Test
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TEST de The Medium : une petite frayeur sans prétention

par

The Medium : Loin d’être un charlatan, The Medium mise tout sur son message au risque d’oublier le reste.

Le pacte des mous

Il suffit de découvrir les premières secondes de The Medium pour savoir que le jeu va venir heurter nos émotions. Marianne, notre héroïne, nous raconte une journée pas comme les autres où elle doit préparer son père adoptif pour son enterrement. Une situation déjà pas facile qui ne s’arrange guère à cause de ses pouvoirs surnaturels qui lui permettent de parler avec son paternel défunt dans une sorte de monde parallèle. La séquence émotion est pour le moins troublante. Les adieux entre les protagonistes sont déchirants, mais pour le joueur, c’est aussi l’occasion de s’imprégner de cet endroit rempli d’esprit qui ressemble à notre réalité en beaucoup plus glauque. Nous devons avouer que ce choix de direction artistique est plutôt une réussite vu les multiples sentiments qu’elle suscite. Tantôt le dégoût, tantôt la peur et très souvent la peine vu que Marianne côtoie des fantômes souvent confus et torturés au cours de son aventure. Nous devons dire que ce parti-pris sert même plutôt bien la narration en tordant vicieusement le monde surnaturel sans pour autant le rendre agressif. Celui-ci n’est pas une bête représentation de l’enfer, mais un purgatoire plus élaboré où les sombres vérités sont liées à des destins tragiques.

The Medium nous divise autant que les deux réalités qu’il oppose.

The Medium 1Cette qualité n’efface en rien un début d’aventure bien trop terne. The Medium nous souffle le chaud et le froid durant l’intégralité de ses 10 heures de jeu, mais les deux premières heures sont quand même glaciales. La maniabilité est peut-être le point le moins encourageant au démarrage. Marianne est relativement lourde à manipuler et ne dispose d’aucune faculté particulière qui permet d’agrémenter le gameplay. Elle se contente de réaliser des énigmes modestes et d’avancer sans réfléchir dans cette énorme ligne droite qu’est le jeu. À ce titre-là, nous préférons parler de puzzle game plus que d’un jeu d’aventure étant donné que l’exploration est très bridée et pas forcément récompensée. Murs invisibles et éléments inutiles sont monnaie courante dans l’hôtel hanté qui sert de cadre à l’action principale. Et quelque part, heureusement que le jeu est très cloisonné, puisque notre héroïne sprinte à deux à l’heure, rendant chaque déplacement très fastidieux. Il se dégage de la toute première partie du jeu quelque chose de très mou qui n’a rien d’engageant. Ajoutez à cela une ambiance Ghost Whisperer très clichée et vous obtenez un titre un peu creux.

The Medium finit évidemment par muscler son jeu, mais il faut garder à l’esprit que le titre de Bloober Team ne brille jamais dans les moments d’action. La faute aux mécaniques qui ne vont pas chercher bien loin. Les développeurs tenaient pourtant quelque chose de très intéressant en donnant à Marianne la possibilité d’explorer le monde physique et spirituel à la fois. Des phases de gameplay caractéristiques qui se présentent sous la forme d’un écran splitté où notre protagoniste évolue simultanément dans les deux mondes et peut interagir entre les deux réalités. Excellente idée également ces pouvoirs qui permettent à Marianne d’utiliser son sixième sens, de créer un bouclier de lumière ou d’envoyer une impulsion. Autant d’outils qui auraient pu servir à créer un gameplay un peu recherché qui oscillerait entre action et réflexion, mais qui reste cantonné à des énigmes bien trop basiques. Ce n’est pas faute de proposer certains passages plus originaux (des courses-poursuites et des cache-cache en l’occurrence), mais rien d’assez significatif pour nous faire crier au génie. Le game design nous laisse quant à lui un goût d’inachevé. The Medium arrive en général parfaitement à nous faire comprendre où il veut en venir. Il ne faut pas mettre uniquement cela sur le compte de sa simplicité, le jeu n’est pas avare en indices visuels et sonores. Cette caméra qui n’est pas sans rappeler les premiers Resident Evil est également une façon très élégante de nous orienter. En revanche, il nous est déjà arrivé de tomber sur une suite d’actions assez illogiques. L’errance est la sanction directe dans ces cas-là jusqu’à trouver l’élément incongru qu’il nous manquait.

