TEST Pokémon Écarlate et Violet : une ode à l'exploration non dénuée de défauts
Pokémon Écarlate : La 9e Génération de jeux Pokémon cristallisant les ambitions de Game Freak est de sortie, nous plongeant enfin dans un monde entièrement ouvert, mais à quel prix ?
Entre régression et innovation
Après avoir difficilement pris le virage de la 3D, Game Freak a expérimenté avec le concept de zone ouverte dans les jeux de la 8G Pokémon Épée et Bouclier, sous la forme des Terres Sauvages, repris et amélioré dans les DLC L'île solitaire de l'Armure et Les Terres enneigées de la Couronne. Puis est venu Légendes Pokémon : Arceus en début d'année, un épisode rafraîchissant orienté vers la capture, s'inspirant plus que jamais de The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Le studio est bien décidé à poursuivre dans cette voie et c'est pourquoi la 9e Génération de monstres de poche laisse au placard la linéarité d'antan pour épouser pleinement la mode du monde ouvert. Ainsi, Pokémon Écarlate et Violet sont les premiers jeux de la série principale adoptant cette philosophie de game design en nous faisant voyager à Paldea, une région inspirée de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal). Nous avons eu la chance de pouvoir découvrir cette nouvelle aventure quelques jours avant son lancement afin de vous livrer notre avis, garanti sans spoilers en dehors de ce que The Pokémon Company a déjà présenté ces derniers mois.
Ce n'est pas la joie techniquement.
Plus perturbant, certaines surfaces « bougent » lorsque nous orientons la caméra ou nous déplaçons. Imaginez une falaise changeant légèrement de forme à notre approche et vous comprendrez le malaise… Les textures sont d'ailleurs très inégales, certaines fort plaisantes à l'œil, tandis que d'autres restent bien floues alors que nous avons le nez dessus, comme sur les portails des repaires de la Team Star. Pour brosser un portrait complet, ajoutez-y du clipping (problème en rapport avec la distance d'affichage, faisant apparaître des éléments proches de nous), des bugs de caméra donnant un aperçu de sous la map, une bande blanche sur la gauche de l'écran entre des transitions de scènes et des soucis de physique avec des Pokémon et personnages plus ou moins enfoncés dans le décor, et des Poké Balls en lévitation dans les airs lors de la capture d'une créature volante. Ce n'est donc pas la joie techniquement, MAIS ces désagréments n'ont pas vraiment entaché notre niveau d'amusement, ce qui est moins le cas avec ce qui suit.
Dans l'ensemble, les environnements de Pokémon Écarlate et Violet restent tout de même plaisants à regarder, avec des textures finement détaillées sur les vêtements et les modèles 3D des créatures (effet métallique, fourrure, etc.). Les effets visuels liés à la Téracristallisation sont magnifiques et nous nous sommes tout de même surpris à admirer certains décors en villes, mais la qualité est donc inégale. Par ailleurs, notre avatar bénéficie d'animations alternatives sous la pluie ou lorsqu'il ne fait rien. Le jeu ne manque pas de vie ni d'âme a su nous convaincre autrement que pas son simple apparat.
Un, dos, tres
Nos périples à Alola et Galar faisaient déjà preuve d'une certaine originalité sur la forme, mais ce n'était rien à côté de cette nouvelle épopée, qui nous met tout simplement dans la peau d'un ou une élève faisant ses premiers pas à l'Académie Orange (Écarlate) ou Raisin (Violet). Même si nous faisions souvent un détour dans une école en début de chaque version, Game Freak n'avait encore jamais utilisé cet outil au service de la narration et a donc poussé l'idée, pour un résultat satisfaisant.
L'utilisation de Koraidon ou Miraidon est au cœur même du jeu.
Notre aventure commence donc tout au sud de la carte à notre domicile, le jour de notre rentrée à l'Académie. Nous ne tardons pas à obtenir l'un des starters, Poussacha, Chochodile ou Coiffeton, une remise qui est une fois de plus assez originale et à l'issue de laquelle nous faisons connaissance de notre unique voisine, Menzie, la rivale locale au caractère passionné et enjoué. C'est elle qui va nous guider durant les premières heures faisant office de tutoriel au grand air, avec déjà une certaine sensation de liberté malgré le côté dirigiste voulu par cette phase. Hélas, comme ses prédécesseurs, elle prend le Pokémon du type faible face au nôtre, même si nous pouvons cette fois mettre ça sur le dos de son expérience et de sa « trop » grande confiance en elle. Nous ne tardons d'ailleurs pas à tomber nez à nez avec Koraidon ou Miraidon, l'utilisation de cette monture de luxe étant au cœur même du projet. Alors, oui, le délire d'en faire visuellement une moto est discutable, mais nous finissons par nous y habituer. Au fil du jeu, notre compagnon de route va faire l'acquisition d'aptitudes de déplacement supplémentaires, ouvrant davantage le champ des possibles avec la faculté de nager, planer un moment dans les airs ou encore escalader des parois verticales. Si vous avez joué à Légendes Pokémon : Arceus, vous ne serez donc pas trop surpris. Chose pratique, surtout au début, si nous tombons sans possibilité de gravir une paroi, appuyer sur Y nous fera remonter. Sinon, un voyage rapide en taxi volant (un simple écran de chargement) permet de rejoindre un Centre Pokémon déjà visité.
