TEST Overwatch 2 : de l'or transformé en dollars
Overwatch 2 : Blizzard livre enfin de la nouveauté pour Overwatch, avec un gameplay plus nerveux et un modèle économique désastreux.
Le retour des Héros
Mai 2016, Blizzard lançait Overwatch, une petite révolution dans le milieu du jeu vidéo. Le studio jusqu'ici connu pour ses jeux de stratégie sortait un FPS né du Projet Titan annulé, opposant des Héros aux capacités uniques et demandant une forte coopération pour gagner les matchs, orientés vers la prise d'objectif ou l'escorte de convoi. Un titre original avec un lore riche, le studio a fait perdurer la hype pendant quelques années avec des courts-métrages animés, de nouveaux Héros et des évènements réguliers... avant de tout arrêter pour se concentrer sur le développement d'Overwatch 2.
Novembre 2019, Blizzard dévoilait Overwatch 2. Le directeur du jeu, Jeff Kaplan (aujourd'hui remplacé par Aaron Keller) rassurait les fans du premier volet, il ne serait pas abandonné, il serait possible de jouer au multijoueur compétitif (PvP) tous ensembles, tandis que le contenu coopératif (PvE) serait réservé aux acheteurs de cette suite.
4 octobre 2022, Blizzard a lancé Overwatch 2 en free-to-play et en accès anticipé. Seul le mode PvP est disponible, tuant au passage Overwatch 1, au grand dam des fans. Pour cause, le modèle économique a bien changé, de même que le gameplay, avec des compositions en 5 contre 5. Après plus de 1 400 heures sur le premier volet, nous avons évidemment déjà passé un long moment sur cette suite, qui n'a rien de convaincant, oubliant tout ce qui faisait le charme d'Overwatch 1... Voici notre test. Soulignons que le lancement catastrophique du jeu n'intervient en aucun cas dans la note, les choses rentrant petit à petit dans l'ordre.
Visuellement parlant, il n'y a pas grand-chose de neuf dans Overwatch 2.
D'ailleurs, un écran avec des statistiques est accessible en pleine partie, avec des données comme le ratio KDA (Kill, Deaths, Assists), pas bien clair pour les attaques Ultimes des coéquipiers et qui manque clairement de charme et de singularité, avec un côté froid et aseptisé, à l'instar de tous les menus du jeu : carrés, lisses, clairs et froids, avec des onglets dans tous les sens, il faut un moment pour s'y retrouver et l'ensemble n'a rien de chaleureux. Au premier coup d'œil, visuellement parlant, il n'y a pas grand-chose de neuf dans Overwatch 2, si ce n'est une interface morne et un éclairage un peu mieux utilisé. Cependant, un vrai effort a été fait du côté du sound design, avec d'abord un tas de nouvelles répliques entre les Héros, lâchées en début de partie au spawn ou pendant le match. De quoi renforcer le lore avec des clins d'œil, même si de nombreuses phrases sont encore uniquement en anglais. Et les armes ont elles aussi droit à du changement avec des sons plus réalistes et percutants, c'est assez déroutant, nous avons l'impression d'avoir affaire à de véritables armes à feu à la manière d'un Call of Duty, mais avec des fusils de science-fiction, ce n'était pas forcément nécessaire d'aller dans cette direction.
La nouveauté majeure de cette suite, c'est le changement dans les compositions d'équipes en Parties rapides et Compétitives. Adieu le 6 contre 6, Overwatch 2 se joue en 5 contre 5, avec deux Héros de Soutien (Heal), deux Héros de Dégâts (DPS) et un seul Tank, au cœur de la composition. En théorie, toute l'équipe doit jouer autour du Tank, ce dernier devant faire avancer ses coéquipiers jusqu'au point tout en défendant les Healers et apporter du soutien aux DPS. Un rôle majeur qui demande normalement de la coopération, de la coordination et des prises de décisions importantes pour remporter le combat. Mais entre la réduction des boucliers, les énormes changements apportés à Orisa et Doomfist (désormais Tank ultra mobile et non un DPS) et la composition avec un seul Tank, eh bien, la stratégie de groupe en prend un coup. Plus question d'avancer derrière un bouclier, les joueurs foncent dans le tas, contournent les ennemis, même si ce n'est pas leur rôle de flanquer, et il faut croiser les doigts pour que les talents individuels payent. Si un DPS arrive à enchaîner deux éliminations, avec un tir chargé de Sojourn par exemple, c'est le jackpot : le combat tourne au 5 vs 3 et c'est la débandade, les ennemis restants ne font pas long feu.
