TEST - Shadow of the Tomb Raider : Lara Croft plus sombre que jamais

Février 2013, Crystal Dynamics lançait Tomb Raider, reboot de la célèbre licence avec Lara Croft qui modernisait le gameplay, tout en conservant ce qui faisait la magie des opus d'origine : l'aventure, le voyage, les énigmes. Trois ans plus tard, c'est Rise of the Tomb Raider qui franchissait une nouvelle étape dans la renaissance de Lara. Nous voilà en 2018, avec Shadow of the Tomb Raider. Et clairement, cet opus n'a pas volé son titre.

Shadow of the Tomb Raider est résolument sombre et adulte.

Lara Croft. Ce nom est presque autant un symbole d'aventure qu'Indiana Jones, et pourtant, la jeune femme n'a que 23 ans dans ce Shadow of the Tomb Raider. Mais elle a déjà une vie bien remplie, avec le tragique décès de son père, une dramatique première expérience au Royaume Perdu du Yamatai puis une lutte contre les Trinitaires en Sibérie. Une jeunesse pas vraiment de tout repos, mais l'Anglaise n'est pas du genre à se prélasser dans son manoir et se rend en Amérique du Sud, toujours sur les traces des Trinitaires pour récupérer avant eux deux artefacts pouvant, une fois combinés, « changer le monde ». En bien ? En mal ? C'est là toute la question philosophique derrière Shadow of the Tomb Raider, qui place Lara face à des dilemmes moraux très intéressants et loin d'être manichéens. L'ombre de la mort de son père pèse toujours sur elle, mais il est temps d'évoluer et d'assumer ses responsabilités en tant que véritable pilleuse de tombeaux.

Le personnage de Lara Croft est ici bien plus profond, avec une véritable remise en question de ses choix, le jeu n'hésite pas à confronter l'aventurière à de terribles conséquences, comme, au détour d'un coin de rue, un enfant qui décède juste sous ses yeux. Oui, dès le début de Shadow of the Tomb Raider, le ton est donné, cet opus est résolument sombre et adulte, plus impactant que les précédents volets (plus sanglant aussi). La jeune anglaise n'hésite pas à décimer ces ennemis à coups de fusil, elle a bien changé depuis l'opus de 2013. Les amateurs de jungle et de mythologie Maya seront quant à eux aux anges, avec une véritable plongée dans les mythes d'Amérique du Sud, leur culture et des documents de conquistadors venus envahir la région il y a quelques siècle. D'ailleurs, le jeu permet d'opter pour des voix en raccord avec l'ambiance, les PNJ pouvant ainsi parler dans leur dialecte d'origine, tout en gardant la VF ou la VO pour les personnages plus importants. Côté immersion, c'est du bonheur.

Malheureusement, le doublage de Lara Croft n'a pas été confié à Alice David, qui prêtait sa voix dans les deux premiers opus de ce reboot, mais à Anna Sigalevitch, comédienne ayant déjà doublé Alicia Vikander dans l'(effroyable) adaptation cinématographique Tomb Raider sortie un peu plus tôt cette année. Et pendant les premières heures de jeu, c'est assez perturbant, les fans étant surtout habitués à la voix de Françoise Cadol depuis les années 90, mais il faut désormais s'adapter... Le ton est correct, jamais à côté et plutôt réussi, les joueurs préférant la VF ne seront pas déçus malgré ce changement. En VO, c'est toujours Camilla Luddington qui prête sa voix à Lara, c'est du tout bon. Pour les autres, eh bien les personnages principaux sont eux aussi bien doublés, mais certains PNJ sont parfois à côté de la plaque, c'est assez amusant, à l'instar de ce pauvre otage, libéré à temps avant de se prendre une balle dans la tête, qui lâche un « Merci ! » enjoué, comme un poissonnier un jour de marché. Heureusement, ce sont des erreurs ultra rares. La bande originale a été, cette fois, confiée à Brian D'Oliviera (Resident Evil 7: Biohazard, Far Cry Primal), pour des compositions efficaces, dépaysantes et envoûtantes, mais également très sombres, à l'image du jeu. Un plaisir sur le moment, mais qui ne marquera forcément pas les esprits sur la durée.