CRITIQUE de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, la lumière au bout du tunnel ?
La franchise de Capcom a droit à un reboot cinématographique, qui se démarque déjà des précédents films, mais sans jamais briller.
La mode des adaptations de jeux vidéo au cinéma a vraiment explosé avec Resident Evil, film d'horreur réalisé par Paul W.S. Anderson, produit par Constantin Film et mettant en scène Alice, un personnage inédit incarné par Milla Jovovich. Un succès commercial, mais un massacre pour tous les fans de la franchise, les films ont vite oublié les jeux de Capcom pour faire leur vie dans leurs coins. Et voilà que quatre ans après le Chapitre Final, la paire P W.S. A et Constantin Film est de retour à la production de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City.
Cette fois, les producteurs ont changé leur fusil d'épaule, et ce reboot se base réellement sur les deux premiers jeux vidéo de la saga, à savoir Resident Evil: Rebirth et Resident Evil 2 (le remake), dans le manoir Spencer à Arklay et au commissariat de Raccoon City donc. Derrière la caméra, nous avons Johannes Roberts, habitué des films d'horreur vraiment pas terribles et des 47 Meters Down, un régal pour les amateurs de requins et de sang, mais c'est tout. Alors, que vaut ce Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City ? Eh bien, pas grand-chose malheureusement, mais tout n'est pas à jeter.
Nous n'avons pas passé un trop mauvais moment devant ce Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City.
Nous l'avons déjà dit, Claire Redfield vole la vedette à tout le monde. Déjà, parce que son personnage est central au scénario et qu'elle est incarnée par Kaya Scodelario (Le Labyrinthe), la seule qui ne semble pas issue d'un casting alcoolisé fait après avoir visionné un fan film. Ne crachons pas non plus trop sur Chris (Robbie Amell), il a la carrure de l'emploi, mais son personnage reste très sous-exploité, cantonné à Mr Muscle. Jill Valentine est cependant à des années-lumière du personnage des jeux vidéo, devenant ici une femme impulsive, Hanna John-Kamen (Black Widow) a du mal à faire ressortir les souvenirs des joueurs, préférant donner vie à un personnage nouveau, mais n'est pas si mauvaise. Mais le vrai problème de ce casting, ce sont Leon S. Kennedy et Albert Wesker. Ce dernier est ici moins caricatural que dans les jeux, parfois drôle et même touchant, dépassé par les évènements qui surviennent à Arklay, mais campé par un Tom Hopper toujours à l'ouest dans son jeu, n'arrivant jamais à transmettre la bonne émotion. Et Leon... eh bien, disons que son personnage ne sert absolument à rien dans le film, et qu'Avan Jogia étant le sosie parfait de Carlos Oliviera (Resident Evil 3), l'immersion est complètement ratée, allant même jusqu'à lâcher une punch line digne des pires films d'action à la toute fin, bien loin de son rôle de jeune flic novice dans les jeux. Certes, comparer les jeux vidéo au film n'est pas forcément la chose à faire, mais même en ne se focalisant que sur ce long-métrage, les personnages manquent de profondeur, les scénaristes ont voulu caser trop de monde en trop peu de temps, en résultent des caractérisations bien trop rapides et un attachement à ces héros quasi inexistant tout au long du film.
S'il y a bien un point sur lequel Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City nous a étonnés, c'est sur sa mise en scène. Le réalisateur n'est pas doué, nous l'avions déjà vu dans les 47 Meters Down, mais il a visiblement été aidé par son directeur de la photographie Maxime Alexandre (Crawl, Shazam!, Catacombes) et le film nous propose quelques fulgurances, comme un plan-séquence dans une voiture (principalement à l'arrêt, mais quand même) ou encore l'utilisation d'une double focale, un vieux trucage pour avoir une image entièrement nette malgré deux profondeurs de champ. Pour un film qui ressemble quand même dans son ensemble à un fan movie avec un peu de budget, c'est appréciable, et cela démontre bien un point : Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City essaye de faire des choses. Il tente des idées, ose des mises en scène atypiques, à l'image d'un combat entre Chris et des zombies éclairé au briquet, petit clin d'œil à l'objet des jeux et qui accouche d'une réelle tension, même si l'image alternant entre le noir total et la lumière de la flamme n'arrive pas à sublimer la tentative. Mais le film ne se contente pas de cadrer bêtement ses plans, de filmer des combats nerveux (rassurez-vous, aucun coup spécial de kung-fu n'est lâché ici), il ose placer la caméra à des endroits inattendus, soigne son éclairage pour mettre en avant certains éléments comme le manoir d'Arklay et, même si cela reste rare ou maladroit, le spectateur apprécie l'effort.
Avouons-le, après avoir souffert pendant des années avec la saga de Paul W.S. Anderson, nous craignions d'aller voir ce Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, mais finalement, le film se laisse regarder. Il est loin d'être une réussite, l'écriture est globalement ratée à force de vouloir mettre trop de choses dans un seul long-métrage, le casting est vraiment en dents de scie, les effets spéciaux auraient mérité un peu plus de soin, mais grâce à sa mise en scène qui tente des choses et ses nombreuses références aux jeux vidéo, souvent bien utilisées et rarement forcées, nous n'avons pas passé un trop mauvais moment devant ce Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City. Bon, il y a bien une scène post-générique teasant une suite, mais il ne faut pas trop pousser non plus...
Note : 2 étoiles sur 5
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Rédacteur - Testeur Clint008 |