L'ambiance à la rescousse

Presque naturellement, le scénario que nous trouvions trop simple prend le relais pour finalement devenir l’intérêt numéro un de The Medium. Il faut dire que le titre sait nous appâter avec des thèmes adultes assez crus qui ne peuvent pas nous laisser indifférents. Des sujets hétéroclites que Bloober Team a parfaitement su combiner pour nous faire ressentir une batterie d’émotions. Si l’angoisse et la tristesse sont les plus présentes dans ce thriller psychologique, les développeurs savent aussi jouer sur la peur. Tout est dans la mise en scène que Bloober semble maîtriser de bout en bout. En témoignent ces cinématiques qui sont toujours justes, autant visuellement que dans leur propos. Et si nous sommes globalement en accord avec la direction artistique, nous questionnons toutefois l’intérêt de certaines cinématiques qui affichent à la fois le monde réel et celui des esprits. Une manœuvre maladroite de la part des développeurs selon nous, puisque dans ce genre de scène, il est difficile de se concentrer sur les deux actions. Et si ce n’était que ça. Voir Marianne parler seule dans le monde physique nous fait généralement sortir de l’immersion que cette dualité procure en jeu.

Il est juste dommage que l’ambiance de The Medium mette si longtemps à se mettre en place. Il va falloir vous accrocher et faire abstraction du manque de fioriture qui fait cruellement défaut à un titre dans son genre. Ce qui le plombe un peu également, c’est l’aspect technique. Loin d’être mauvais, The Medium est juste inégal dans sa réalisation. Nous avons affaire à un titre particulièrement gourmand, y compris pour un bon PC, qui aligne des cinématiques de bonne facture, mais qui en même temps n’est pas du tout impressionnant graphiquement parlant. Les textures et les effets de lumière ne sont pas foufous non plus et nous devons dire que le visage de Marianne nous a même déçus à plusieurs reprises durant certaines cutscenes. Il n’y a finalement que les voix off qui tiennent leurs promesses de bout en bout. Le doublage en VO de Marianne est très convaincant, mais c’est le seul auquel vous aurez droit (le titre bénéficie tout de même d’une traduction française à l’écrit). Le reste du casting n’est pas en reste et nous retrouvons même un certain Troy Baker (Joel dans The Last of Us Part II) dans le rôle d’une créature cauchemardesque qui devrait vous rappeler le Némésis de Resident Evil 3. Entre le doublage et la bande sonore, il n’y a qu’un pas que nous franchissons pour vous parler des compositions créées par Arkadiusz Reikowski et Akira Yamaoka, musicien célèbre pour son travail sur la série Silent Hill. Le duo délivre des musiques de grande qualité qui nous aident grandement à nous imprégner des évènements morbides que vit l’héroïne.

The Medium

Le postérieur entre deux chaises, The Medium nous divise autant que les deux réalités qu’il oppose. Il est certain en tout cas que le jeu de Bloober Team ne nous a jamais séduits pour sa jouabilité qu’il pense si révolutionnaire. Ce n’est pas tout de pouvoir jouer dans deux mondes différents, encore faut-il donner de la substance à cette mécanique et c’est visiblement ce dont manque le plus The Medium. En restant bloqué sur un gameplay basique de puzzles à résoudre, le titre ne parvient jamais à nous surprendre et ne nous passionne que pour les rares écarts qu’il s’autorise. Il y avait là un gros potentiel qui tombe selon nous à plat. Sa linéarité, sa faible durée de vie et sa maniabilité lourdingue n’arrangent rien au cas de The Medium qui mise tout sur son ambiance. Enfin, ça, c’est en théorie, car en pratique le jeu est long à la détente pour devenir vraiment prenant. Le début de l’aventure donne des impressions de déjà-vu pas très inspirées. Il faut attendre quelques heures avant de vraiment pouvoir ressentir ce que le scénario très sérieux du titre essaye de nous communiquer. La direction artistique et la mise en scène sont pourtant très bonnes, mais malgré tout, The Medium a du mal à passer la seconde. Et même quand l’atmosphère macabre est à son paroxysme, le jeu nous perd avec quelques défauts triviaux qui l’empêchent d’être la claque narrative que nous attendions. Pour un titre qui ne dure qu’une dizaine d’heures, autant vous dire que la fin arrive bien trop tôt.

Les plus
  • Le voyage entre les réalités, une bonne idée…
  • Une histoire prenante…
  • Quelques passages plus inspirés que d’autres
  • Doublage réussi
  • Musique en adéquation avec l’œuvre
  • Direction artistique soignée
  • Maîtrise de la mise en scène
Les moins
  • … malheureusement mal exploitée
  • ... mais qui met du temps à démarrer
  • Linéaire à souhait
  • Maniabilité lourde
  • Faible durée de vie
  • Trop simple
  • Peut mieux faire techniquement
Notation
Graphisme
16
20
Bande-son
17
20
Jouabilité
11
20
Durée de vie
10
20
Scénario
15
20
Verdict
12
20

