Test
A Plague Tale Innocence test vignette 14 05 2019

TEST de A Plague Tale: Innocence, le Grand Œuvre d'Asobo Studio

par

A Plague Tale: Innocence : Nous proposer une aventure au temps de la peste noire avec des tonnes de rats, ce n'était pas gagné. Mais c'est pourtant une vraie réussite.

Un récit sans fausse note

Lors de l'évènement What's Next de Focus Home Interactive au début de l'année 2017, nous découvrions A Plague Tale: Innocence. Plus de deux années se sont écoulées depuis et le jeu des Bordelais d'Asobo Studio est enfin disponible en rayons. C'est avec un enthousiasme certain que nous avons laissé Amicia et Hugo pénétrer dans notre salon, amenant dans leur sillage des hordes de rats et l'Inquisition... Nous pouvons vous le dire d'emblée, cette sombre aventure ne nous a pas laissés de marbre et a clairement su nous captiver, en voici les raisons.

Il est difficile de rester insensible à la candeur d'Hugo.

A Plague Tale: Innocence

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A Plague Tale: Innocence est avant toute chose un jeu narratif et « d'ambiance », comprenez par là que son principal intérêt ludique est de nous plonger dans une aventure qui se laisse dévorer en quelques sessions, mais dont la rejouabilité est assez limitée. Cela est loin d'être un reproche, bien au contraire, car les développeurs ont ainsi pu mettre tous leurs efforts pour nous proposer leur vision de cette terrible période qu'est la guerre de Cent Ans, à travers un sujet rarement abordé par le médium qu'est le jeu vidéo, la peste noire. Pour accentuer ce fait, aucun choix de difficulté n'est proposé et le HUD se veut minimaliste au possible, le choix étant même donné de passer en mode Immersif, enlevant alors toute interface.

Nous incarnons Amicia de Rune (14 ans), fille d'un seigneur local du Royaume de France, qui n'a pas vraiment eu la chance de voir grandir son petit frère Hugo (5 ans), atteint d'un mal mystérieux depuis sa naissance et accaparant ainsi toute l'attention de leur mère Béatrice. Après de premières minutes où le père et sa fille chassent tranquillement sur leurs terres, l'ambiance paisible tourne vite au cauchemar avec tour à tour l'introduction des deux menaces pesant en cet an de grâce 1348, les rats et l'Inquisition. Cette dernière en a après le jeune enfant, un point central de l'intrigue qui prend une tournure assez osée par la suite. La fratrie va ainsi devoir fuir ces fléaux, tout en cherchant un moyen de guérir les maux d'Hugo. L'histoire, découpée en 17 chapitres, se tient de bout en bout, s'autorisant un brin de fantaisie qui forge son identité, tout en conservant une certaine simplicité dans son ensemble.

A Plague Tale Innocence test 01 14 05 2019La relation entre les deux enfants de Rune est au cœur même de l'intrigue, très touchante et évoluant de bien belle manière au fil des épreuves traversées. Il est difficile de rester insensible à la candeur d'Hugo, qui découvre ici le monde, avec sa beauté parfois si simple et ne tenant à presque rien, mais aussi ses pires horreurs... Il contrebalance par moment avec le sérieux et le tragique de la situation, un contraste bienvenu. Les autres membres du casting ne sont pas en reste, entre les différents orphelins bien attachants qui finiront par devenir nos alliés et les têtes d'affiche de l'Inquisition que sont Nicholas et Vitalis. Leur caractérisation est claire et le jeu d'acteur durant les dialogues ne souffre d'aucune fausse à relever, que ce soit dans notre langue (doublage à utiliser de préférence pour l'immersion) ou celle de Shakespeare.

