DOSSIER - Les jeux vidéo et le cinéma

Si, depuis plusieurs années, les milieux du jeu vidéo et du cinéma commencent à se confondre, c'est que chacun exploite les capacités de l’autre. En effet, une des composantes essentielles des jeux actuels est l'utilisation des cinématiques. Ces phases de non-jeu servent en général à faire avancer l'action plus rapidement et permettent d'en apprendre davantage sur le scénario du jeu. Certains titres sont réputés pour leurs cinématiques très travaillées et parfaitement mises en scène, si bien que l'on a parfois l'impression d'assister à un véritable film d'animation. C'est le cas avec la série Metal Gear Solid, créée par Hideo Kojima.

Le jeu nous permet d'incarner Solid Snake, soldat américain devant s'infiltrer dans une base secrète pour enquêter sur une arme de destruction massive, le robot Metal Gear. Kojima s'inspire de toutes ses références cinématographiques pour inventer ce jeu. En effet, le physique comme le nom de Solid Snake viennent de Snake Plissken, héros de New York 1997 de John Carpenter. Le scénario rappelle celui des films hollywoodiens traitant de la Guerre froide, et les scènes d'action sont un mélange entre les productions du chinois John Woo et celles de John Ford. Mais ce qui frappe dans Metal Gear Solid, c'est la qualité de la mise en scène des cinématiques. En empruntant des idées de cadres, de placement de personnages ou même des dialogues au cinéma, Hideo Kojima réalise des cinématiques dignes des plus grands films actuels. Le japonais laisse tellement sa culture et son imagination prendre le dessus que Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots contient plus de 20 heures de cinématiques, soit une durée supérieure aux phases de gameplay. Devant sa maîtrise à mélanger le cinéma et le jeu vidéo, Kojima émeut les foules.

Par ailleurs, la cinématique dans un jeu vidéo peut être considérée comme un trophée pour le joueur. Certains jeux vidéo sur borne d'arcade comme DoDonPachi, un shoot'em up particulièrement difficile, proposaient une cinématique à la fin du jeu. Ainsi, des centaines de pièces ont été englouties par les machines pour que le joueur puisse enfin voir cette phase d'animation. De plus, chaque jeu vidéo proposant une aventure jouable en solo conséquente se doit de proposer une cinématique de fin de jeu, comme Half-Life ou Deus Ex, où après vingt heures de jeu, le joueur se voyait récompensé d'une cinématique servant d'épilogue au titre en question. Il est ainsi gratifié d'une longue cinématique, parfois au niveau de certains courts-métrages.

En 1999, le skateur Tony Hawk a sorti un jeu à son effigie. Le titre proposait, à chaque fois que le joueur finissait une carrière, une courte vidéo du skateur ; soit des interviews, soit des cascades réalisées par Tony Hawk lui-même. Ainsi, de nombreux joueurs fans du skateur ont joué à ce jeu uniquement pour pouvoir regarder ces vidéos exclusives.

Bien que la série des Metal Gear Solid reste avant tout une série de jeux ponctués savamment par des cinématiques très mises en scène, certains jeux instaurent le doute quant à la limite entre jouer à un jeu vidéo et regarder un film. En effet, le principe même d'un jeu est de jouer, c'est-à-dire contrôler son avatar dans un environnement, que ce soit une voiture sur un circuit ou un soldat sur un champ de bataille. Ces phases de jeu, appelées aussi phases de gameplay, laissent le joueur libre de ses choix et tant qu'il n’interagit pas directement avec un élément essentiel à la continuité de l'histoire, le jeu n'intervient pas.

Rarement un jeu n'aura été si cinématographique