CRITIQUE de Dumbo : le retour en grâce de Tim Burton
Dumbo permet au réalisateur Tim Burton de délaisser (pour de bon ?) une ambiance gothique devenue lassante au fil du temps, pour épouser un univers plus féérique et lumineux, et ce pour le meilleur. Notre avis sur un film qui est plus qu’une simple adaptation.
Un Burton, ça trompe énormément
Faut-il encore présenter l’histoire de Dumbo, cet éléphanteau aux grandes oreilles, né dans un cirque, qui transforme sa différence physique en véritable force pour s’envoler ? À l’origine, il s’agit d’une histoire pour enfants écrite par Helen Aberson, que les studios Disney ont convertie en film d’animation en 1941. Dumbo est ainsi numéroté comme étant le 4e classique d’animation de Disney, ce qui peut expliquer pourquoi les plus jeunes n’ont peut-être jamais eu l’occasion de découvrir ce film, âgé de pas loin de 80 ans.
Quoi de mieux qu’une grande famille du spectacle pour conter l’histoire d’une autre grande famille du spectacle
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Mais malgré son grand âge, Dumbo, ou tout du moins, son sujet, n’a pas pris une ride. L’histoire d’origine évoque la différence, le rejet, mais également l’amour familial et la force de s’élever au-delà de ce qui nous oppose. Des thématiques qui ont vraisemblablement parlé à Tim Burton, réalisateur au style tellement marqué qu'il est quasiment un adjectif du langage courant. Évoquer le style burtonien, c’est évoquer le gothisme, le macabre, Johnny Depp surmaquillé et Danny Elfman à la musique.
De tout ça, Tim Burton n’a gardé que son fidèle acolyte compositeur, qui s’est librement inspiré de la musique du film d’animation originel. Plutôt que la noirceur d’un monde cynique, le réalisateur a décidé de mettre en scène le côté joyeux, mais fauché, d’un cirque qui sillonne les États-Unis dans les années 50. Le film commence alors que Holt Farrier (Colin Farrell), ancienne gloire du cirque de Max Medici (Danny DeVito), revient de la guerre avec un bras en moins. Autant par solidarité que par respect pour ce héros de guerre, Medici confie à Holt le dressage de Jumbo, une éléphante gestante achetée une bouchée de pain à un entrepreneur véreux. Convaincu que l’éléphanteau qu’elle attend va attirer les foules sous le chapiteau du cirque, Max Medici déchante lorsqu’il découvre que le nouveau-né est affublé de gigantesques oreilles difformes… et rien ne va se dérouler comme prévu.
Et quoi de mieux qu’une grande famille du spectacle pour conter l’histoire d’une autre grande famille du spectacle, plus symbolique certes, mais tout aussi pleine de sens ? L’interprétation fait beaucoup du sel de Dumbo, mais pas seulement : le scénario est joliment écrit, et la mise en scène, couplée à la musique toujours parfaite de Danny Elfman, ne cesse de faire vibrer la corde de l’émotion. C’est beau, tout simplement.
La porcelaine est sauve
Bien sûr, Dumbo raconte une histoire invraisemblable, celle d’un éléphant qui vole à des hauteurs hallucinantes lorsqu’il tient une plume dans sa trompe. Mais la force du film de Tim Burton, c’est de nous aider à y croire, et à croire en la magie en général. Les effets spéciaux sont très réussis, et il est difficile d’admettre que non, Dumbo n’existe pas, et que la grande majorité des animaux du film sont d’ailleurs complètement numériques.
La force du film de Tim Burton, c’est de nous aider à y croire.
Pachyderme, mais presque
Émouvant, engagé, drôle, techniquement réussi, Dumbo multiplie les qualités, et constitue une parenthèse enchanteresse dans le catalogue de films Disney de cette année, entre deux films Marvel et en attendant la suite (Aladdin, Star Wars, ce n’est pas ce qui va manquer).
Tim Burton signe ici l’un de ses films les plus touchants, le plus réussi depuis bien longtemps, et Disney démontre qu’en faisant les choses intelligemment, il est possible de proposer plus que de simples adaptations de ses films d’animation. Pourvu que ça dure.
Note : 5 étoiles sur 5