CRITIQUE Scream VI : la meilleure suite de la saga ?
La franchise Scream accueille aujourd'hui au cinéma en France un sixième Scream. La suite du Scream de 2022, qui faisait office de suite et reboot à la saga, arrive-t-elle à marquer les esprits ?
Le premier Scream fait partie des films d'horreur les plus appréciés de sa génération, s'imprégnant des codes du slasher pour en proposer un condensé et une relecture rafraîchissante. Ses trois premières suites ont cependant moins la côte, car si elles continuaient à s'ancrer dans leur temps pour dire des choses sur le cinéma d'horreur, elles ne livraient plus grand-chose de neuf en termes de cinématographie et de narration, pour des longs-métrages de plus en plus faciles et pour certains indigestes. Mais contre toute attente, les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett ont réussi à insuffler un vent nouveau dans la franchise avec Scream (2022), un requel (suite et reboot) introduisant une nouvelle génération de personnages tout en gardant des liens avec le passé de Woodsboro. Ils ont directement enchaîné avec la production de Scream VI, de sorties en salles aujourd'hui, avec toujours autant de réussite ?
Une tension à couper au couteau jusque dans les derniers instants, qui finit malgré tout par succomber aux sirènes des codes inamovibles de la licence.
Tous les codes de la saga sont encore là, des sonneries de téléphone annonciatrices du pire aux personnages increvables, en passant par des commentaires piquants sur la société contemporaine et un méchant encapuchonné toujours à mi-chemin entre la figure du monstre terrorisant et celle de l'humain gaffeur. Mais cette suite ne se repose pas sur les acquis du requel, en mettant en scène une bande de jeunes modernes plus crédibles que jamais, stéréotypés sans être clichés, aux caractères attachants, qui donne enfin de l'enjeu autour de leur survie. Et elle délivre surtout des scènes toujours plus viscérales et sanglantes, d'ailleurs peut-être parfois à tort quand cette violence graphique n'est pas justifiée.
Ce Ghostface cherche davantage à atteindre son objectif de vengeance que la théâtralité de ses exécutions et il nous le prouve dès de premiers coups de fusil à pompe crispants. Même s'il reste toujours une silhouette terrifiante qui peut surgir de partout, même dans les lieux les plus communs, le nouveau terrain de jeu urbain donne lieu à des séquences originales : la scène dans le métro offre une tension délicieuse et aurait presque pu rentrer dans le panthéon de l'horreur si son final avait été plus marquant.
Captivant dès ses premières minutes, où toutes nos attentes sont renversées par une scène d'ouverture inattendue, Scream VI joue avec nos expectatives en n'hésitant pas à les énoncer haut et fort pour mieux brouiller les pistes. Film d'horreur auto conscient, il n'est d'ailleurs pas avare en accents humoristiques dédramatisant la gravité du récit. N'importe qui est suspect jusqu'à ce qu'il passe sous la lame de Ghostface, pour une tension à couper au couteau jusque dans les derniers instants, qui finit malgré tout par succomber aux sirènes des codes inamovibles de la licence, que nous aurions peut-être aimé voire encore plus dynamités. Peut-être pour le prochain épisode ?
Difficile à conseiller aux néophytes de la saga, le visionnage et surtout l'affection des précédents épisodes restent plus que jamais utiles, voire essentiels, pour apprécier les propos et rebondissements du nouveau. Mais Scream VI est dans tous les cas un thriller à la réalisation franche et rythmée, aux failles et aux facilités bien moins nombreuses que ses précurseurs, qui en fait sûrement de lui le plus réussi depuis 1997. 26 ans après le tout premier épisode, nous ressortons avec encore l'envie d'en voir davantage, preuve d'un divertissement horrifique popcorn réussi.
Note : 3,5 étoiles sur 5
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