CRITIQUE The Creator : de la science-fiction originale et généreuse sans les émotions
Le nouveau film de Gareth Edwards est désormais visible dans les salles de cinéma en France. Clairement imparfait, il risque de diviser les fans de SF et de blockbusters.
De quoi accrocher ?
Ni franchise ni roman. Pour son nouveau film après Monsters, Godzilla et Rogue One, Gareth Edwards a co-écrit un scénario de science-fiction original avec Chris Weitz, son acolyte du projet Star Wars. De sortie en salles cette semaine, The Creator arrive-t-il à se hisser parmi les monuments du genre ?
Ses décors sud-asiatiques rares dans la science-fiction donnent cependant au périple une ambiance particulière et très appréciable.
2065 : l'agent spécial Joshua (John David Washington), infiltré en Nouvelle-Asie, va voir sa couverture levée suite à une opération ratée qui va changer sa vie. 2070 : Joshua est rappelé sur le terrain pour pourchasser The Creator, alors que celui-ci développerait une arme appelée Alpha Omega, capable de détruire la super-arme étasunienne volante Nomad et faire pencher à jamais la balance martial dans le camp des machines. Une mission dans laquelle il espère aussi trouver des réponses personnelles.
Malgré ses prémices et son allure de space opera opulent, The Creator est avant tout un film de science-fiction humaniste, qui met en valeur les populations et leurs sentiments. Il n'est jamais aussi fort que quand il nous parle d'acceptation de l'étranger et de l'union de peuples loin d'être si différents que cela. Et il s'avère très intéressant avec un discours jusqu'au-boutiste sur le futur technologique de notre civilisation, finalement plutôt rare au cinéma, même si l'absence de prise en compte des enjeux écologiques actuels empêche de vraiment se projeter.
The Creator peut dans tous les cas compter sur sa plastique. Gareth Edwards a décidément sa patte lorsqu'il s'agit de filmer des batailles, à la fois épique et qui prennent leurs temps, mais il manque pourtant un petit quelque chose pour rendre ces moments d'action mémorables. Ses décors sud-asiatiques rares dans la science-fiction donnent cependant au périple une ambiance particulière et très appréciable. Si les quelques villes sururbanisées ont déjà été vues et revues, les passages dans des rizières ou au large d'îlots montagneux dépaysent clairement. La direction artistique reste globalement très réussie, avec quelques idées originales remarquables, ce qui est déjà beaucoup en passant après des décennies de cinéma SF. Nouvel univers oblige, nous aurions forcément aimé en savoir plus sur les fondements techniques de cette civilisation robotique, ou les modalités géopolitiques de la cohabitation entre synthétiques et organiques : le film ne s'attarde pas là-dessus, parfois même au détriment de sa vraisemblance.
Sans pour autant avoir trop de défauts marqués, The Creator ne va pas assez loin dans aucun de ses aspects : ni dans son discours évasif sur le remplacement annoncé d'une civilisation, ni dans la cohérence de son récit d'anticipation, ni dans ses instants tire-larmes. Il nous ouvre ainsi la porte pour nous projeter dans un monde de science-fiction dans lequel nous n'avons pas pleinement réussi à rentrer, certes touchant, prenant et esthétique, mais qui n'arrive pas à atteindre les ambitions qu'il semble délibérément avoir. Nous avons au final vécu un visionnage divertissant, qui manque d'impact dans ses idées progressistes et ses scènes émotionnelles, et qui aura du mal à nous marquer longtemps après notre séance de cinéma, quand bien même nous étions parés pour.
Note : 3 étoiles sur 5
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