Test Switch
Liberated cover 4

TEST de Liberated : BD interactive futuriste pour gameplay raté

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Atomic Wolf s'est inspiré de Sin City et Watchmen pour accoucher d'un jeu... douloureux.

Un futur dystopique... pas si futuriste

Les œuvres littéraires dystopiques d'Orwell et K. Dick ont déjà inspiré un tas de jeux vidéo, mais Atomic Wolf veut apporter sa pierre à l'édifice avec Liberated, un titre narratif nous plongeant dans un futur où la population est ultra connectée et a délaissé ses libertés au profit de la sécurité. Mais Liberated est avant tout un jeu narratif, prenant la forme d'une bande dessinée de style roman graphique, le joueur contrôlant un personnage de temps à autre. Un principe intéressant, mais la recette a bien du mal à fonctionner.

Liberated a une patte graphique intéressante, entièrement en noir et blanc.

Liberated (3)Liberated prend ainsi place dans un « futur proche cyberpunk », qui ressemble quand même beaucoup à notre époque actuelle. Tous les citoyens sont connectés aux réseaux sociaux, l'État assure la sécurité grâce aux systèmes de reconnaissance faciale, les fake news circulent à foison, mais d'autres éléments sont là pour essayer de nous dépayser, comme un système de crédit social lié aux actions en ligne. Si un citoyen n'est pas actif sur les réseaux ou parle négativement du gouvernement, il perd des points, le privant de certaines libertés, jusqu'à être arrêté. Ce n'est pas original pour un sou, c'est vu et revu dans les œuvres dystopiques (et dans Black Mirror), et de manière générale, Liberated a bien du mal à surprendre le joueur avec son scénario. Nous y suivons un groupe de révolutionnaires, bien décidé à dévoiler les complots du gouvernement, avec des séquences de jeu dans les deux camps. Liberated essaye d'éviter de tomber dans le manichéisme, mais c'est souvent raté, l'histoire ne décolle qu'au dernier des quatre chapitres, sans que le joueur ait eu le temps de s'impliquer ou s'attacher aux personnages. Pour un titre narratif reprenant les codes de la bande dessinée et du roman graphique, citant Alan Moore (Watchmen) comme inspiration, c'est loupé.

Autre auteur qui a grandement inspiré Atomic Wolf, Frank Miller, célèbre pour ses romans graphiques et films Sin City. Liberated a une patte graphique intéressante, entièrement en noir et blanc, les onomatopées des tirs nous plongent dans l'esprit BD, le contraste est prononcé et cela renforce plutôt bien l'ambiance sombre et dystopique de l'histoire. Les parties du jeu entièrement narratives sont visuellement plaisantes à suivre, ce qui n'est vraiment le cas des séquences animées en 3D survenant de temps en temps pour accentuer l'action et dignes de la PS2, ni des phases de gameplay en 2,5D. Il est clair que, techniquement parlant, Atomic Wolf a bien eu du mal à aller au bout de son idée, les séquences jouables ne sont vraiment pas belles, le studio a essayé de faire coïncider l'ensemble (BD et jeu), mais ça ne fonctionne que rarement dans Liberated. Le titre souffre même d'aliasing, en Portable mais surtout sur une TV avec le dock, et de gros ralentissement entre certaines cases, sans doute des temps de chargement qui ont du mal à passer. Côté bande-son, les bruitages sont crédibles, mais les musiques d'ambiance sont totalement oubliables, et le titre ne bénéficie d'aucun doublage.

Un gameplay de 1984

Le gameplay du jeu n'est lui aussi pas à la hauteur des attentes, et pourtant, difficile de comprendre comment, en 2020, il est possible de rater des phases de défilement horizontal en 2,5D, alors que des titres comme Limbo ou Deadlight sont sortis il y a 10 et 8 ans.

Le titre souffre d'un tas de petits bugs.

