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Dredge05

TEST Dredge : oh, la belle prise pour les amateurs de Lovecraft !

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Un jeu de simulation de pêche croisé avec le mythe de Cthulhu ? Oui, ça fonctionne !mportant;height:2px!important;" referrerpolicy=no-referrer>mportant;height:2px!important;" referrerpolicy=no-referrer>

Qui a encore réveillé les Grands Anciens ?

Il faut l’avouer, nous avions complètement occulté Dredge jusqu’à son lancement. Premier titre de Black Salt Games, et édité par Team17, le jeu a pourtant fait pas mal de bruit lors de son lancement à la toute fin du mois dernier, ravissant tous les amateurs de jeux indépendants qui osent de nouvelles choses. Il faut dire que Dredge mélange la pêche, l’exploration en mer et le mythe de Cthulhu. Ce qui, au final, n’a rien de bien étonnant, mais n’avait pas encore été fait en jeu vidéo, nous nous sommes donc lancé dans l’aventure et il est maintenant temps de juger Dredge dans ce test.

Un vrai hommage au mythe de Cthulhu.

Dredge06Dredge démarre de manière tout à fait classique. Nous incarnons un pêcheur qui commence une nouvelle vie dans l’archipel de Marrows, alors que son prédécesseur a quitté son poste pour des raisons obscures. Une aventure qui démarre par un naufrage, notre navire est en ruine, mais le maire a la gentillesse de nous prêter un rafiot pour aller au large pêcher quelques poissons et ainsi rembourser notre dette. Si la direction artistique était un peu plus mignonne, nous aurions presque l’impression d’avoir affaire à un spin-off d’Animal Crossing, mais rassurez-vous, Dredge n’a rien à voir (et la dette est remboursée en quelques minutes, prends-en de la graine Tom Nook).

Rapidement, nous comprenons que des choses louches se passent dans la région. Entre les habitants à l’apparence et au comportement étranges nous avertissant de ne pas naviguer la nuit, des poissons difformes, de mystérieuses lettres jetées à la mer et des objets étonnants remontés à la surface, il y a clairement anguille sous roche. Et justement, un habitant nous informe qu’il recherche des artefacts oubliés aux fonds des mers, sans nous en expliquer la raison, mais il nous invite à l’aider dans sa tâche en explorant les îles de la région, ce que nous faisons avec grand plaisir.

Difficile de trop en dire sur le scénario de Dredge, d’abord pour éviter tout spoil, mais surtout, car il est dans la pure lignée des œuvres littéraires de H.P. Lovecraft, dont il s’inspire ouvertement, même si ni Cthulhu ni aucun autre Grand Ancien n'est explicitement cité. La narration se fait au travers d’une poignée de lettres à trouver en mer, mais surtout avec des dialogues auprès des PNJ, peu nombreux, uniques et tous un peu étranges dans leur genre. L’ambiance est vite oppressante et le joueur est happé par ces mystères, il se laisse porter et avance dans l’aventure l’eau à la bouche, cherchant à comprendre ce qu’il se passe ou ce qu’il s’est passé dans cet archipel... jusqu’à un final complètement décevant. Oui, nous avons lâché un « Quoi ? » plein d’étonnement lorsque le générique de fin a commencé à défiler sous nos yeux, la conclusion est abrupte et terriblement frustrante. Elle laisse un arrière-goût amer, mais il serait dommage de ne retenir que ça tant tout ce qui s’est passé avant est intéressant, avec un vrai hommage au mythe de Cthulhu et des questionnements sur la place de l'humain dans un monde et un environnement pas forcément adaptés à lui et à sa manière de vivre (et de consommer).

♫ À la pêche aux monstres, je ne veux plus aller ♫

Si l’ambiance lovecraftienne est bien présente dans Dredge, le gameplay est quant à lui pour le moins inattendu, car le titre de Black Salt Games est avant tout... un jeu de pêche. Comme évoqué plus haut, nous incarnons un pêcheur, qui part donc en mer pour attraper du poisson et le vendre au poissonnier de l’île. Un gameplay ultra simple : le joueur navigue jusqu’à un banc de poissons puis lance sa ligne et ainsi un mini-jeu demandant d'appuyer au bon moment sur le bouton afin de remonter sa prise plus rapidement. Il faut alors la stocker dans le navire et recommencer, jusqu’à rentrer avant la nuit.

Un gameplay intelligent et complètement addictif.

Dredge02Sur le papier, le gameplay de Dredge nous effrayait tant il semblait simpliste et répétitif. Finalement... il l’est quand même un peu, mais il sait être également intelligent et, combiné à d’autres mécaniques, il devient complètement addictif. Les QTE varient en fonction du type de poisson, il y a aussi des trésors à pêcher, tout comme des ressources servant à améliorer son navire. Au début de l’aventure, le bateau est lent, n’éclaire pas grand-chose et ne peut pêcher que des types de poissons très limités, mais au fil de l’aventure, le navire évolue, invitant le joueur à collecter poissons, trésors (pour l’argent) et ressources (pour les améliorations) afin de construire un bateau plus polyvalent et efficace, mais dont l’apparence n’évolue malheureusement pas. Entre la pêche, la gestion de l’espace de stockage et les améliorations du navire, le joueur ne s’ennuie pas et la nuit arrive souvent bien trop vite.

