TEST The Great War: Western Front, un RTS suffisamment ambitieux pour être une bonne surprise ?
Petroglyph tente le tout pour le tout et nous offre une alternative honnête aux mastodontes du genre.
Une nouvelle aventure commence
Les connaisseurs ont sans doute déjà entendu parler du studio Petroglyph. À la grande époque, c’est-à-dire en 2006, la structure spécialisée dans les jeux de stratégie s'est fait connaître pour le très sympathique Star Wars: Empire at War. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et pas mal de titres plus modestes avec. Pas besoin de tous les analyser pour se rendre compte que le studio s’est orienté vers des AA sans doute plus abordables. Et si The Great War: Western Front est résolument l’un d’entre eux, il faut avouer que Petroglyph s’est démené pour en faire le jeu le plus important du studio depuis le titre qui a fait sa renommée. Il n’est évidemment pas question du jeu de l’année, mais The Great War: Western Front constitue toutefois une bonne surprise.
The Great War: Western Front fait au mieux avec ce qu’il a, et il s’en sort plutôt bien.
Une seconde option qui s’adresse davantage à ceux qui veulent rentrer dans le vif du sujet, car dans ce cas il y a plus de technologies déverrouillées, plus de bâtiments construits sur chaque territoire et tout simplement plus de troupes sur la ligne de front qui s’étend de Colmar à Calais. Avec ce dernier point, nous touchons du bout des doigts la première grosse faiblesse de The Great War: Western Front. La carte de campagne est beaucoup trop petite pour être véritablement intéressante. Certes, son nom indique bien que Petroglyph n’a pas prévu de sortir une carte du monde de derrière les fagots. Il faut avouer que ça aurait été quand même logique et beaucoup plus intéressant pour parler de la Première Guerre mondiale. Même si nous acceptons le parti pris, la carte du front de l’ouest se limite à une longue ligne de front qui ne donne quasiment aucune liberté quant aux mouvements de vos troupes. Il faut se contenter d’amasser des soldats le long de cette dernière et faire au mieux pour qu’elle progresse en direction de Paris ou de Kreuznach selon votre camp. L’idée même de passer d’une faction à l’autre n’a alors plus beaucoup de sens quand les seules distinctions se situent au niveau d’une poignée d’unités spécialisées.
Tranchées de vie
Alors tant pis pour la rejouabilité, mais pour le reste, nous devons bien avouer que le challenge de la stratégie au tour par tour nous a satisfait. Sans jamais déborder d’originalité, The Great War: Western Front a démontré une certaine générosité. Plus que la belle quantité de soldats que le jeu met sous nos ordres, ce sont le développement des infrastructures et les choix cornéliens typiques de ce genre de jeu qui nous ont donné l’impression grisante de prendre des décisions capitales.
Le gameplay de The Great War: Western Front est bien rodé.
Au mieux, les petits triomphes font baisser le score de soutien national adverse, un 0 étant synonyme de victoire. Pour nous, ce sont des défauts inhérents à une jouabilité qui aurait gagné à s’assouplir. Mais si Petroglyph voulait retranscrire la lassitude que cette guerre a fait connaître à ceux qui l’ont vécu, alors c’est plutôt convaincant. Il y a en tout cas une volonté historique certaine dans la démarche des développeurs qui se sont associés pour l’occasion aux historiens de l’Imperial War Museum de Londres. Nous aurions aimé ressentir ce partenariat à travers un jeu plus ludique qui aurait permis aux joueurs d’en apprendre plus sur cet évènement marquant du 20e siècle. Le contrat n’est pas tout à fait rempli de côté-là, mais Petroglyph est quand même parvenu à créer un gameplay qui nous a semblé assez représentatif de la guerre, en particulier durant les batailles en temps réel qui sont assez uniques en leur genre.
L'enfer de la guerre
À choisir entre les deux modes, les batailles en temps réel ont davantage notre faveur par rapport à la campagne. Cela doit être grâce à ce style si particulier dont nous vous parlions plus tôt. Sur le papier, l’objectif est assez simple : il s’agit de capturer plusieurs points d’intérêt dans le territoire adverse. Pour réussir cela, vous avez à votre disposition une quantité limitée de ressource à utiliser pour appeler des bataillons d’infanterie, des chars, de l’artillerie... Mais aussi et surtout des structures de soutien. Cela correspond par exemple aux dirigeables à approcher des lignes ennemies pour avoir une vision sur celle-ci. Il peut aussi s’agir de bombardement ou d’explosions souterraines très puissantes.
La plupart du temps, ce sera néanmoins des tranchées et des nids de mitrailleuses, le nerf de la guerre. C’est justement la progression à travers ces dernières qui donne au jeu toutes ses couleurs. Comme dans la réalité, le rythme est assez bâtard. The Great War alterne entre moments creux et assauts de grande ampleur où une vingtaine de bataillons viennent s’écraser sur les lignes adverses. Les pertes s’accumulent très rapidement, si bien qu’il faut régulièrement faire appel à l’artillerie et à d’autres unités spéciales pour soutenir l’attaque. Autant d’actions qui demandent des ressources, tout comme la réquisition de nouveaux bataillons. Niveau immersion, nous sommes au top. Et si les combats qui n’impliquent que l’infanterie peuvent paraître un peu pauvres, le titre a un vrai potentiel quand toute la machine de guerre se met en route. Il y avait moyen d’améliorer encore les choses. Nous n’aurions pas été contre un line-up d’unités plus diversifié par exemple.
Voilà peut-être la principale critique que nous pouvons adresser aux batailles, car à cause de cela les vagues d’attaques peuvent également avoir l’air répétitives. Après tout, il est toujours plus ou moins question d’un assaut massif de troufions. Les Batailles Historiques sont une alternative intéressante étant donné qu’elles sont davantage structurées afin que les conditions de la bataille reproduisent le plus fidèlement les évènements historiques dont elles s’inspirent. Bien que cela relève du détail, nous ne nous voyons pas finir sans évoquer le terrain persistant. Au cours de la campagne, les batailles ayant lieu dans la même région reprennent la même carte, à l’impact d’obus près. Plus qu’une volonté esthétique démontrant une nouvelle fois l’ambition de Petroglyph, cela peut s’avérer d’une grande aide stratégiquement parlant puisque les tranchées que vous avez creusées et les dégâts que vous avez faits en territoire ennemi sont aussi sauvegardés.
Force à Petroglyph qui parvient à nous intriguer grâce à un titre qui n’est pourtant pas la définition de la perfection. Et encore, nous n’avons pas souligné certains défauts de finition comme l’absence d’animation des déplacements sur la carte de campagne ou des erreurs grossières de traduction. Tout cela pour dire que The Great War: Western Front fait au mieux avec ce qu’il a, et il s’en sort plutôt bien. Le fait d’avoir un gameplay solide et original, quoique déroutant, y est pour quelque chose. Sa capacité à nous immerger dans les évènements de la Première Guerre mondiale aussi d’ailleurs. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous dire que son budget limité n’explique pas toutes les fausses notes que nous avons pu dénicher. À l’inverse, nous ne pensions pas qu’il pourrait être une alternative à des titres plus importants à cause de sa condition et force est de constater que nous nous sommes trompés.
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- Jouabilité originale pour un RTS
- Le mix tour par tour et temps réel fonctionne toujours aussi bien
- Relativement complet
- Les terrains persistants
- Un feeling Première Guerre mondiale qui marche
- Carte de campagne trop petite
- Campagne et batailles parfois trop répétitives
- Faible roster et peu de différences entre les deux factions
- Les combats n'impliquant que de l'infanterie sont moins prenants
- Manque de finition