Prométhée
Pour permettre à Borderlands 3 de s'envoler vers d'autres cieux, Gearbox a opté pour un hub prenant la forme d'un vaisseau spatial, le Sanctuary III, dont le chiffre n'est mentionné qu'à de rares reprises. En plus de servir habilement le scénario, c'est dans ce lieu que chaque accès à une destination stellaire inédite se fait pour la première fois, avec une vue en orbite plutôt saisissante. À son bord, nous retrouvons tout le nécessaire à notre aventure, de la station Modif-Éclair au fameux coffre doré et aux machines à sous de Moxxi, en passant par nos quartiers. Oui, notre Chasseur de l'Arche dispose d'un espace personnalisable à l'aide de quelques accessoires et dans lequel nous retrouvons un coffre-fort commun à tous nos personnages pour y stocker notre précieux loot.
Les gunfights n'ont jamais été aussi jouissifs et dynamiques.
Quelques ajouts que nous qualifierons de « qualité de vie » ont fait leur apparition, à commencer par une interface un poil réarrangée où il est possible de changer de mission via les flèches directionnelles sans passer par le menu. Le système de déplacement rapide a lui été revu, permettant de se téléporter depuis la carte vers n'importe quelle Station Voyage-Éclair débloquée, un sacré confort, bien qu'il aurait été bon d'ajouter plus de points d'accès sur certaines cartes bien vastes. Heureusement, nous pouvons toujours compter sur les véhicules, dont la nouvelle moto Cyclone rejoignant le Baroudeur et celui dit « bricolé », à la maniabilité bien meilleure qu'auparavant. Ils sont tous personnalisables avec des éléments à débloquer : châssis, armement, blindage, roues et mod lié au boost de vitesse, tout y passe.
Et ça tombe bien, car la table du loot est immense, bien qu'il soit possible d'obtenir des armes identiques, avec des concepts totalement fous pour certaines armes qui se mettent à courir sur le terrain avec leurs petites pattes ou voler une fois le chargeur vide, puis attaquent les cibles alentour. À cela peuvent s'ajouter les effets des éléments : incendiaire, corrosif, électrique, glace et radiation, le petit nouveau qui remplace le slag pour notre plus grand plaisir. Et si ça ne suffit pas, un mode de tir alternatif est disponible pour certaines armes (automatique, semi-auto, rafale...) pouvant aussi faire varier l'élément. Des attributs uniques, voire ne se déclenchant qu'en fonction d'une compétence propre à un personnage, et tout un tas de statistiques viennent achever ce rapide tour des possibilités. Après tout, il faut bien ça pour venir à bout des ennemis et leur bouclier, certains disposant même d'une barre d'armure en plus.
Les 4 Chasseurs de l'Apocalypso
Là où Borderlands 3 frappe également fort, c'est du côté de la personnalisation de notre Chasseur de l'Arche, visuelle bien entendue, mais surtout en termes de build. Avant toute chose, il faut se montrer patient pour débloquer l'ensemble des différents emplacements de l'inventaire en fonction de l'avancée du scénario. En plus de pouvoir nous équiper de quatre armes, une grenade et un bouclier, les mods de classe font leur retour, ajoutant des points de compétences à nos capacités passives, divers effets voire même un attribut unique. À cela se greffe un Artefact octroyant une dose supplémentaire de bonus à nos statistiques.
De loin les meilleurs personnages jouables de la licence en termes de possibilités.
FL4K, l'ami des bêtes, peut invoquer l'un de ses trois familiers (Sans couvée l'hyménoptère, M. Mâche le Skagg et Pique-et-Croque le Jacassos) - que nous pouvons caresser - indépendamment de sa compétence d'action. Se rendre invisible pour tirer des coups critiques, invoquer une faille faisant grandir son compagnon ou envoyer une volée de Rakks, il prend dignement la relève de Mordecai et Zer0, même s'il faut attendre d'avoir assez de points à distribuer pour l'apprécier. Les fans de mechas et de gros guns peuvent eux se tourner vers Moze, dont l'Ours de fer peut être équipé de deux compétences d'action parmi un railgun, un minigun et un lance-grenades avec diverses améliorations à débloquer. Pour faire de gros dégâts, vous savez qui choisir. Enfin, Zane peut sacrifier sa grenade en échange d'une deuxième compétence d'action parmi un Digiclone avec qui il peut échanger sa place, un drone SNTNL et une barrière. Avec ses gadgets, il se révèle assez polyvalent. Nous avons donc de loin les meilleurs personnages jouables de la licence en termes de possibilités, et qui disposent d'un fort capital sympathie du fait qu'ils ont chacun de nombreuses lignes de dialogue, répondant aux PNJ dont les scripts sont eux identiques.
