TEST de Assassin's Creed Valhalla : une épique saga destinée au succès
Assassin's Creed Valhalla : C'est avec grand plaisir que nous nous sommes replongés dans l'Animus afin de revivre les mémoires d'Eivor, une simulation répondant parfaitement à nos attentes.
La trame des Nornír
Deux ans après l'excellent Odyssey, qui a divisé les fans de la licence, Ubisoft est de retour en force en cette fin 2020 avec Assasssin's Creed Valhalla, sa fantasy viking nous transportant en plein cœur de l'Âge Sombre de l'Angleterre au 9e siècle EC avec une touche de mythologie nordique. Après nos deux prises en mains (ici et là) ayant fait grimper notre impatience, nous avons enfin pu explorer pleinement cet Action-RPG pendant plus d'une soixantaine d'heures afin d'en découvrir toutes les facettes.
Eivor est une héroïne plaisante à suivre.
Outre de premières heures avec une réutilisation simple et efficace du thème de la vengeance familiale liée à l'honneur, le nœud de l'intrigue personnelle d'Eivor se resserre lentement, mais sûrement, sur une prophétie dévoilée en vision par Valka la volva et qui concerne également le frère adoptif de l'héroïne, Sigurd. En plus d'établir un intéressant parallèle narratif avec les évènements de l'Edda poétique, ce cadre un tantinet mystique permet d'inclure des éléments de mythologie et magie tels que se l'imaginaient les Scandinaves. Nous pouvons ainsi littéralement explorer les royaumes d'Asgard et Jötunheim grâce à des hallucinations, sans devoir directement tout justifier par la technologie isu, comme l'avait d'ailleurs bien fait Origins dans son récit de base. Certains des choix que nous effectuons ont également un impact sur ce destin et la fin du jeu, à l'instar d'Odyssey cette fois.
Un inévitable Ragnarök ?
Ce n'est évidemment pas tout, puisque les évènements du présent justifiant nos escapades dans ces mémoires suivent leur cours avec Layla. Du tombeau de Bayek et Aya en Égypte jusque dans les profondeurs de l'Atlantide avec les tristes évènements s'y étant déroulés, l'Héritière des souvenirs n'a pas été ménagée ces trois dernières années et se retrouve désormais confinée (COVID-19 oblige, eh oui) avec les seuls et uniques Rebecca Cranes et Shaun Hastings (derrière l'écriture du Codex servant de base de données), tous ayant subi un relooking plus ou moins perturbant, c'est au goût de chacun.
Le présent et les Anomalies proposent du fan service faisant vraiment plaisir.
Même au sein de la simulation, nous retrouvons l'un de nos éléments préférés des débuts de la licence, à savoir une nouvelle série de vidéos dans la droite lignée de la Vérité d'Assassin's Creed II. Cette fois, pas de glyphe, mais des Anomalies symbolisées par des glitchs visuels. Une fois l'un d'eux trouvé, tout se fige et Eivor laisse sa place à Layla pour des phases de plateforme aériennes avec quelques puzzles qui sont vraiment bien pensées, faisant par exemple intervenir un piédestal avec un rayon à déplacer pour matérialiser des blocs, un système repris ailleurs dans le jeu. Quelques mystérieux dialogues peuvent aussi être entendus lors de cette activité en plus des bribes de vidéo. Vu les alléchants aperçus que nous avons collectés, l'envie d'explorer le moindre recoin pour tous les dénicher est bien là.
OPERARE IN TENEBRIS VT LVMINI SERVIAS
L'autre élément narratif venant s'ajouter à tous ces bons points déjà évoqués, c'est bien entendu les Assassins, ou plutôt Ceux qu'on ne voit pas. Si Origins nous contait leur formation, Odyssey avait pris le parti de ne pas nous en faire incarner un membre en raison de l'époque choisie. Valhalla sert donc enfin à réintroduire la Confrérie et le gameplay allant de pair avec, à savoir les assassinats. Scénaristiquement parlant, nous sommes dans la même zone grise qu'avec Black Flag, avec Eivor rencontrant relativement tôt les représentants de cette faction que sont le charismatique Basim et son élève Hytham. Petit plus par rapport au jeu à l'ère des pirates, la Viking ne sait pas effectuer de Saut de la foi dès les premières minutes du jeu, un souci du détail plus qu'appréciable.
Valhalla réintroduit à merveille les assassinats, la furtivité sociale et les corridors de la mémoire.
Côté gameplay, ce retour aux bases s'accompagne donc de la possibilité d'assassiner discrètement n'importe quel ennemi, sous certaines conditions. En effet, outre les soldats assez basiques, il est nécessaire d'avoir débloqué une compétence pour s'occuper des gros lourdauds voire même d'un boss depuis une hauteur (oui Rued, tu l'as bien mérité). En appuyant longuement sur R1 / RB, un QTE doit alors être réalisé avec succès pour que la mort survienne, des dégâts mineurs étant sinon infligés. Cette idée est juste excellente pour enfin donner un peu plus de poids à cette action et ne pas en faire un passe-partout ruinant l'intérêt des affrontements classiques. Des aptitudes telles que le poison et des compétences comme Cadavre explosif permettent de leur côté de contrôler la zone de jeu, tandis que le sifflement pour attirer les ennemis, nous cacher dans les hautes herbes et autres éléments des précédents épisodes font leur retour. Il est même possible d'enchaîner un assassinat en éliminant une autre menace proche d'un lancer de hache en pleine tête, un vrai régal !