Star Academy
C'est une fois à l'Académie que les choses sérieuses débutent et que nous constatons réellement le changement de structure narrative. Le proviseur Clavel donne le la à la Chasse au trésor, un projet extrascolaire traditionnel de l'établissement, qui consiste tout simplement à partir explorer la région pour y trouver notre « trésor le plus précieux ». Nous ne sommes toutefois pas lâché dans la nature sans objectif, puisque ce sont trois grandes quêtes qui s'offrent à nous, dont la complétion se fait dans l'ordre désiré, tout en conservant la contrainte des niveaux de nos Pokémon, aucun système de mise à l'échelle (level scaling) n'étant inclus.
La formule fonctionne du tonnerre.
Vient ensuite Un parfum de Légende, le nom donné à la quête des épices pour Pepper en lien avec le Livre Écarlate / Violet, qui consiste globalement à vaincre des Pokémon Dominants. Même si leur nom français est identique avec la dénomination de ceux croisés lors du Tour des Îles d'Alola, ils n'ont rien en commun si ce n'est leur taille démesurée. Les rencontres prennent la forme de combats de boss à l'image des Raids et sont plaisantes, surtout là pour accompagner des phases narratives autour de Pepper assez touchantes. Enfin, l'Opération Stardust vise à démanteler la Team Star, une bande d'élèves ne venant plus en cours et s'étant regroupés dans des bases en pleine nature. Nous vous voyons venir, ces garnements faisant du tuning sur leur Motorizard et autres Starmobile n'ont rien en commun avec l'oubliable Team Yell. Le background de la bande et plus particulièrement de ses leaders, ainsi que la manière dont il est amené, coche toutes les cases pour nous les faire apprécier en plus de traiter un sujet délicat de notre société. Ces deux quêtes permettent aussi de récupérer des Badges, portant le total à 18. Oui, il y en a donc un de chaque type, c'est une première et nous saluons l'initiative.
Spécialités locales
Au-delà de ces trois fils rouges narratifs et d'une poignée d'autres surprises que nous vous laissons découvrir, l'attraction principale du jeu est sa région peuplée de Pokémon, dont tout un tas d'inédits, les révélations de ces derniers mois n'ayant finalement pas montré grand-chose. Vous aurez donc tout le loisir de vous demander « Mais qu'est-ce c'est ? » en voyant cette nouvelle faune, évidemment accompagnée de spécimens déjà croisés dans d'autres régions, tous apparaissant en fonction d'un cycle jour-nuit indépendant de la réalité, avec parfois des Invasions massives d'une espèce. Chacun fait sa vie, avec des groupes d'individus pouvant se regrouper autour de leur évolution, mais attention, car nous en croisons parfois se révélant très agressifs. Alors, que penser de cette 9G ? Dans l'ensemble, elle nous a énormément plu, avec pléthore de créatures « mignonnes », quelques évolutions bien particulières de Pokémon connus et des concepts inédits à l'instar de Fort-Ivoire (nous avons joué sur Écarlate) ou d'évolutions convergentes bien délirantes comme Taupikeau. Quelques trolls se sont même glissés dans le tas, en plus de méthodes d'évolution faisant usage de certaines nouveautés de gameplay.
Nous prenons un plaisir fou à remplir le Pokédex.
Chaque capture d'une nouvelle espèce est enregistrée sous la forme d'un livre rangé sur une étagère, affichant des indices de ses proches voisins non découverts, dont leur ombre, de quoi éveiller notre curiosité. En plus, nous sommes récompensés par des objets utiles toutes les 10 pages ajoutées. L'aspect collection est ainsi doublement présent, alors nous explorons chaque recoin puisque la répartition a été suffisamment bien faite pour nous pousser à sortir des sentiers battus. Le gameplay reprend certains éléments de LPA avec la possibilité de nous baisser pour être plus discret et de viser pour envoyer la Ball de notre Pokémon en tête de liste et enclencher un combat, utile pour les fuyards ! Nous sommes même tombés sur quelques chromatiques, soient de bonnes surprises marquant l'expérience de jeu. Les objets à ramasser ne manquent pas non plus, qu'ils soient fixes tels que les CT ou réapparaissant aléatoirement.
