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DOSSIER - Les jeux vidéo et le cinéma

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Deux médias intimement liés depuis des années, avec leurs échecs, leurs succès, mais surtout leurs héritages. Un long dossier pour comprendre les nombreux liens entre les jeux vidéo et le cinéma.

Si la plupart des réalisateurs qui adaptent des jeux vidéo au cinéma le font dans un but mercantile, ils ne le crient pas dans la presse spécialisée. Ce n'est pas le cas de tous. Uwe Boll, en effet, affirme haut et fort réaliser ses adaptations d'une qualité très pauvre dans le seul but de faire de l'argent. En tant que réalisateur, il a adapté huit films, passant par tous les genres, de l'horreur (House of the Dead, Alone in the Dark) à l'action (FarCry), en passant par la comédie politiquement incorrecte (Postal).

uwe_boll_03Pourtant, Uwe Boll est loin d'être un homme idiot et dénué de bon sens. Né en 1965 à Wermelskirchen, à l'Ouest de l'Allemagne, il réalise de nombreux courts-métrages en Super 8 avant d'intégrer une école de réalisation à Munich. Diplômé d'un doctorat en littérature, il a aussi suivi des cours d'économie à Cologne. Dans sa culture cinématographique, il cite des chefs d’œuvres comme Apocalypse Now, Taxi Driver et Citizen Kane comme ses films favoris. Dans les années 90, il réalisa plusieurs films, tous aussi mauvais les uns que les autres, allant de la comédie dramatique au film d'horreur. Ces films n'ont jamais été diffusés en dehors de l'Allemagne et sont introuvables en vidéos. En 2000, Uwe Boll décide de créer sa propre société de production, la Boll KG. Grâce à sa nouvelle société, il réalisera trois films relativement moyens, dont deux thrillers invitant des acteurs du film Starship Troopers.

C'est en 2003 que le réalisateur allemand décide de réaliser des adaptations de jeux vidéo. En effet, en adaptant des jeux, le film bénéficiera déjà de la renommée de la licence, et donc assure des ventes à l'international. Uwe Boll ne s’intéresse donc pas aux jeux en eux-mêmes. Lors d'une interview, il l'affirme clairement, les adaptations de jeux vidéo sont « plus faciles à vendre ». C'est donc cette année-là que sort House of the Dead, adapté du jeu éponyme développé par SEGA. La série est bien connue des joueurs, et tous sont unanimes : il est impossible de l'adapter au cinéma.

house-of-the-dead-iii-14Le jeu, sorti sur borne d'arcade en 1996, est un rail-shooter. Le joueur se saisit d'une arme factice reliée à la borne, et tire sur les morts-vivants qui se présentent à l'écran. La caméra et les mouvements du personnage sont contrôlés par la machine, le joueur ne contrôle que le viseur de son arme. Abordant déjà un gameplay simpliste, le scénario n'est pas explicitement développé dans le jeu. Le joueur incarne un homme, sûrement un policier, à la recherche d'une femme dans un manoir infesté de morts-vivants. Impossible donc d'adapter ce jeu en un film de qualité. Ce n'est pas ce qui empêche Uwe Boll de réaliser son film et de tourner ce qui est considéré comme la pire adaptation jamais réalisée, mais aussi un des pires films au monde. Rien dans ce film n'est à garder, l'ensemble étant indigne d'un film de cinéma, pour de très nombreuses raisons.

Le scénario ne reprend pas celui du jeu d'arcade. Ici, le film suit un groupe de jeunes adultes voulant se rendre sur une île pour assister à une rave party. Sur place, ils découvrent que tout le monde a été transformé en zombies et décident donc de survivre, accompagnés du capitaine du bateau et d'un agent de police, en attendant les secours. Le réalisateur tente bien de rappeler au spectateur qu'il est devant une adaptation d'un jeu vidéo, en installant une banderole estampillée SEGA sur la scène de la rave party, ou encore en utilisant des images du jeu d'arcade comme transition entre les scènes. D'un effet ridicule, ces images font plus sourire le spectateur que combler le joueur.

 


En plus d'être une mauvaise adaptation, House of the Dead est un mauvais film de manière générale. On house+of+the+dead+1trouve en effet de très nombreuses erreurs techniques, comme un rail de travelling dans le champ, ou encore les trampolines servant à faire bondir les acteurs apparaissant dans le cadre. On pourrait croire à des erreurs de débutant, mais Uwe Boll en est déjà à sa huitième réalisation. En plus de cela, les effets spéciaux tout comme les décors ne sont pas crédibles, les mouvements de caméra ne veulent rien dire et le jeu des acteurs est mauvais. Même Jürgen Prochnow, acteur emblématique du cinéma allemand avec son rôle dans Le Bateau, arrive ici en incarnant une parodie de lui-même, capitaine froid d'un bateau de pêche à la dérive. Le réalisateur tente de reproduire l'effet de bullet time, popularisé grâce à Matrix, mais faute de moyens, ou de talent, c'est le cadreur qui tourne autour des acteurs, ceux-ci gardant la pose. Cela donne donc un effet ridicule, très peu crédible et fait davantage sourire qu’impressionner.

Il est évident qu'Uwe Boll a réalisé ce film pour essayer de s'ouvrir au cinéma américain. On retrouve tous les codes des teenages movies, mais la recette ne fonctionne pas. Ponctué de scènes gore, de jeunes femmes aux seins nus et d'action à foison, le spectateur a plus l'impression de se retrouver devant un film bâclé, ou fait entre amis amateurs, plutôt que devant une réelle production cinématographique. Ainsi, dès sa première adaptation, Uwe Boll s'attire les foudres des joueurs, en démontrant son incompétence à réaliser un film correctement et encore moins à réaliser une adaptation digne de ce nom.

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House of the Dead, quinzième plus mauvais film au monde selon IMDB.

Commenter 18 commentaires

Molto
Très beau dossier en effet, je tiens juste a interrompre ma lecture, pour signaler que l'inventeur du "mocap" en jeux vidéos, était, il me semble, Prince of Persia, en 1989, et pas FIFA ou je ne sais quelle abomination ;)
Très bon jeu par ailleurs, et merveilleuse image du die&retry, massacré au cinéma, bien plus tard ;)
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Near
Une penséé pour le ou les correcteur(s) qui ont corrigés ce dossier. :mrgreen:

Je me ferai une pause lecture cette après-midi pour lire tout cela Clint008. J'ai parcouru les pages et j'ai repéré des films qui ont traumatisé mon enfance. :lol:
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Mykkoo
Très bon dossier, qui me rappelle un peu un autre ex-chroniqueur d'un site concurrent, agréable à lire et qui retranscrit bien ce qu'on peut ressentir devant Super Mario Bros et Street Fighter (les autres, je ne les ai pas regardé).

Merci :D
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