TEST The Chant : une nuit de retraite tragique dans l'Obscurité
C'est avec une totale liberté de penser prismatique, que nous nous sommes plongé dans ce nouveau jeu d'horreur réminiscent.
Tout bien que tu détiens est un souci qui te retient…
Lors de l'annonce du label d'édition Prime Matter l'an dernier, nous apprenions que le jeune studio canadien Brass Token développait un certain The Chant, un survival-horror à la troisième personne mêlant horreur psychologique et action. 3 novembre 2022, le jeu vient de sortir et nous avons eu l'occasion de le parcourir sur PS5, bien curieux de voir s'il saurait nous faire frémir. Pour être tout à fait honnête, le début de l'aventure manette en mains nous a laissé quelque peu sceptique, nous faisant craindre une douloureuse Agony, avant que les éléments donnant toute sa force au titre ne nous fassent finalement bien accrocher. Pour autant, tout n'est pas si rose sur l'Île de la Gloire, même si le prisme des couleurs est partie prenante de l'expérience.
L'envie de connaître le fin mot de l'histoire est présente jusqu'au bout.
Bref, sitôt le pied mis à terre que nous comprenons rapidement que la retraite de cette chère Kim cache en réalité une secte New Age basée sur la science prismatique et dirigée par un gourou barbu du nom de Tyler. Bon, à priori, rien de bien méchant en apparence avec une séance de méditation sous l'effet d'un thé aux champignons et d'un chant rituel à la tombée de la nuit... mais ça va évidemment mal tourner, l'énergie négative des convives créant alors une connexion avec une autre dimension baptisée l'Obscurité. Pour que tout revienne à la normale, il suffit apparemment de retenter le rituel en présence des six membres de ce groupe, qui possèdent chacun un prisme particulier, Jess incluse. Le hic, Kim a disparu et nous partons alors la retrouver. Nous ne détaillerons pas plus la trame, mais sachez que la structure narrative est assez répétitive sur la forme, avec chaque chapitre centré sur l'un des personnages à partir du deuxième, sachant qu'il n'y en a que 6 au total et que tout prend place le temps d'une nuit. Certaines ficelles scénaristiques sont un peu grosses, sans toutefois nuire à l'ensemble, l'envie de connaître le fin mot de l'histoire étant présente jusqu'au bout.
Sauf une fois au chalet...
Malgré une certaine rigidité dans les déplacements et animations de Jess, le gameplay de The Chant est savamment dosé et rappelle indubitablement celui des Resident Evil. Le camp de la secte fait ainsi office de hub où nous revenons à la suite de chaque chapitre et d'où partent les différents chemins reliant les destinations de l'île que nous explorons tour à tour. Globalement, les itinéraires sont assez linéaires, surtout au départ, avec toutefois quelques embranchements où dénicher des ressources utiles ou en apprendre plus sur le lore. Cet aspect très dirigiste s'estompe quelque peu par la suite lorsque les zones commencent à s'interconnecter. En effet, la progression suit notre obtention des différents prismes, chacun permettant d'entrer dans les poches d'Obscurité de la couleur associée, qui se sont superposées avec notre monde. Des portes classiques en bois peuvent être barricadées, certaines nécessitent la bonne clé, tandis que d'autres font partie des « œuvres d'art » locales, arborant des symboles géométriques. Pour les ouvrir, il faut donc d'abord dénicher les bons morceaux à imbriquer entre eux pour reproduire ladite forme. Notez toutefois qu'un même objet peut ouvrir plusieurs passages différents, mais nous ne voyons pas Jess le reprendre dans le dernier exemple cité, source d'une possible confusion.
Le gameplay de The Chant est savamment dosé.
Ces escapades clairement non désirées nous confrontent donc à des créatures lovecraftiennes issues de l'Obscurité, qui n'apparaissent donc que dans les zones précédemment évoquées, où la tension est palpable, surtout quand elles peuvent nous tuer en un coup. Mandacœurs, gros crapauds Pipa Pipa avec leurs pustules toxiques, Adeptes de la secte corrompus portant des masques de béliers, d'ours, de cerfs et chevaux ou encore une étrange entité très collante sous forme d'une nuée d'insectes... le bestiaire est assez varié par rapport à la durée de vie et nous est présenté avec des documents dans l'environnement juste avant la première rencontre avec chaque espèce, à croire que Jess était attendue. En plus d'eux, plusieurs combats de boss nous mettent à l'épreuve tout du long, celui de fin étant visuellement le plus fou du lot en termes d'horreur. Si nous avons choisi de nous mesurer à presque toutes ces monstruosités, vous pouvez aussi décider de tout simplement vous enfuir, mais l'exploration s'en trouve tout de suite compliquée quand il faut sans cesse surveiller ses arrières. Dans tous les cas, la touche d'esquive est la plus précieuse des alliées ! Nous pouvons également pousser un ennemi et surtout faire appel à des armes de fortune et des pouvoirs surnaturels.