Liberated 0Le joueur contrôle ainsi son personnage avec un joystick, et vise avec l'autre, c'est simple comme bonjour, mais il faut compter sur la lourdeur des mouvements, la lenteur des rechargements, un level design parfois capricieux qui cache les ennemis sous des halos de lumière ou derrière des éléments du décor au premier plan. L'arsenal n'est pas varié du tout, avec quatre armes au total, et le titre incite d'abord le joueur à user de l'infiltration, en se cachant derrière des surfaces pour prendre les ennemis à revers, ou simplement en marchant doucement vers eux afin de les éliminer en silence. C'était intéressant au premier niveau, mais le joueur se rend vite compte que les ennemis ont un comportement souvent imprévisible, et qu'il n'y a aucun désavantage à user de son arme. Alors « bam », headshot, et c'est plié.

Heureusement, les développeurs se sont dit que pour varier les plaisirs, il fallait également inclure des phases de plateforme. Quelle erreur... la maniabilité du personnage est rigide, même avec l'arme rangée, il n'a la possibilité que de courir très vite ou marcher très lentement, les hitbox des objets sont vraiment incertaines, il arrive souvent de tomber alors que le personnage aurait dû se raccrocher au rebord, et c'est sans compter sur des soucis de collisions, dont un nous a même obligés à recommencer au point de sauvegarde (heureusement, il y en a très souvent). De manière générale, le titre souffre d'un tas de petits bugs, que ce soit le personnage qui continue de marcher l'arme à la main alors que le bouton n'est pas enfoncé, les corps des ennemis qui volent façon ragdoll, voire même l'impossibilité de sortir d'une cachette, plus aucun des boutons principaux ne répondant...

Ah oui, et il y a des énigmes dans Liberated, car dans le futur, tous les révolutionnaires sont des hackers, devant parfois user de leurs talents pour ouvrir des portes, accéder à des ordinateurs en résolvant des Masterminds et d'autres petites énigmes demandant de relier les points d'un circuit ou alimenter plusieurs sources en même temps en faisant tourner des boutons. C'est chiant, mal expliqué, pas intéressant, ça casse le rythme et n'apporte vraiment rien au jeu. Si encore la lisibilité était au rendez-vous, mais non, certaines énigmes ont été résolues au hasard, sans que nous ayons encore vraiment compris le principe. Histoire d'enfoncer le clou, le titre inclut parfois des QTE dans les cases narratives, rien de bien original, et c'est même parfois un peu difficile. Liberated propose tout de même un mode de jeu taillé pour suivre l'histoire sans se fouler (et s'arracher les cheveux), abaissant grandement la difficulté. Le titre ne propose que quatre chapitres, qui se plient en 45-60 minutes chacun, la durée de vie est très faible, la rejouabilité est inexistante, mais vu le constat final, voir le générique de fin aussi vite est presque positif.

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Sur le papier, Liberated avait tout pour séduire. Une direction artistique soignée inspirée de Sin City, un scénario dystopique, un gameplay oscillant entre la BD narrative et le shooter en 2D, avec des variations dans les phases de jeu (infiltration, énigmes), mais le résultat final n'est pas du tout à la hauteur. Histoire clichée, gameplay lourd, bugs nombreux, énigmes ratées, durée de vie très courte, le jeu d'Atomic Wolf a le même effet qu'un mauvais épisode de Black Mirror : le pitch est bien, mais l'idée globale ne suit pas. Heureusement, ça n'est pas bien long.

Liberated est disponible sur Nintendo Switch, uniquement via l'eShop. Vous pouvez acheter une carte prépayée sur Amazon.fr ou chez Micromania... pour jouer à Inside.

Les plus
  • Style graphique plaisant, très « Sin City » mais sage
  • L'idée de mélanger BD et shooter en 2,5D intéressante...
Les moins
  • ... mais le gameplay ne suit pas
  • Phases de plateformes lourdes
  • Énigmes inintéressantes
  • Scénario très cliché
Notation
Graphisme en mode TV
12
20
Graphisme en mode Portable
14
20
Bande son
14
20
Jouabilité
7
20
Durée de vie
8
20
Scénario
9
20
Verdict
8
20
redacteur vignetteClint008
Rédacteur - Testeur

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