TEST - Outlast : la peur au ventre

Miles Upshur est un journaliste d'investigation qui furète là où les autres ne plongeraient même pas un sourcil. Autant dire qu'il est beaucoup plus téméraire qu'eux. Et quand il reçoit un mystérieux courrier lui indiquant que des choses pas très catholiques se passent à l'asile de Mount Massive, le principal intéressé fonce tête baissée. Bien évidemment, l'édifice sert de base secrète pour des expérimentations bizarroïdes de Murkoff Psychiatrics Systems, un géant qui camoufle des activités ultras rentables derrière de fausses œuvres de charité. Miles Upshur ne pouvait pas laisser les choses se faire plus longtemps... Mais à quel prix ?

Outlast se donne les moyens de ses ambitions : tout faire pour ne pas rassurer.

Faire peur, dans un jeu vidéo, cela a souvent été l'apanage de Shinji Mikami, papa des Resident Evil qui a su offrir on ne sait combien de moments de frousse intenses. Depuis et après une période d'âge d'or avec les Silent Hill et autres, le genre survival-horror est retombé aussi vite qu'un sursaut d'effroi. Il y a une raison à cela : les mécanismes de la peur fonctionnent toujours de la même manière, provoquant une certaine routine dans les activateurs émotionnels (un couloir en T et un monstre qui bondit d'un des deux côtés, ndlr). À force, la sauce ne prenait et ne prend plus. Comment s'en sort Outlast sur ce point ? Plutôt très bien en réalité. Car plutôt que de travailler sur ces ingrédients éculés, les développeurs ont préféré jeter leur dévolu sur l'ambiance, à l'instar des Dead Space (les deux premiers du moins). En ressort une atmosphère lugubre à souhait et cradingue, qui plonge le joueur dans un état de stress constant et addictif, qui donne autant envie d'arrêter que de continuer. Pour faire simple, chaque pas est un mètre de plus vers l'enfer, un enfer qui tend les bras et qui se délecte des moindres cris que vous ferez. En profitant du titre tard le soir, avec les volets fermés, il faut s'attendre à de très, très grosses frayeurs...

La narration, qui commence doucement, mais sûrement, par une arrivée en voiture, est le principal complice d'Outlast. Elle se matérialise par la possibilité de filmer notre aventure façon Projet Blair Witch ou son rejeton [REC] (des documenteurs pour les intimes), entre mise en abîme et hommage (réutilisation de certains codes), comme si le héros s'attendait à ne pas revenir. Pour laisser une trace qui fera office de témoin. Elle se matérialise aussi par les gribouillis que griffonnent le reporter sur son calepin, afin de mieux partager ses états d'âme, ses craintes, ses doutes. De fait, nous assistons, impuissants, à la mort de sa santé mentale. Pire nous lui donnons la main pour qu'il ne s'en sorte jamais. Absolument jamais.

Graphiquement, Outlast n'est pas vilain à regarder. Il n'est pas foncièrement attrayant non plus. Nonobstant le fait qu'il s'affiche en 1080p et 60 fps, il aurait très bien pu tourner sur PlayStation 3 ou Xbox 360. Cela se ressent dans les quelques soucis techniques, à l'image des ralentissements çà et là et des temps de chargements in-game qui interviennent parfois en pleine action. Fort heureusement, ces quelques soucis - pardonnables eu égard à ce type de production - sont rattrapés par une bande-son en totale adéquation avec les propos soulevés. Avec son sound design infernal, crachant sans cesse des petits bruits, Outlast se donne les moyens de ses ambitions : tout faire pour ne pas rassurer. Petit conseil pour les anglophobes : pensez à activer les sous-titres dans les options.