Vous le comprendrez vite, Paldea et la nourriture ne font qu'un, la thématique étant abordée aussi bien avec des créatures ressemblant à des aliments que via les personnages croisés, sans parler des boutiques nous vendant des ingrédients ou des gourmandises à consommer. Et après les currys à Galar, Game Freak a récidivé avec 151 recettes de Sandwichs ! Les priorités… tout ça… L'intérêt que nous y portons est limité, mais ces préparations culinaires en vogue dans la région permettent à toute l'équipe d'obtenir des Auras Gustatives octroyant des effets qui pourraient s'avérer intéressants, alors y jeter un œil ne peut pas faire de mal. Nous pouvons donc bien sûr en acheter déjà prêts ou tenter d'en préparer via l'interface du Pique-Nique. C'est tout simple, s'il y a de la place en pleine nature, nous installons une table et sortons nos 6 Pokémon et le Légendaire pour qu'ils prennent l'air. Seul ou à plusieurs, nous pouvons alors réaliser une recette ou donner libre cours à notre imagination en mélangeant les ingrédients. Cela n'a que peu d'intérêt en termes de gameplay, mais nous ne sommes sans doute pas le public visé. Envoyer une balle ou siffler nos camarades est possible, ainsi que les toiletter pour retirer la saleté après une rude journée d'aventure.
Riding Duel! Crystallisation!
Le monde ouvert ne bouleverse pas uniquement notre manière d'explorer, mais aussi de combattre. Déjà, il faut désormais parler aux Dresseurs pour engager un affrontement, un changement nécessaire et que nous accueillons à bras ouverts. Ensuite, hormis lors de passages scénarisés bien précis, tout se fait sans transition. Adieu les arrière-plans n'ayant aucun rapport avec le lieu du combat, nous restons sur place, ce qui donne parfois des situations cocasses en termes de public y assistant. L'angle de caméra est lui ajustable la plupart du temps, heureusement puisque le zoom de cette dernière est parfois trop resserré et ne montre pas les deux Pokémon s'affrontant. L'interface est sinon assez épurée, avec un raccourci simple et rapide pour lancer des Poké Balls.
Nous avons bien plus apprécié les Raids Téracristal que ceux de la 8G.
L'autre nouveauté liée aux combats n'est autre que le gimmick de cette 9G, la Téracristallisation, utilisable assez rapidement une fois un orbe spécial obtenu. Contrairement au Dynamax / Gigamax, pas de forme spéciale, tout le monde est logé à la même enseigne en arborant une sorte de lustre cristallin sur la tête, dont la forme dépend du Type Téracristal. Cette information additionnelle à prendre en compte ajoute une forme d'imprévisibilité aux affrontements, puisqu'une créature aquatique peut par exemple être de Type Téracristal Feu pour donner un exemple parlant. Toutes en possèdent un, qui est généralement le même que celui de base, mais quelques cas spéciaux peuvent apparaître dans la nature, visibles de loin avec leur aura cristalline. Attention, ils sont généralement à un niveau plus élevé que les autres créatures de la zone, croiser un Lucario niv. 75 dans une grotte à 35 en moyenne ayant de quoi surprendre.
Quel est votre plus grand trésor ?
Sinon, nous avons accès à tout moment à nos Boîtes PC, dont le nombre augmente lorsque nécessaire (8 de base puis 16), et les Insignes font leur retour, similaires aux Rubans avec des Titres à attacher à notre Pokémon pour frimer. Un mode Photo est aussi disponible avec d'inévitables selfies où nous utilisons des emotes tendances, accessible via la croix directionnelle, de même que notre garde-robe.
Un tournant pour la licence.
Avant de conclure, parlons d'un point qui nous a régalé durant nos nombreuses heures de jeu, à savoir la bande-son. La musique, le monde du spectacle et l'art sous toutes ses formes étant des thèmes prédominants à Paldea, que cela passe par les personnages ou Pokémon, voire juste par les décors, nous avons droit à un mélange éclectique entre sonorités hispaniques faisant par exemple usage de guitare flamenca et piano, et d'autres plus modernes avec de l'électro, du rock et du metal. Nous pourrions notamment écouter en boucle les thèmes de la Team Star, celui des Raids Téracristal (merci Toby Fox) et de Levalendura (la ville de Mashynn). Game Freak se rate rarement sur cet élément et élève encore son jeu pour délecter nos oreilles et nous transporter.
Pokémon Écarlate et Violet marquent un tournant pour la licence en nous proposant finalement l'expérience rêvée depuis tant d'années, qui aurait évidemment gagné à ne pas faire les frais de défauts techniques dont la tolérance dépendra du joueur et qui alimentera les discussions endiablées pendant encore un moment. Nous ne regrettons pas nos heures passées dessus et c'est sans doute ça l'essentiel. Les bases sont désormais solides et nous espérons sincèrement que Game Freak disposera de suffisamment de temps et d'un meilleur hardware pour fêter dignement les 30 ans qui approchent. D'ici là, Paldea devrait encore bien nous occuper. Hasta la Vistar!
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- Les différentes intrigues, aussi simples qu'efficaces et touchantes
- La 9G, une franche réussite
- Compléter le Pokédex n'a jamais été aussi fun
- L'exploration du monde ouvert est un régal
- Les Raids Téracristal, bien amusants
- Une bande-son qui déménage
- Un framerate calamiteux
- Une palanquée de petits bugs
- Où sont les intérieurs ?
- (Le manque de doublages se fait occasionnellement sentir)