La nuit, c’est un peu la partie « horreur » dans Dredge, même s’il faut bien avouer que c’est assez gentil pour un titre à la Lovecraft. Une fois le soleil couché, les ombres recouvrent la mer et notre pêcheur commence petit à petit à paniquer, voyant des choses terrifiantes comme des yeux rouges au loin, des sirènes de bateau lointaines, des murmures et des lumières. Une plongée dans la folie typique de l’univers lovecraftien, mais qui se montre vite bien palpable, avec des rochers apparaissant au dernier moment, des tentacules sortant de l’eau ou d’horribles poissons nous fonçant dessus pour abîmer notre précieux navire. Partir pêcher la nuit n’est vraiment pas conseillé, même si certains poissons n’apparaissent qu’une fois le soleil couché. Tout au long du jeu, il y a donc une vraie tension latente, le joueur voit l’heure défiler (elle avance uniquement pendant les déplacements et la pêche) et hésite à s’aventurer trop loin d’un point d’amarrage, sous peine de devoir affronter ces horreurs sur le retour. Et pourtant, l’exploration est nécessaire, tout comme la prise de risque, les rencontres avec des créatures sont inévitables... et parfois frustrantes. Une fois la ligne lancée, le bateau est immobile et surtout, la caméra se rapproche, empêchant de voir les alentours pendant le QTE, la pêche de nuit aboutie souvent sur la destruction du navire, nous ramenant à la dernière sauvegarde automatique (souvent au dernier point d’amarrage). Après ces mauvaises expériences, le joueur évite au maximum de s’aventurer de nuit, mais c’est passer à côté de quelques énigmes.

Car en plus de la pêche, Dredge propose de l’exploration avec une quête principale et des missions secondaires répertoriées dans un journal, mais aussi des tâches plus obscures. Les quelques îles du jeu ont parfois sur leurs côtes des objets avec une possible interaction, au joueur de trouver ce qu’il faut faire pour résoudre cette petite énigme pour obtenir une récompense plus ou moins intéressante. Du côté des quêtes secondaires, c’est souvent l’occasion de discuter avec des PNJ étranges nous demandant de livrer un colis à un endroit précis, pêcher un certain type de poisson, rien de bien palpitant, mais comme l’aventure principale est assez courte (environ 8 heures) et que le mystère est au cœur du scénario, le joueur a évidemment envie de toutes les réaliser. Là, la durée de vie grimpe aux alentours des 12 à 15 heures de jeu, mais sachez que certaines missions peuvent avoir un dénouement un peu décevant si vous tardez trop à les terminer.

Enfin, un petit mot sur les graphismes. Dredge est un jeu indépendant, les développeurs ont opté pour une direction artistique dans le pur esprit lovecraftien, mettant de côté le réalisme pour des modèles 3D très simples, mais évocateurs, avec un soin tout particulier apporté aux nombreux poissons à pêcher qui n’arrivent jamais à être appétissants, sans oublier les dessins en 2D lors des discussions avec les PNJ, qui ont tous un côté glaçant et inquiétant. Une technique qui sied parfaitement au propos (et qui permet au jeu de tourner comme un charme sur n’importe quelle machine), et c’est la même chose pour la bande originale : discrète, elle n’en reste pas moins envoûtante et nous accompagne à chaque instant en mer, même si le joueur retient surtout le terrifiant sound design pendant les virées de nuit.

Dredge Bannière

La vie est ainsi faite et nous étions à deux doigts de passer à côté de Dredge, et cela aurait été une sacrée erreur. Black Salt Games livre ici un premier jeu particulièrement bien maîtrisé, avec un gameplay simple, mais intelligent et addictif, une direction artistique qui lui permettra d’être reconnu au premier screenshot et une histoire inspirée d’un grand nom de l’épouvante, qui arrive à la fois à captiver le joueur, mais aussi à le décevoir dans sa conclusion. Il n’est bien sûr pas simple de conclure un scénario aussi flou et obscur, mais il y avait sans doute mieux à faire ici. Quoi qu’il en soit, Dredge est une très bonne pêche pour les amateurs de jeux indés et d’univers lovecraftiens, même si son prix de base (24,99 €) peut en rebuter plus d’un.

Dredge est disponible sur PC, PlayStation 4, PS5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch. Vous pouvez le retrouver à 21,24 € sur Gamesplanet ou en Deluxe Edition physique à 39,99 € sur Amazon.

Les plus
  • Un jeu original et passionnant
  • Une plongée dans l'univers de Lovecraft avec monstres et mystères
  • Le gameplay, à la fois simple et complet, et donc addictif
  • La direction artistique soignée de bout en bout
  • Les musiques envoûtantes
Les moins
  • Un final très frustrant
  • La pêche de nuit, plus frustrante qu'effrayante
  • Quelques heures de jeu supplémentaires auraient été bienvenues
Notation
Graphismes
18
20
Bande-son
18
20
Jouabilité
17
20
Durée de vie
14
20
Scénario
14
20
Verdict
17
20
redacteur vignetteClint008
Rédacteur - Testeur

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