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Gran Turismo film final affiche poster

CRITIQUE de Gran Turismo : non, ce n'est pas qu'un film pour les gamers

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Produit, tourné et monté en à peine plus d'un an, le Gran Turismo de Neill Blomkamp est déjà là. Et il a tout ce qu'il faut pour être un bon divertissement estival.

Si les adaptations de jeux vidéo ont été nombreuses par le passé, nous n'avions pas encore eu de blockbuster où un joueur et son jeu favori sont au cœur de l'histoire. C'est pourtant ce que propose Gran Turismo, film de Neill Blomkamp et Sony Pictures racontant l'histoire basée sur des faits réels de Jann Mardenborough, jeune anglais passionné de sports automobiles dont la vie va changer quand il va être sélectionné pour la première Nissan GT Academy, compétition visant à recruter les meilleurs joueurs de Gran Turismo pour en faire de vrais pilotes. Le long-métrage n'est donc pas une adaptation au sens propre du terme, mais plutôt un biopic sur un joueur pas comme les autres, un e-sportif amateur qui veut devenir pilote professionnel.

Un biopic grisant, où nous étions vraiment investi dans des courses à l'issue pourtant évidente.

Gran Turismo film pic 2Un tel projet peut avoir des airs d'encart publicitaire payant de plus de deux heures, et il y ressemble parfois. Les premières scènes sur l'héritage de la saga ou les passages autour de développeurs starifiés ressemblent parfois à des cinématiques promotionnelles, et les mots élogieux sur la franchise et son gameplay plus proche d'un simulateur de conduite que d'un jeu vidéo classique rappellent les communiqués de presse de Polyphony Digital. Il en va de même pour les jolis plans sur les voitures qui sentent bon le chèque de Porsche ou Lamborghini pour avoir droit à une présence appuyée à l'écran. Mais l'image de Nissan n'est pas non plus toujours toute lisse, portée par le représentant marketing Danny Moore (Orlando Bloom) plus intéressé par le succès de la GT Academy que le bien-être de ses poulains.

Aux côtés de Jack Salter (David Harbour), ancien pilote reconverti en ingénieur stratège et exigeant, et Steve Mardenborough (Djimon Hounsou), père aussi craintif pour la sécurité que l'avenir professionnel de son fils, il compose un trio de figures paternelles complémentaires. En dehors de quelques incartades dans le surjeu, ces acteurs arrivent à mener le long-métrage avec réussite, mais c'est l'acteur principal Archie Madekwe qui imprime le plus par sa bonhommie rayonnante. En revanche, les autres figures reconnaissables sont trop nombreuses pour être traitées avec soin et offrent un casting dont le manque de nuance aurait presque un côté kitsch attachant. Les concurrents et l'entourage de Jann, dont une amie qui n'est là que pour une intrigue amoureuse sans relief, mais quand même mignonne, forment en effet une bande de gentils et méchants presque cartoonesques, jusqu'aux noms très clichés (coucou Marcel Durand).

Gran Turismo film pic 1Peu importe, ce qui compte vraiment, c'est que nous sommes emportés dans la quête de réussite de notre jeune joueur, confronté aux dures réalités du sport automobile. Bien armé de son expérience de joueur, il va enchaîner les exploits et contretemps, pour un biopic grisant, où nous étions vraiment investi dans des courses à l'issue pourtant évidente. La dramaturgie sur et en dehors de la piste étant assez limitée, les ressorts de tension sont vite redondants, mais le scénario n'hésite pas à se confronter à des sujets plus difficiles pour se diversifier. Le danger de mort sur la piste ou l'élitisme d'un milieu riche et népotique planent ainsi en permanence, quitte à égratigner potentiellement l'image lisse de la discipline et de ses sponsors au cœur de la production, et à toucher le sujet de la culpabilité d'un pilote lors d'un accident avec un peu de maladresse.

En parlant d'image lisse, c'est ce que propose visuellement ce Gran Turismo. À mille lieues des autres réalisations de Neill Blomkamp aux mondes faits de ghettos futuristes, ce film se veut stylé, propre et forcément un peu lisse. Voitures rutilantes, plans de caméra aériens, point de vue depuis des bolides à pleine vitesse : c'est impressionnant, surtout que cela semble faire appel à peu ou pas d'images de synthèse. Le rendu ressemble à beaucoup de choses que nous avons vu dans des spots publicitaires, d'autres longs-métrages du genre ou même le jeu vidéo, mais ne faisons pas la fine bouche, il y a ce qu'il faut pour vibrer lors des dépassements et franchissements de ligne.

D'ailleurs, si quelques plans sont directement repris du jeu pour des questions narratives, d'autres s'en inspirent directement, que ce soit via des angles qui rappellent les cinématiques promotionnelles des jeux, ou des rappels directs à son identité visuelle. Il y a en effet beaucoup d'incrustation en réalité augmentée, de visuels de voitures déstructurées (avec de la CGI pas toujours au top), des plans avec un HUD ou même un affichage de l'aide à la trajectoire. Cela semble parfois forcé pour rappeler les origines de joueurs de Jann, mais donne aussi une identité à un film qui en avait bien besoin.

Et s'il y a beaucoup de scènes sur et aux abords de la piste, il y a aussi bien d'autres choses à déguster, que ce soit les moments drôles ou amusants sur la jeunesse dans la classe moyenne voire défavorisée du protagoniste, des questionnements sur la prédestination sociale et la volonté de suivre ses rêves coûte que coûte, ou même des instants plus étonnants. Entre des scènes décalées usant de musiques populaires appréciées par les personnages, un séjour romantique à Tokyo et une Marseillaise qui résonne dans une ambiance militariste perturbante, il faut avouer que le film nous balade parfois là où nous ne l'attendions pas.

Gran Turismo film head

Dans tous les cas, ce Gran Turismo réussit son pari : faire résonner la passion pour l'automobile chez les joueurs, les férus de circuits et même au-delà. Difficile de ne pas être pris par le parcours de ce jeune et attachant Jann, au fil de courses palpitantes que nous aurions aimé voir encore plus longtemps. Un film sur l'e-sport amateur, la passion pour une discipline, un héros qui dépasse ses limites et une industrie fascinante par son spectacle, ses problèmes et ses circuits internationaux qui font rêver, Gran Turismo a tous les codes du divertissement facile et efficace. Malgré son classicisme autant du côté de la mise en scène que des personnages, des acteurs pas forcément au meilleur de leur niveau et des passages qui frisent la pub Nissan ou PlayStation, son rythme et ses rares excentricités suffisent à un visionnage plaisant, où nous avons vibré aux sons des moteurs et des victoires.

Note : 3 étoiles sur 5

Gran Turismo 7 est disponible à partir de 48,99 € sur Amazon.fr.

redacteur vignetteAuxance
Rédacteur
Rédacteur préféré de ton rédacteur préféré depuis 2009, passionné de musique qui fait boom boom, adepte de séries comiques en tout genre. J'ai un peu trop joué à Pokémon dans ma vie.
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