Eivor, y'a pas plus fort !
Assassin's Creed Valhalla ne contente pas que les amateurs de discrétion, puisque le cœur de son système de combat montre une violence plus décomplexée que jamais, avec décapitation et autres coups de grâce aussi mortels que sanglants. Pour les âmes sensibles, le jeu propose dès le départ d'activer ou non ces démembrements, la vue du sang et même la nudité, en plus d'ajuster la difficulté. Eivor ne fait donc pas dans la dentelle hache et bouclier en mains, la base, ou toute autre combinaison trouvant grâce à nos yeux. L'évolution de cette partie du gameplay nous permet donc de manier jusqu'à deux armes à la fois au combat, dont la Lame secrète, pour effectuer des combos meurtriers avec une main principale dirigeant l'action et la secondaire en support. Marteau, lance, épée et fléau sont ainsi autant d'outils de mort à notre disposition, et leur qualité prédomine cette fois sur la quantité.
Assassin's Creed Valhalla montre une violence plus décomplexée que jamais.
C'est sur ce point que toute la progression change radicalement, puisqu'il n'y a plus de niveau classique, l'XP obtenue assez régulièrement nous octroyant des points à dépenser dans ce sphérier n'ayant rien à envier à celui de Final Fantasy X. Concrètement, il est constitué de cases et nœuds de statistiques avec pour chaque constellation une compétence passive ou situationnelle. De cette manière, nous pouvons orienter notre style de jeu avec trois voies, celle du corbeau, clairement dédiée à l'aspect Assassin, du loup et de l'ours, qui entrent donc en synergie avec l'équipement. Chaque point dépensé augmente par ailleurs notre Puissance, qui sert d'indicateur de rapport de force face aux ennemis peuplant les zones de jeu, orientant ainsi notre exploration, ce qui n'est pas spécialement un mal. Autant dire que tomber sur un world boss à 340 de Puissance en étant bien en dessous de ce nombre signifie une mort brutale, réservant ainsi certaines activités annexes à la fin du jeu. Dans tous les cas, nous sommes régulièrement récompensés de nos actions, avec un vrai sentiment de progression.
Des mondes d'une incroyable richesse
En bonne Viking, Eivor prend donc part au cours de l'aventure à de grandes batailles visant notamment à faire tomber des forteresses, avec défonçage de porte au bélier, batailles de mêlée assez chaotiques ou utilisation de scorpions (grandes arbalètes sur pied) pour une totale immersion dans la barbarie de l'époque. Le pillage en faisait partie et, avec notre équipage dont six membres sont choisis par nos soins, nous attaquons des villages pas toujours bien défendus en massacrant à tour de bras les soldats et mettant le feu aux maisons, le but de ces sacs étant de récupérer de précieuses ressources pour faire prospérer notre colonie. Outre s'occuper des forces adverses, nos alliés aident aussi à enfoncer des portes et ouvrir les plus gros coffres, même s'il faut parfois patienter quelques secondes qu'ils daignent se déplacer... Bien qu'il soit possible de déclencher un Raid une fois infiltré jusqu'au trésor, cela brise à notre sens l'aspect immersif et attrayant de l'activité, de même que le raccourci pour appeler notre embarcation, qui apparaît alors presque comme par magie, moins subtilement que pour notre monture. Après tout, cela reste un jeu.
Une bande-son tout bonnement sensationnelle et des moments de contemplation à couper le souffle.
Dans tous les cas, les environnements dégagent un charme fou. Blizzard brouillant notre vision, forêts et étendues verdoyantes grouillant de vie - pas toujours bien amicales d'ailleurs -, marécage embrumé et malsain, cotes érodées par la mer au coucher du soleil, cette vision du Moyen-Age à la sauce viking offre des moments de contemplation à couper le souffle. Les ruines romaines empreintes de gigantisme, surtout à Lunden, se mêlent elles parfaitement au paysage, nous évoquant Brotherhood. S'il y a bien un point sur lequel Ubisoft ne déçoit jamais, c'est ce sens de la recréation historique invitant au voyage. Et quel périple ! Outre la carte en Norvège et une Angleterre qui n'a rien à envier à la Grèce, mais qui intimide moins par son côté masse de terre compacte, nous pouvons également découvrir trois autres maps de bonne taille. Entre le Vinland avec ses autochtones et noms à rallonge qui plairaient à Ratonhnhaké:ton (Connor), Asgard qui s'inscrit dans un style de fantasy délicieux et Jötunheim qui propose là encore une contrée glacée, le dépaysement est assuré.