Borderlands: Endgame
Pour venir à bout de la quête principale, comptez facilement plus d'une trentaine d'heures, selon votre rythme d'exploration. En achevant conjointement les missions secondaires, défis d'équipages (recherche des Claptrap décédés, vols de véhicules pour Ellie, chasses légendaires d'Hammerlock, Cibles à saisir de Zer0, Radio Écarlate pour Moxxie et enregistrements de Typhon pour Tannis), déchiffrages des Écrits éridiens - le lore lié est très intéressant - et recherche des coffres rouges vous pouvez facilement doubler la mise. Et ça, c'est sans compter sur le contenu « end game » !
L'end game assez léger en termes d'activités, malgré la tonne de loot.
De plus, le niveau 50, limite actuelle pouvant être atteinte, ne signifie pas la fin de notre soif d'XP. Dès l'aventure achevée une première fois, le dernier onglet du menu se débloque enfin, permettant d'accroître notre niveau de Gardien partagé entre tous nos personnages. Similaire au rang de Brutasse de Borderlands 2 et The Pre-Sequel! dans la répartition de statistiques bonus à l'aide de jetons (un par niveau), la nouveauté vient du fait que trois arbres de compétences supplémentaires viennent s'y greffer (Tueur à gages, Survivant et Chasseur), pour un total de 12 compétences passives additionnelles bien utiles et quelques skins pour nos armes et personnages.
L'ultime Chasse aux Arches ?
Terminons sur une touche négative en parlant de l'aspect technique, qui s'il est loin d'être une catastrophe, aurait sans doute bénéficié de quelques mois d'optimisation supplémentaires. Ayant joué en mode Performance sur PS4 Pro, nous avons eu droit à des chutes de framerate, des temps de chargement longuets dans l'inventaire et les menus et quelques bugs désagréables. Entre un hors map avec notre Chasseur traversant le sol et mourant, les objectifs de missions secondaires buggués nous obligeant à quitter la zone, le personnage totalement bloqué et sans pouvoir ouvrir la carte après une cinématique, ou les ennemis n'apparaissant pas durant un Cercle du Massacre, notre expérience aurait pu mieux s'en porter. Cela ne nous a pas empêchés de profiter à fond, mais il est normal de le signaler.
Nous avons ainsi passé plus de 85h de jeu rien qu'avec Amara, et l'envie de retourner dans cette galaxie lointaine à ses commandes ou celles de ses petits camarades est toujours présente. Pour résumer Borderlands 3, nous avons là un épisode plus riche en tous points bien que ne révolutionnant pas une formule fonctionnant déjà à merveille. Est-ce un mal ? Clairement pas selon nous. Son scénario, certes manichéen, propose des antagonistes sortant difficilement de l'ombre de Jack et un humour au ras des pâquerettes, mais offre à côté de ça une véritable odyssée intergalactique maîtrisée, que ce soit par la richesse de ses environnements ou de sa bande-son.
Son gameplay finement ficelé délivre des gunfights explosifs et des boss mémorables, et la personnalisation poussée de nos compétences ouvre de multiples perspectives pour varier les plaisirs. Avec son orientation légère vers le jeu service, il occupera tous les amateurs de looter shooter pendant bien des heures, Gearbox s'étant laissé un immense champ libre pour rajouter du contenu.
- Un scénario plaisant à suivre...
- Un contenu annexe conséquent...
- Une VF irréprochable
- Une direction artistique sans fausse note
- Une bande-son remarquable en toute situation
- Les gunfights intenses offrant de bonnes sensations
- Le loot délirant et en quantité monstre
- La coopération locale et en ligne
- Quatre nouveaux Chasseurs de l'Arche convaincants
- ... mais dont l'écriture et les antagonistes peinent un peu à convaincre
- ... mais un end game léger côté activités
- Pas mal de soucis techniques (framerate, temps de chargement, bugs) au lancement
- Pas de grosse prise de risque au final