Dans Overwatch 2, la moindre erreur est fatale et le temps de réaction est très court pour contrer les assauts adverses, surtout si ces derniers se concentrent sur les Héros de Soutien. Sans Heal, point de victoire, les combats tournent court et se terminent en quelques secondes, jusqu'au prochain assaut. La stratégie, la réflexion et la coopération sont mises de côté au profit des exploits en solitaire, auparavant rares ou du moins pas nécessaires pour gagner. Car Overwatch 1 avait cette force : être fun à jouer même sans avoir de gros réflexes mécaniques, laissant une bonne marge pour gagner avec des exploits collectifs et de bonnes prises de décisions, ce que nous ne retrouvons pas (ou beaucoup moins) dans Overwatch 2. Ici, ce sont les mécaniques de réflexe et de précision qui comptent, pour un gameplay plus orienté vers l'action. Et c'est bien dommage, d'autant que la synergie entre les deux Tanks avait beaucoup de saveur dans le premier jeu.
Action, mais pas de réaction
Les trois nouvelles Héroïnes et leurs attaques Ultimes vont dans ce sens : la Reine des Junkers est un Tank capable de foncer dans le tas en grignotant les points de vie des ennemis, Kiriko est une Healeuse augmentant la vitesse des tirs et déplacements des coéquipiers, et Sojourn est un Soldat : 76 de luxe, avec un fusil capable de tirer des rayons chargés surpuissants en continu. Certes, il est plaisant d'avoir enfin un peu de nouveauté dans Overwatch, mais la hype n'est plus la même qu'avant.
Tout est fait pour être dynamique et nerveux.
Par ailleurs, les personnages ont tous des capacités passives, en fonction de leurs rôles. Les Tanks sont des sacs à PV, rappelant les pires boss de The Division et pouvant encaisser bien des balles avant de tomber. Les DPS gagnent en mobilité en élimination et leur charge d'Ultime n'est plus totalement remise à zéro lorsque le joueur change de personnage. Enfin, les Healers se soignent automatiquement entre les combats, soulageant un peu le travail de l'autre Soigneur. Là encore, tout est fait pour être dynamique et nerveux, mais bien moins stratégique et coopératif. Notons également l'introduction d'un système de ping, permettant de transmettre une information à ses équipiers d'une simple pression de touche, le jeu adaptant le message en fonction de la situation et l'endroit pointé : défendre l'objectif, attaquer un ennemi en flanc, se replier, c'est encore un peu imparfait, mais cela dynamise les combats avec des informations importantes qui fusent. La roue des messages rapides est évidemment là, introduite un peu en fin de vie d'Overwatch 1, dommage qu'il ne soit plus possible de l'utiliser lorsque le joueur attend de réapparaître au spawn.
Autre nouveauté dans Overwatch 2, l'introduction du mode de jeu Avancée, ou Push en anglais. L'idée est d'escorter un robot poussant des blocs sur une carte symétrique, en direction du point de réapparition ennemi. L'équipe ayant poussé son bloc le plus loin à la fin de la partie, ou jusqu'au dernier point de contrôle, gagne le match. Un curieux mode inspiré de l'Escorte de convoi qui fonctionne plutôt bien, donnant lieu à des affrontements intenses tout au long de la partie, et lorsque les prolongations sont lancées, la lutte pour rester à côté du robot est éprouvante. Un mode qui nous emmène sur de nouvelles cartes (New Queen Street, Esperança et Colosseo), à l'ambiance réussie, avec un soin apporté à l'éclairage, laissant envisager de belles choses pour les futures maps inédites. Mais il est bien dommage que ce soit là la seule grosse nouveauté en termes de mode, d'autant qu'en Parties rapide ou compétitive, il faut dire adieu au mode Assaut (2CP pour les intimes). Un mode peu apprécié des professionnels, qui traînait en longueur lorsque les équipes avaient le même niveau, mais quel dommage de le retirer des Parties rapides, le voyage à Hanamura, au Temple d'Anubis ou aux Usines Volskaya avait un côté plaisant de temps en temps. Blizzard a annoncé que l'Assaut reviendra, sans doute dans l'Arcade, mais il est frustrant de devoir attendre une rotation pour en profiter. D'ailleurs, en parlant d'Arcade, les modes alternatifs d'Overwatch sont là, avec actuellement les nouvelles cartes à l'honneur, mais aussi de la Capture de drapeau, du Match à mort en équipe et du Chaos jubilatoire, complètement cassé à cause de la double bulle de protection de Zarya, lui permettant de se protéger en continu. Eh oui, Blizzard n'a visiblement pas pensé à tout, un patch (comme pour la Fléchette hypodermique d'Ana à l'époque) est à prévoir pour ce mode.