Manger ces ingrédients octroie en plus de l'XP pour un arbre de compétences sous forme de prisme, avec pas moins de 12 améliorations à débloquer ainsi, avant de les augmenter à l'aide de rares Cristaux prismatiques selon trois paliers chacun. Esquive, résistance aux dégâts ou encore effets de la made in Taiwan méditation. Même la récupération des collectibles donne de l'expérience de Mental. Enfin, la roue des prismes sert à utiliser la capacité de chacune de ces pierres, pour un total de six, comme ralentir le temps ou faire surgir des pics au sol. Il n'est toutefois pas possible de spammer ces pouvoirs, car chaque utilisation consomme la jauge de Spiritualité. Vous l'aurez sans doute compris, chaque action doit tout de même être pesée pour ne pas se retrouver en mauvaise posture sans rien ensuite.
Le chant du cygne ?
Visuellement, vous n'allez pas prendre de claque avec The Chant, contrairement aux coups de poing bien violents de certains Adeptes... Peu importe, la direction artistique reste qualitative avec une certaine diversité dans les environnements. Relevons tout de même quelques animations faciales qui prêtent à sourire, mais rien de bien méchant. En revanche, il est dommage qu'au sein d'un même chapitre il puisse y avoir un écran de chargement en passant de l'extérieur à un intérieur, ce qui nous a surpris. C'est d'ailleurs juste après le passage en question que nous avons subi un bug d'interaction pour achever l'ennemi, appuyer sur Croix comme indiqué ne faisant rien. Il nous a fallu mourir plusieurs fois avant que cela passe, et ce sans rien changer de notre côté.
The Chant a su nous captiver.
Pour venir une première fois à bout de The Chant, nous avons mis un peu plus de 9 heures (temps indiqué dans un menu qui nous a rappelé ceux des vieux GTA avec pas mal de statistiques de jeu), sans compter les multiples essais sur certains segments qui nous ont posé un peu de fil à retordre malgré le choix de la difficulté Adeptus (équilibré), les deux autres étant Néophyte (histoire) et Maître (difficile). Avec toutes les bobines et 96 % des notes trouvées, nous avons bien fouillé les environnements traversés. Le jeu peut se finir bien plus vite, surtout en sachant quoi faire, un Trophée/Succès demandant même d'effectuer un speedrun en moins de 4 heures, bon courage. Avec les différentes fins et collectibles, ceux qui le souhaitent peuvent donc prolonger le plaisir un moment, bien que cela ne rajoute pas grand-chose de plus. En revanche, il est dommage qu'il n'y ait aucun mode New Game+ ou de possibilité de sélectionner un chapitre déjà achevé, quitte à ce que la progression soit ramenée à son état antérieur comme le fait si bien A Plague Tale: Requiem.
Pour un premier jeu, Brass Token s'en sort très bien en ayant adapté à sa sauce les codes des titres de survie actuels avec un gameplay efficace et des inspirations des pionniers du genre qui font plaisir, le tout avec une dimension horrifique qui mériterait sans doute d'être encore plus creusée à l'avenir. Loin d'être une retraite spirituelle tranquille, l'intrigue de The Chant a su nous captiver avec son univers tournant autour de la prismologie, tandis que son ambiance a instillé en nous quelques frissons, mais a surtout fait grimper notre pouls lorsque l'action était tendue. Si vous avez été convaincus, vous savez désormais quoi faire : plonger dans l'Obscurité !
Vous pouvez vous procurer The Chant sur Amazon au prix de 39,99 € en Limited Edition.
- Un scénario et un univers accrocheurs
- De l'horreur lovecraftienne qui fait mouche
- Un gameplay qui fonctionne, en partie inspiré de Resident Evil
- Une certaine rejouabilité, surtout pour les chasseurs de Trophées/Succès et amateurs de défis
- Un sound design et une légère OST qui font le job
- Techniquement daté visuellement
- Quelques soucis encore présents (version 1.003)
- Le dénouement est tout de même assez brusque