TEST de The Dark Pictures - Man of Medan, le jeu qui vous donne envie de rejouer à Until Dawn
The Dark Pictures - Man Of Medan : Quatre ans après avoir marqué les esprits avec Until Dawn, Supermassive Games retente le coup du jeu d'horreur interactif réaliste.
Un rendu qui en jette
En 2015, Supermassive Games marquait les esprits avec Until Dawn, jeu d'horreur très inspiré du cinéma de genre, qui nous faisait suivre les mésaventures de huit jeunes partis dans un chalet à la montagne. Toute la saveur de l'expérience venait du fait que nos choix de dialogue et d'action ouvraient ou fermaient des portes narratives, et surtout permettaient à tout ou chacun de survivre au terme de l'histoire. Quatre ans plus tard, l'équipe retente un peu la même chose avec The Dark Pictures: Man of Medan, premier épisode d'une anthologie annoncée par Bandai Namco Games. Pour quel résultat ? La réponse dans notre test !
Difficile en effet de nous prendre au jeu avec ce Man of Medan.
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Lors de notre premier contact avec Man of Medan, force est de constater une chose : graphiquement, le titre est au top. Déjà, les animations faciales sont d'une crédibilité déconcertante, laissant parfaitement transparaître le jeu de qualité des acteurs. Le doublage anglophone est au top et, même si nous avons eu du mal avec la VF de prime abord, le fait qu'elle s’est laissée oublier par la suite témoigne sans doute d'un bon travail de la part des traducteurs (même si quelques blagues sont passées à l'eau durant l'opération).
Le travail sur les visages est tel qu'il met en exergue les défauts des mouvements corporels un peu en dessous, bien que de qualité. Sauf sur quelques plans, les effets visuels et les textures sont de bonne facture, les décors sont détaillés et relativement riches, et il y a un vrai effort de mise en scène, dans le cadrage et le rythme de l'enchaînement des plans. Mais attention, soyez prévenus, l'aventure se déroulant majoritairement de nuit ou dans un navire abandonné, l'ensemble est très sombre, trop sombre à notre goût, et très vite redondant. L'idée est sûrement de nous rapprocher de l'ambiance oppressante et claustrophobe d'un huis clos en haute mer, mais pour nous, cela a surtout contribué à notre ennui.
Au fond du trou
Alors que nous ne sommes pas spécialement réfractaires à ce genre d'expérience quand ces mécaniques sont au service d'une expérience qui les justifie par sa narration et sa dynamique, la recette ne fonctionne que très peu, peut-être par manque d'intérêt du scénario. Nous suivons ici Brad, son frère Alex, sa copine Julia, et le frère de celle-ci, Conrad, louant un bateau conduit par une certaine Fliss pour aller explorer les fonds marins à la recherche de l'épave d'un avion de la Seconde Guerre mondiale.
Certains passages traînent en longueur...
Mais ce qui explique sûrement la majorité des défauts de Man of Medan, c'est sûrement sa durée de vie : comptez entre 3h30 et 4h pour voir le bout de l'histoire des cinq jeunes et savoir qui survivra à leur périple. C'est peu pour mettre en scène une narration tentaculaire aux embranchements dépendant de nos choix, et pourtant, c'est réussi à ce niveau-là, avec une histoire crédible quels que soient nos choix, et des passages entiers qui changent parfois avec de petits détails qui renforcent notre sensation d'agir sur le cours de l'histoire. C'est en revanche clairement trop peu pour nous attacher aux cinq héros, bien définir leur personnalité et nous laisser saisir par le danger de mort imminente qui les guette. Preuve en est avec un système de jauges qui souligne les traits de caractère de nos protagonistes, qui bougent suivant nos choix de dialogues, mais sur lesquelles nous n'avons que rarement l'occasion d'agir : ainsi, la ficelle nous incitant à appuyer sur un élément de la personnalité pour débloquer un arc narratif est bien trop grosse et coupe l'immersion.
L'horreur, c'est meilleur à plusieurs
Sur le papier, Man of Medan a un potentiel de rejouabilité important, de par sa multitude d'embranchements narratifs, mais aussi par sa présence de modes annexes. La Curator's Cut nous permet de revivre l'histoire avec quelques scènes modifiées, en lien avec le twist de fin : c'est gadget, mais appréciable. En Soirée Télé, nous sommes invités à nous passer la manette en local pour que différents joueurs fassent les choix du ou des personnages qu'ils se sont attribués. Immersif et communicatif, ce mode a aussi pour mérite de faire ressortir l'ambiance d'un visionnage de film d'horreur à plusieurs, en diluant les maladresses de gameplay sur plusieurs personnes : c'est certainement le meilleur moyen de découvrir ou redécouvrir l'histoire.
Enfin, dans Histoire Partagée, deux joueurs en ligne font la même aventure en simultané, mais en dirigeant des protagonistes différents. Ainsi, quand le groupe est séparé, nous pouvons vivre des chapitres différents, et quand il est uni, avec deux angles sur la même situation. Sans être essentiel, ce mode permet de redécouvrir un peu le jeu, et surtout d'apprécier la richesse de la créativité dont les développeurs ont fait preuve pour ficeler ce scénario. Ça, au moins, personne ne pourra le leur enlever.
Vous l'aurez compris, nous ressortons peu séduits de ce The Dark Pictures: Man of Medan, dont le manque d'originalité dans la majorité du scénario, les personnages peu attachants, l'univers morne et surtout le gameplay inintéressant nous ont empêchés de rentrer pleinement dans cette histoire. Probablement que certains arrivent à passer outre ces défauts pour profiter des qualités graphiques du jeu, de l'investissement des acteurs, du récit à embranchement où les choix sont globalement fluides et de son twist final malin, qui témoigne à lui seul de toute l'implication et la bonne volonté des créateurs de proposer un produit original et léché. Néanmoins, difficile de ne pas plutôt conseiller de faire ou refaire Until Dawn (du moins si vous possédez une PS4 ou êtes abonné au PS Now), qui est et restera une référence du genre, et qui malgré ses écueils techniques était un hommage encore plus appuyé au film d'horreur, avec plus de fraîcheur, de richesse et de rebondissements.
- Les embranchements narratifs fluides
- La motion-capture très travaillée
- Pas grand-chose à reprocher graphiquement
- Le twist de fin assez malin
- L'inclusion des modes multijoueurs avec des spécificités qui peuvent intéresser
- Une durée de vie rikiki, malgré la rejouabilité
- Tout de même des longueurs et des décors qui tournent en rond
- Le gameplay austère et sans aucune originalité
- Les personnages presque jamais attachants
- Les quelques ficelles du système narratif trop visibles et qui cassent un peu l'immersion