De l'art et des rats

Autre point fort d'A Plague Tale: Innocence, qui marque dès les premières secondes : sa direction artistique. Nous avons à chaque fois l'impression de contempler un tableau dans lequel les personnages évoluent, aussi sombres et sales que puissent être certains lieux. Rien n'est épargné aux enfants de Rune et le joueur doit donc par moment s'aventurer dans des environnements qui ont de quoi mettre mal à l'aise, avec d'innombrables cadavres (et les mouches qui tournent autour), âmes sensibles s'abstenir. D'autres décors plus naturels avec une végétation dense contrebalancent cet aspect angoissant, bien que l'horreur ne soit jamais bien loin. Dans tous les cas, les effets d'ombres et lumières sont saisissants de réalisme et participent grandement à l'immersion.

Nous avons l'impression de contempler un tableau.

A Plague Tale Innocence test 02 14 05 2019Un soin particulier a également été mis dans l'architecture, qui retranscrit elle à merveille cette époque du Moyen-Âge. Mais parce que l'aspect visuel seul ne suffit pas à donner vie à un environnement, nous pouvons également compter sur un sound design d'exception. Assez tôt dans le jeu, dans une église, nous avons ainsi Hugo faisant sa première expérience de l'écho, plus vrai que nature. Nous nous sommes également surpris en entendant des cris d'oiseaux à nous remémorer certains lieux de notre enfance. Et bien évidemment, les petits couinements des rats ont de quoi mettre mal à l'aise, surtout lorsqu'ils ne sont pas bien visibles. Ajoutons à cela les musiques composées par Olivier Derivière, qui posent vraiment bien l'ambiance, donnant le rythme et le ton de l'action dans les moments les plus intenses, tout en restant discrètes, et nous avons vraiment là un mélange plus qu'envoûtant. Bon, petit bémol à relever, certaines animations manquent un peu de finition et paraissent assez rigides, mais ça reste pardonnable.

David contre Goliath

Les rats constituent donc une menace de tous les instants que nous croirions sortir tout droit d'un cauchemar. Un faux pas et les rongeurs se font un plaisir de nous dévorer. Cela est également vrai pour les ennemis, et le gameplay utilise cet élément pour permettre la progression. Oui, les rats peuvent nous être utiles, tout comme les gardes leur servant de casse-croûte, un parfait équilibre. Craignant la lumière, c'est à nous de bien analyser et utiliser l'environnement pour avancer et résoudre certains puzzles, pas tous évidents de prime abord. Par moment, c'est à l'aide de simples brindilles enflammées que nous devons nous frayer un chemin, se consumant rapidement, de quoi bien stresser.

L'infiltration est la clé du succès.

A Plague Tale Innocence test 05 14 05 2019Les commandes sont des plus simples, Amicia se servant principalement de sa fronde pour envoyer des projectiles sur des éléments de l'environnement, des pierres afin d'attirer l'attention par exemple ou attaquer un ennemi (visez la tête !), ce qui peut aussi être réalisé directement à la main, bien plus discret. Une aide à la visée est présente, mais peut être désactivée, permettant au grand public de profiter du jeu sans souci. Divers mélanges alchimiques peuvent ainsi être craftés à la volée via un inventaire en forme de roue, si nous avons récupéré au préalable les matériaux requis. L'alchimie est d'ailleurs un élément central dans la mythologie du jeu et son intégration est des plus réussies.

Allumer ou éteindre un brasier, endormir un opposant, les possibilités se multiplient durant notre périple, avec une seule constante : l'infiltration est la clé du succès. Cet élément est une vraie réussite, l'IA ennemie réagissant globalement bien dans l'ensemble aux actions d'Amicia et Hugo. C'est un peu moins vraie pour les alliés qu'elle peut ignorer dans certains cas, mais rien de bien méchant ici. D'ailleurs, Amicia peut demander à ces derniers de réaliser certaines actions, indispensables pour outrepasser certains obstacles. Dans tous les cas, se faire repérer par les soldats signifie en général une mort imminente si aucune mesure n'est prise, car un coup suffit à déclencher un game over et reprendre au dernier point de passage. En plus, si nous tuons quelqu'un et qu'elle s'en aperçoit, l'IA se met alors à nous chercher. Des affrontements de boss sont également au programme, suivant à la lettre la règle des trois phases pour en venir à bout, mais un peu trop mécaniques dans leur déroulement.

