TEST de Afterparty : comme un arrière-goût de lendemain de cuite en Enfer
Afterparty : Le successeur spirituel d'Oxenfree nous dépeint une vie après la mort comme personne, à expérimenter si vous n'avez pas peur des jeux narratifs.
Un univers bien à part
Avec le temps, Oxenfree a acquis l'amour du public, et plus particulièrement celui des fans de jeux mêlant exploration et narration. Pour son nouveau projet, Night School Studio délaisse la science-fiction, mais garde son envie de mettre en scène de jeunes héros en quête de repères, ici amenés en Enfer après une mort soudaine.
Un humour adulte sans être jamais grossier ou vulgaire.
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L'histoire d'Afterparty impose l'ensemble de son cadre. Nous incarnons ici Milo et Lola, décédés dans de mystérieuses circonstances alors qu'ils devaient aller fêter la fin du lycée avec leurs « amis », un bien grand mot pour ces meilleurs potes marginaux, qui se sont toujours suffi à eux-mêmes. Ils se retrouvent alors plongés malgré dans un Enfer où cohabitent démons et humains subissant leur punition éternelle, et confrontés aux farces et aux procédures administratives de ce monde infernal.
Le principal atout du jeu, c'est bien évidemment cet univers sans pareil, qui tourne un lieu horrible en dérision, sans pour autant masquer ses travers. Torture, luxure et vices sont ainsi montrés à l'écran de manière décalée et non explicite, avec un humour adulte sans être jamais grossier ou vulgaire. Cet Enfer ne manque cependant pas de vie, alors que chaque environnement est prétexte à expliquer un peu plus les passe-temps des locaux, coincés ici pour l'éternité, et qui reproduisent des schémas d'autodestruction bien connus des vivants. Très vite, nous comprenons que la vie après la mort n'est pas si éloignée de la nôtre, et qu'elle va nous faire rire et réfléchir autour de nos problèmes de mortels.
L'Enfer, c'est les autres
Outre son côté « simulateur de marche babillarde » qui casse un peu le rythme et rend l'expérience globalement molle, Afterparty n'en oublie pas de proposer des séquences plus dynamiques, le plus souvent lorsque nous n'avons pas besoin d'avoir la manette en main. Ponctuellement, nous avons droit à des mini-jeux dont nous vous laisserons découvrir la nature, des plus rafraîchissants et amusants, à l'exception du défi final, une vraie purge de laquelle nous n'avons retiré aucun plaisir. Ces moments restent trop rares, d'autant plus qu'ils permettent de redonner un peu de rythme au gameplay bien morne, et manquent d'impact : l'absence de climax évoquée pour les conversations est cependant aussi présente dans les instants d'action, qui manquent de ce petit plus pour vraiment nous impliquer, jusqu'à un « grand final » qui tombe à plat et nous fait regretter un certain manque d'ambition en termes de mise en scène.
L'identité de cet Enfer est unique et marquée.
Afterparty est un jeu totalement tourné vers son histoire, clairement, alors il est difficile de lui reprocher tout cela, mais si vous préférez l'action à la narration omniprésente, il ne vous fera aucun cadeau. Il serait tout de même dommage de passer à côté de cet univers unique, qui brille autant par ses personnages bien écrits que par sa direction artistique. Chaque plan, en intérieur comme en extérieur, est un véritable tableau, avec des couleurs aux reflets fantomatiques qui ressortent des environnements sombres ou rougeoyants. La forme même des personnages et des démons est originale, tout comme le cadrage en vue de côté et presque en contre-plongée, qui donne l'impression d'explorer un diorama cartoonesque.
La fête est finie
Le manque de moyen est finalement l'explication a beaucoup de mots de cet Afterparty, qui manque de moments vraiment mémorables, ne diversifie pas assez son gameplay pour trop se reposer sur son scénario et souffre de beaucoup d'écueils techniques. Les jeux narratifs sont souvent accusés d'être des « simulateurs de marche » et, malgré la beauté de cet Enfer, Afterparty en est clairement un, qui agace autant par la lenteur de ses voyages qu'il pourra oppresser par l'omniprésence de ses discussions : l'aventure a beau se terminer en cinq ou six heures, nous avons dû fragmenter notre partie en sessions d'à peine une heure pour prendre le temps de respirer.
Si vous êtes prêts à passer outre ses défauts systémiques et n'avez rien contre les narrations qui prennent le dessus sur le reste, difficile cependant de ne pas vous recommander Afterparty pour son univers mémorable, ses héros adolescents et rebelles aussi agaçants qu'attachants, sa vibe à la cool qui se ressent autant dans son écriture finement maîtrisée et sa bande-son aguicheuse, et ses moments de détente et de diversité au bar qui redonnent du rythme et l'envie d'aller de l'avant. Une fois la partie terminée, l'expérience reste dans tous les cas positivement en mémoire pour ses qualités et non pour ses quelques lourdeurs, et c'est peut-être ça le principal.
- Une représentation unique de l'Enfer
- La direction artistique digne d'un diorama animé
- Des dialogues riches et raffinés
- La bande-son aux sonorités mystiques et modernes
- De nombreux bugs d'affichage et de collision
- Le gameplay très rigide avec des déplacements lourdauds
- Le manque de climax en termes d'action et d'humour
- La narration omniprésente qui peut étouffer