L'économie s'effondre
Enfin, il est temps de s'attarder à la plus grosse nouveauté d'Overwatch 2 : son modèle économique. Et n'y allons pas par quatre chemins, vous avez lu le titre du test, c'est une catastrophe, une honte, un doigt levé envers les fans de la première heure, une ode à l'argent facile, bref, c'est tout ce qu'il ne fallait pas faire, que ce soit pour les vétérans ou les nouveaux venus.
Il faudra payer, beaucoup, pour agrandir sa collection.
Vous connaissez sans doute Fortnite. Le Battle Royale d'Epic Games propose un Battle Pass pour personnaliser visuellement le seul personnage jouable avec diverses skins, tandis qu'une boutique est là en parallèle pour obtenir des cosmétiques un peu plus impressionnants. Eh bien, dans Overwatch 2, c'est exactement la même chose que Fortnite, mais pour 35 Héros, avec des dizaines de cosmétiques à obtenir en jouant. Des heures. Des heures. Encore des heures. Toujours des heures. Les joueurs d'OW1 peuvent retrouver dans le menu des Pièces Classiques, converties à partir de leurs pièces dorées du premier volet. Une fois que vous les aurez toutes utilisées, il faudra acheter les cosmétiques avec des Pièces Overwatch, vendues 19,99 € les 2 200 Pièces OW. Une skin Légendaire (dorée) coûte 1 900 Pièces OW. Faut-il encore en rajouter ? Oui. Des défis sont présents, avec des missions quotidiennes et hebdomadaires permettant de débloquer des Pièces OW. Une aubaine pour acheter les skins ? Non, car en une semaine, vous ne gagnez que 50 Pièces OW au maximum, et rien que pour cela, il faut jouer un bon nombre de parties, la réussite des défis dépendant souvent de la victoire des matchs. 50 Pièces OW en une semaine, 1 900 Pièces OW pour une skin Légendaire... Il faut plus de huit mois pour obtenir une seule tenue Légendaire sans payer dans Overwatch 2. De quoi faire regretter les loot boxes, qui permettaient d'obtenir aléatoirement des cosmétiques et d'en acheter d'autres avec les doublons. Sinon, vous pouvez toujours passer à la caisse, la boutique propose des packs contre 2 000 Pièces OW avec une skin Légendaire, une emote Épique, une célébration Rare et une réplique et un tag Communs, c'est déjà un peu plus intéressant, mais les fans du premier volet ont de quoi regretter ce choix économique : il faudra payer, beaucoup, pour agrandir sa collection... ou avancer dans le Battle Pass.
Eh oui, comme tout bon free-to-play qui se respecte (il s'agit ici d'ironie), Overwatch 2 propose un Passe de combat, avec des paliers gratuits et d'autres Premium. Clairement, si vous jouez régulièrement à Overwatch 2, le modèle gratuit est ridicule, vous allez passer des heures pour gagner des niveaux et obtenir quelques cosmétiques communs sans grand intérêt, le Premium offre quant à lui des skins plus sympathiques et surtout un boost de 20 % d'XP pour toute la saison. En jouant, vous obtenez donc de l'XP, pour gagner des niveaux de palier et obtenir divers éléments cosmétiques, que ce soit pour le profil du joueur (icône, bannière), des Charmes à accrocher aux armes (ou aux mains, c'est parfois compliqué selon le Héros), des Souvenirs (des emotes communes à tous, un peu spéciales, mais rien de fou) et les autres éléments cosmétiques plus classiques comme les tags, emotes, entrées en scène, répliques, célébrations et tenues, cette fois propres à chaque personnage. Ce qui fait que vous pouvez passer des heures, voire des jours si vous n'êtes pas accro au jeu, à avancer dans le Passe de combat pour obtenir des éléments cosmétiques pour des personnages qui ne vous intéressent pas forcément. Prenons notre exemple : la skin Mythique, une tenue encore plus rare que les Légendaires et personnalisable, à débloquer au dernier palier (80) est pour Genji, un personnage que nous avons dû jouer 8 heures dans Overwatch 1 (merci le mode Héros mystère). Autant dire que la carotte a bien du mal à fonctionner, un système pour débloquer un cosmétique d'une certaine catégorie, mais pour un personnage choisi par le joueur aurait été bien plus gratifiant. Et contrairement à Fortnite, le Passe de combat ne débloque aucune Pièce OW, il faudra donc repasser à la caisse chaque saison pour obtenir le Premium (1 000 Pièces OW, soit 9,99 €).