Commenter 6 commentaires

Malvik2
Merci pour ce test bien écrit qui nous donne vraiment un bon aperçu de vos sensations;)
Pour le reste clairement c’est un peu décevant tout ça, la première grosse exclu Séries X n’est en fin de compte qu’un petit jeu vaguement sympathique...
Il faudra sans doute attendre cette été et Flight Simulator pour en prendre plein la vue sur la new gen de MS; c’est long...;(
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Reptilzz
Si c'est flight simulator la grosse exclue de Microsoft c'est triste.J’espère pour eux que les gros studios qu'ils ont racheter vont pouvoir sortir leur jeux assez vite parce que le début de cette gen', c'est pas fou.

edit: je crache pas sur flight simulator mais c'est un jeux de niche, c'est pas ça qui ferat vendre des consoles.
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nwar
Microsoft à fait l'acquisition de pas mal de studio mais c'est trop récent pour avoir des exclu, par contre, je pense qu'en milieu/fin de gen, ce ne sera plus le même discours et cela risque d'être intéressant.

Après, il faut être honnête, du coté de chez Sony, c'est pas fou aussi ce démarrage de gen, mis à part Demon's Soul, et encore, faut aimer ce type de jeu, ben voilà.

J'ai toujours préféré les titres Playstation étant joueur solo aimant le style jap, parce que bon, Forza, Gear ou Halo, c'est vraiment pas mon truc. Mais là, au vue des studios acquis par Microsoft, je suis très curieux et impatient de la suite!

Je finirai par dire: La guerre des consoles, c'est de la merde.

Dans tout les cas, merci pour le test.
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DplanetHD
Oui c’est encore trop tôt pour voir se concrétiser les jeux créés par les nombreux studios achetés par Ms…

(Et oui pour moi aussi FS est vraiment un jeu exceptionnel, et il va l’être encore plus quand il va arriver sur la sX, permettant des affichages de folie pour les paysages sur une machine à 500€ avec une bonne connexion toutefois)…

Mais The Medium je l’attendais quand même pas mal sur le Game Pass pour peupler un peu ce début d’année et de gen assez pauvre…

J’ai fini The Medium (en 20h, oui j’ai du vraiment prendre mon temps), et j’ai quand même beaucoup plus apprécié ce jeu que par vous dans le test…

Le HDR complètement pété, la luminosité impliquant des blancs très brûlés, les FPS (à 60 en général) qui peuvent s’effondrer en dessous de 40 (parfois, mais rarement quand même) et heureusement qui ne gêne pas vraiment la jouabilité, les changements de caméras (RE like) qui perturbent sérieusement l’orientation du perso dans ses déplacements (classique), tout cela ne m’a pas empêché de savourer quand même ce titre étonnant…

Ok, j’ai trouvé aussi qu’il y avait aussi des longueurs, mais plutôt au 3/4 du jeu et non au début comme dans le test (peut-être parce que j’étais plus au début sous le charme de la découverte de cet univers -et de Marianne)…

Mais j’aime beaucoup cette ambiance (certes très lourde) du jeu, et comme les RE sont un peu trop horrifiques et difficiles pour moi, The Medium me convient nettement mieux…

Je le trouve en fait assez bon, voir très bon, original dans sa présentation, mais souffrant quand même de nombreux défauts techniques (gourmandise injustifiée au niveau PC hdg) malgré un RT qui apporte quand même pas mal au jeu (éclairages)…

VF de très bonne facture pour les textes, VO excellente, son multicanal correct mais pas extraordinaire…

C’est sûr qu’après Cyberpunk 2077 (que j’ai adoré) c’est tout à fait d’une autre dimension, mais dans une catégorie plutôt AA The Medium arrive quand même à me donner pas mal de plaisir en ce début d’année où les nouvelles (grosses) sorties sont très rares…

Je dirais aussi qu’il est tout à fait à sa place au sein du Game Pass, mais qu’il serait beaucoup plus difficile de lui trouver une belle place parmi les jeux à 60 € (70€ maintenant)…
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f**k_me_im_inFamous
C'est la que je me rends compte que bcp de testeurs n'ont pas compris ce jeu...
Il n'a jamais eu vocation à faire mieux que les Silent Hill ou autre.
Ce jeu est fait pour être ressenti au niveau de son histoire, un peu comme un film.
C'est un bon jeu, qui, pour moi, mérite clairement un 16.
Trop linéaire ? Cette blague ... la aussi na jamais eu vocation à être un open world.
Le gros point noir du jeu est clairement le framerate... cest tout. En point noir il y a aussi plusieurs passage ou on ne peut pas courir (frustrant) et quelques lourdeurs dans le gameplay... mais pas plus.
L'ambiance est la, la DA est la, la bande son est la, le scénario est la !
Concernant les graphismes je ne le trouve pas du tout moche, il y a de très beau passage (la piscine, la forêt, les éclairs dans le décor etc)

Ne pas oublier que ce n'est pas un AAA mais un AA (a 7m d'euros faut pas s'attendre à un messi non plus .......)
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