Tomber dans un trou infini...

1998, la PlayStation et les PC accueillaient la suite directe de l'Odyssée d'Abe, Oddworld : L'Exode d'Abe. Le titre a su marquer toute une génération par ses graphismes, son univers et son ambiance quelque peu particulière. 2021, Oddworld Inhabitants (toujours en vie) décide de faire un remake de cette aventure. Les développeurs repartent de zéro et développent de nouvelles mécaniques et de nouvelles plateformes pour faire saliver les vieux de la vielle et attirer les nouveaux joueurs. Son nom ? Oddworld: Soulstorm. Une production qui a tout pour plaire ? Nous avons passé du temps avec notre extraterrestre préféré, il est temps de vous livrer nos impressions.

Les glitchs sont... trop nombreux.

Commençons avec ce qui saute aux yeux dès le départ : les graphismes. Lors des cinématiques, le rendu est très agréable à l’œil. La peau, les mouvements, les environnements... c'est un plaisir de se poser devant son écran. In-game, par contre, c'est une autre histoire. En effet, bien que certaines textures soient détaillées et nettes, d'autres sont sommaires, quelconques et manquent de peps à l'image. Nous pensons, par exemple, aux petites explosions qui sont représentées par une boule de feu et une légère (et ridicule) traînée de fumée noire. Autre point, diverses animations sont trop rigides, des Mudokons se meuvent comme des robots et ont des expressions faciales figées, sans avoir la possibilité de cligner des yeux.

Autre point et pas des moindres, les glitchs qui nous sortent littéralement de notre monde et nous font tomber dans un vide infini (où nous sommes obligés de passer par les options pour repartir d'un point de sauvegarde afin de continuer notre expédition). Ils sont... trop nombreux. L'une des particularités d'un Oddworld, c'est de fouiller chaque recoin pour essayer de débusquer des passages secrets. Forcément, en essayant de nous infiltrer dans de petites zones, nous sommes tombés sur des bugs fort déplaisants. C'est très énervant. Pour terminer, nous avons constaté de petits ralentissements lorsqu'il y a un brin de folie à l'écran ; comme pendant une course-poursuite survoltée.

Un peu de positif quand même ? Nous avons apprécié la conception des niveaux, la direction artistique est vraiment incroyable. Il est agréable d'apercevoir en arrière et/ou premier plan nos compères en train d’exécuter une action. Par exemple, au début du jeu, nous avons bien aimé voir les centaines de Mudokons s'échapper un peu partout dans les décors. En outre, les paysages sont vivants dans l'ensemble et les jeux d'ombre et de lumière ne sont pas du tout déplaisants. Les particules lumineuses, virevoltant dans les airs, ont également su nous charmer.

Abe a pris un coup de vieux

Oddworld: Soulstorm est un jeu de plateforme où nous devons avancer avec prudence pour sauver nos amis. Ici, la 2D se transforme de temps à autre en 2,5D pour apporter un certain dynamisme à l'image (selon les phases). Seulement voilà, la caméra qui suit automatiquement notre personnage cadre de mauvais angles, cachant par moment des lieux permettant de progresser. Nous devons alors avancer à l'aveugle pour comprendre ce qui se passe et continuer notre voyage.

Frustration quand tu nous tiens...

Concernant la prise en main, là aussi, ce n'est pas trop la joie. Pour faire simple, notre héros manque cruellement de précision et de réactivité. Monter ou descendre sur une plateforme, rouler, sprinter, sauter à un moment « t », tout cela peut devenir un calvaire ! Sans oublier les lourdeurs dans les déplacements où Abe prend la décision de changer de direction. Qui dit remake, dit nouveautés ! Ainsi, l'équipe a modifié pas mal de petites choses concernant les actions de notre protagoniste. Cette fois-ci, il peut exécuter un double-saut, se balancer ou encore se cacher dans des casiers. Mais attendez, ce n'est pas tout ! Notre petit ami bleu a dorénavant... une barre de vie ! En d'autres termes, nous sentons qu'Oddworld Inhabitants veut éviter de frustrer le joueur « moderne » en apportant de l'accessibilité dans un univers connu pour son côté « die and retry » amusant.

De plus, nous avons un inventaire qui nous permet de transporter et de concevoir des objets, afin de neutraliser ou de perturber un ennemi (un Sligs peut être assommé et un opposant endormi peut dorénavant être ligoté) ; sympathique dans l'ensemble, cela apporte un brin de fraîcheur à la licence. En revanche, notez que lorsque nous changeons de niveau, nous perdons tous nos ustensiles durement acquis. Pourquoi ? Grande question. Nous traînons alors des pieds dans les nouveaux lieux pour refaire le plein. Frustration quand tu nous tiens...

Pour ceux qui se posent la question, oui, il est toujours possible de prendre le contrôle d'un rival en usant d'un pouvoir qui se matérialise sous la forme d'une boule lumineuse (disparaissant au bout d'un certain temps). Le but est donc de secourir nos compères en usant de tout ce que nous avons sous la main, afin de les envoyer dans des portails de téléportation. Le problème, c'est que l'IA de nos camarades n'est pas folichonne. Nous avons beau leur donner des directives, en essayant de les guider au mieux, la plupart du temps ils se font trucider par les méchants environnants. Alors quoi ? Nous recommençons pour éviter d'en perdre un maximum, car plus nous sauvons de monde, plus notre « quarma » est bon, et mieux sera la fin du jeu.

Sauve-qui-peut

Sans surprise, Oddworld: Soulstorm est la suite d'Oddworld: New 'n' Tasty!. Les Glukkon oppriment et exploitent le petit peuple, Abe veut libérer les Mudokon de l'oppression des grosses entreprises tuant le monde à petit feu. Chose plus que plaisante, ce remake va plus loin que le titre de 98 en proposant un scénario légèrement différent, plus travaillé, en dénonçant au final notre propre réalité dans un monde virtuel.

Il y a de bonnes idées, mais il y a pas mal d'imperfections.

Le remaniement de l'histoire est une excellente idée qui permet de surprendre les vieux fans et de les captiver jusqu'au générique final. Par ailleurs, en ligne droite sans trop vous soucier des compagnons à secourir, comptez une petite dizaine d'heures pour avoir la mauvaise fin. Si vous explorez tous les recoins des niveaux, qui sont plutôt longs et immenses, comptez entre 15 et 20 heures selon votre skill à la manette.

Dernier point que nous voulons aborder, la bande-son. Les diverses notes que nous avons perçues ne sont pas toutes mauvaises et sont en adéquation avec l'action exhibée à l'écran. Certains bruitages d'antan ont été conservés et les voix aiguës des Mudokons nous ont amusés. Cependant, nous regrettons que le titre soit uniquement doublé en anglais ; le français aurait permis d'avoir une meilleure immersion, surtout que tous les dialogues ne sont pas... traduits. Dommage.

Conclusion ? Il y a de bonnes idées, mais il y a pas mal d'imperfections. La firme aurait dû prendre quelques mois supplémentaires pour corriger les bugs énervants et ajuster le gameplay et la caméra capricieuse pour ne pas frustrer le joueur. Néanmoins, la direction artistique et la trame nous poussent à poursuivre notre escapade en compagnie d'Abe. Oddworld: Soulstorm nous fait éteindre notre console/PC, plusieurs fois, mais l'envie de savoir la suite est plus forte que tout. Espérons simplement que des patchs vont corriger les quelques défauts qui nous font grincer des dents.

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