Le chifoumi des riches
Mais ça, ce n'est même pas le pire. Car au final, il s'agit uniquement de cosmétiques. C'est certes frustrant de ne plus pouvoir débloquer son contenu comme avant, mais au moins, tout le monde est au même niveau, car le gameplay est le même pour tout le monde avec ces 35 Héros... Eh bien non ! Les nouveaux Héros sont eux aussi bloqués dans le Passe de combat... Alors, pour cette Saison 1 d'Overwatch 2, c'est un peu compliqué.
Les nouveaux Héros sont eux aussi bloqués dans le Passe de combat...
Heureusement, il y a les challenges, la véritable carotte pour inciter à relancer le jeu régulièrement. Les joueurs peuvent ainsi réussir des défis quotidiens ou de saison pour gagner de l'XP de Passe de combat. Des défis incitant les joueurs à sélectionner la File d'attente par rôle ou libre, mais aussi d'effectuer un certain nombre de dégâts ou de soins, et même de gagner des parties. Six nouveaux challenges sont proposés chaque jour, il ne faut en réussir que trois pour obtenir 9 000 points d'XP, un niveau de palier se débloquant après 10 000 XP gagnés. Oui, cela peut être long, pas question de jouer cinq minutes par jour, il faut passer un petit moment sur le jeu à chaque fois. Nous avons déjà parlé des challenges hebdomadaires, pour gagner de maigres Pièces OW, tandis que les points de Partie compétitive ont leur propre onglet, à obtenir à chaque fin de saison en fonction de votre rang. De ce côté, il y a un peu de changement : adieu la côte avec des chiffres, les joueurs sont classés en Bronze, Argent, Or, Platine, Diamant, Maître, Grand Maître et Top 500 avec cinq sous-catégorie par rang (sauf pour les trois derniers). Et notre rang a d'ailleurs pris un coup, nous sommes passés de Or (2 200) à Bronze 1, au pied du rang Argent 5, qui correspond en fait plutôt bien à notre vrai niveau. Les Parties compétitives sont l'occasion de voir que la communauté n'a pas changé, avec des joueurs toxiques dans le chat, entre commentaires désobligeants et « ez », il faut parfois faire un bref tour dans les options pour désactiver les discussions et passer une partie tranquille, dommage pour un jeu en ligne. En plus, le système de signalement est actuellement buggué, dommage. En Partie rapide, c'est heureusement plus sage : les joueurs préfèrent quitter le match à la première frustration, donnant lieu à des parties déséquilibrées et inutiles... Reste l'Arcade et ses modes variés, avec là encore des joueurs qui quittent n'importe quand, mais l'enjeu est maigre, le fun est plus présent.
Pour en finir avec ce test, le nom : Overwatch gagne un chiffre « 2 » sur son logo, mais c'est à peu près tout. Difficile de parler de suite avec des graphismes très légèrement peaufinés et un contenu inédit très maigres, Blizzard s'est perdu entre un développement compliqué et un modèle économique incertain, tiraillé entre la volonté de proposer du contenu pour les anciens joueurs tout en attirant les nouveaux venus. Actuellement, Overwatch 2 est une très grosse mise à jour gratuite d'Overwatch 1 en termes de contenu. Mais côté gameplay, la meta 5 contre 5 va à l'encontre de la force du premier volet : la coopération et la possibilité de bien jouer sans être bon aux jeux de tir. Et le modèle économique free-to-play est une catastrophe, mais ça, ce n'est que cosmétique. Ah non... Eh bien, zut... Overwatch 2, c'est une créature de Schakalstein ratée, assemblant un peu n'importe comment des morceaux d'autres jeux à succès comme Call of Duty et Fortnite, sans prendre en compte ce qui avait fait la réussite du premier volet. Blizzard a découvert son super-pouvoir : transformer de l'or en dollars. Un pouvoir dont les fans se seraient bien passés...
Test réalisé sur un PC Gamer Cybertek Level 9, un article consacré à la version Nintendo Switch arrivera plus tard. Vous pouvez retrouver des cartes PSN sur Amazon afin d'acheter le Pack de l'Observatoire, débloquant des skins, le Passe de combat Premium et des Pièces OW pour Overwatch 2.
- Les matchs en 5 contre 5, plus nerveux...
- C'est toujours joli...
- Enfin de la nouveauté (Héroïnes, mode Avancée, cartes)...
- Ça reste un peu Overwatch, avec ses Héros, son lore et son univers
- … mais moins stratégiques
- … mais comme Overwatch 1 en fait
- ...mais l'impression d'une grosse mise à jour est là
- Les nouveaux Héros bloqués derrière un Passe de combat
- Le modèle économique qui ne colle pas au jeu
- L'interface qui perd de son charme
- Overwatch 1 est mort pour ça ?
Rédacteur - Testeur Clint008 |