Le must reste encore les dédales souterrains, offrant une vraie part de mystère en plus de mettre à l'épreuve notre sens du parkour. Malheureusement, l'imprécision de la navigation peut par moment vraiment agacer, Eivor ayant bien du mal à ne pas s'agripper aux rebords alors que nous voulons juste passer par une ouverture ou nous déplacer rapidement pour récupérer les papiers volants, qui font leur retour à la manière d'Assassin's Creed III. Un retour au gameplay d'Unity dans ce domaine ferait vraiment du bien à l'avenir. Côté mini-jeux, d'intenses parties d'Orlog nous guettent dans les villes, au concept simple et vite addictif avec ses lancers de dés, cachant tout de même une bonne dimension tactique. Des joutes verbales toutes assez uniques nous attendent également, permettant d'accroître notre charisme et ainsi débloquer des options de dialogue. L'idée est excellente, surtout que le flyting fait partie intégrante de la culture nordique, et se retrouve même dans le scénario. Le seul souci pour nous autres non anglophones, c'est que la traduction française retranscrit assez mal les rimes et le rythme des vers, n'aidant pas à choisir la réponse adéquate. Enfin, plusieurs boss optionnels nous attendent en divers lieux, que ce soient des animaux légendaires, les Drengr ayant par le passé combattu avec Ragnar Lothbrok et les Filles de Lerion aux pouvoirs mystiques. Le niveau est relevé pour certains, de quoi proposer un bon défi.
Un vrai retour aux Origins de la saga
Si Monteriggioni et le Domaine d'Avenport vous avaient manqué avec leur côté gestion et hub incontournable, la colonie de Ravensthorpe vous comblera plus que jamais. Cette fois, nous ressentons davantage d'implication à améliorer ce camp pour en faire un village prospère, puisque toute la trame narrative tourne autour de lui et qu'il nous ouvre de nouvelles possibilités de jeu. Bâtir la hutte de Valka permet ainsi de débloquer les royaumes mystiques, tandis que le Bureau d'Hytham donne notamment accès à certaines sagas, des passages qui sont donc obligatoires. Tout un tas de quêtes et évènements pas forcément joyeux viennent aussi rythmer la vie de cette communauté, servant de pause avant de repartir voir du pays. La pêche, le salon de tatouage et bien d'autres se débloquent aussi de la sorte, demandant pas mal de ressources, tout comme la possibilité de créer notre Jomsviking à la caserne. Ce dernier peut ensuite apparaître dans la partie d'autres joueurs qui l'engageront si besoin, nous rapportant un peu d'argent. En plus, il sert d'une certaine manière à montrer nos prouesses, puisque l'équipement est partagé avec celui d'Eivor.
Assassin's Creed Valhalla est un épisode plus complet que jamais et grandiose sur bien des aspects.
Enfin, la partie technique n'est pas irréprochable sur la génération actuelle, laissant par moment à désirer, même s'il y a eu du mieux depuis notre première prise en main dans l'année. Outre les habituels soucis d'éléments du décor s'affichant tardivement à l'écran, nous avons pu noter quelques chutes de framerate, la plus notable étant lors d'une cinématique d'un corridor de la mémoire, des bugs obligeant à sauvegarder puis recharger (le bouclier au début qui était invisible, Eivor coincée dans le décor) et des crashs de l'application (la première après plus de 50h tout de même). Plus situationnel, il semble que les PNJ ne puissent pas sortir d'un certain périmètre lors des missions lorsqu'ils nous accompagnent, refusant parfois de nous suivre. Les chargements parfois trop longs, surtout pour des déplacements rapides, ne sont eux plus un souci sur les nouvelles consoles, mais peuvent sinon casser le rythme de l'action.
Oui, il y avait beaucoup à dire au sujet de cet Assassin's Creed Valhalla, un épisode plus complet que jamais et grandiose sur bien des aspects. « Une épique saga destinée au succès » tel est le titre que nous avons donné à nos impressions, car les développeurs d'Ubisoft ont tissé là un jeu dont le destin évident est de satisfaire l'ensemble de la communauté. Il coche toutes les cases pour nous maintenir dans cette simulation plus d'une centaine d'heures sans aucun mal avec ses somptueux décors, son ambiance sonore envoûtante, ses multiples récits et activités, sans que la lassitude ne s'installe. Nous lui ouvrons donc volontiers les portes du Valhalla, car il s'en est montré digne !
Assassin's Creed Valhalla est vendu à partir de 56,99 € à la Fnac.
- Des sagas prenantes
- Des environnements magnifiques
- Les Raids et Assauts de forteresses à la dimension épique
- Un véritable florilège d'éléments appréciés de la licence
- Une durée de vie et un contenu gargantuesques (Orlog !)
- Une bande-son enivrante bien thématisée
- Bonus : caresser les animaux (chats et chiens)
- Le parkour bien trop souvent imprécis
- Les temps de chargement (sauf sur next-gen)
- Des bugs visuels récurrents, crashs du jeu et chutes de framerate