A Plague Tale Innocence test 03 14 05 2019Il faut néanmoins patienter jusqu'à la toute fin pour que le gameplay d'A Plague Tale: Innocence montre enfin tout son potentiel en combinant l'ensemble des possibilités offertes pour nous faire progresser face aux différents archétypes de gardes à notre guise, une montée crescendo qui va de pair avec l'amélioration de la fronde et de l'équipement, là encore assez rudimentaire, mais qui se ressent tout de même suffisamment pour être gratifiante. Celle-ci se fait via des ateliers répartis à travers les niveaux, une bonne manière de contrôler notre progression.

Ab Ignem ad Lucem

Pour terminer, nous avons affaire à un level design bien travaillé et intelligent. Même si dans l'ensemble il suffit de progresser à travers un « couloir », comprendre par là que les zones sont peu ouvertes, certains recoins plus ou moins bien cachés peuvent abriter quelques matériaux ou collectibles, ces derniers étant parfaitement intégrés au récit et donnent justement une raison de s'y replonger une fois venu à bout des 17 chapitres de l'aventure. Leur durée est variable, mais comptez une bonne quinzaine d'heures pour voir le bout du tunnel.

A Plague Tale Innocence test 04 14 05 2019

Pour conclure brièvement, nous ne pouvons que remercier Asobo Studio pour avoir créé A Plague Tale: Innocence. Si vous êtes adeptes d'expériences narratives fortes et n'avez pas la phobie des rats, vous trouverez là une aventure qui se doit d'être vécue, au gameplay simple et accrocheur, mais surtout à l'univers graphique et sonore ultra travaillé. Nous ne serions clairement pas contre un autre jeu dans cet univers, car Amicia et Hugo nous ont vraiment marqués.


redacteur vignetteOmega Law Alexandre Samson (Omega Law)
Responsable Correcteur - Rédacteur - Testeur
Fan d'Assassin's Creed, amateur de RPG et passionné d'expériences vidéoludiques en général. Lecteur de comics (DC) et de divers mangas (One Piece !). Chimiste et Whovian dans l'âme.
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Les plus
  • Un scénario captivant à l'ambiance rare
  • Des personnages attachants et bien doublés
  • Des graphismes au poil (de rats)
  • Une bande-son envoûtante
  • Un gameplay avec de l'infiltration maîtrisée
Les moins
  • Pas de réelle replay value
  • Quelques défauts d'IA
  • Certaines animations trop rigides
Notation
Graphisme
15
20
Bande son
16
20
Jouabilité
15
20
Durée de vie
14
20
Scénario
16
20
Verdict
17
20

Commenter 5 commentaires

Vendrick34
Comment avec aucune notes ne depassant pas 16/20 vous arrivez a un total de 17/20 au final??

Meme en aditionnant les notes et en les divisant par le nombre de categorie a savoir 5 ont obtiens que 15.2/20...
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krillin_kienzan
Oui mais dans l'absolu si j'ai trouvé plutôt bon tous les différents aspects d'un jeu il est difficilement compréhensible d'en conclure que le jeu est excellent.
Je force un peu le trait mais c'est ça en gros.
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aminekun
Dans les différentes notes, des éléments comme l'ambiance du jeu, ou bien encore le fait d'avoir des personnage attachant/charismatique n'entre pas en compte alors que se sont de réel plus valus pour le jeu.
Donc disons que c'est comme si la note verdict intégrait "les plus" de la conclusion.
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8elze8uth
Totalement sous le charme de cette aventure dans un contexte vraiment original et à la réalisation grandiose, j'espère un grand succès autant critique que publique ce studio le mérite amplement
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