Norvège : des jeux violents retirés d'une chaîne de magasins suite à la tuerie

Si les jeux violents sont souvent pointés du doigt par les associations familiales ou autres politiciens subissant l'opinion publique sans véritablement s'intéresser au sujet, la tuerie du 22 juillet perpétrée en Norvège par Anders Behring Breivik, qui a causé la mort de 77 personnes, risque bien de changer la donne. L'extrêmiste de droite a en effet affirmé dans son manifeste de 1 500 pages, diffusées sur la toile quelques heures avant son massacre, qu'il jouait aux jeux violents pour "préparer ses actes contre le multiculturalisme". 

Coop Norge, la plus grande coopérative de magasins du pays, a décidé de retirer dès le 24 juillet une cinquantaine de ses jeux violents sur un catalogue de plus de 900 titres "par respect" envers les familles des victimes. La liste comprend World of Warcraft et la série Call of Duty, les deux jeux les plus appréciés du tueur. Geir Inge Stokke, les responsables des produits non-alimentaires de la chaîne, a déclaré à l'AFP :

Il s'agit d'épargner des gens qui, d'une manière ou d'une autre, ont été touchés par les actes terroristes. Nous ne voulons pas qu'en allant acheter du pain et du lait, ils tombent nez-à-nez avec des jeux violents dans nos magasins.

Une information voudrait que Platekompaniet, le leader de la vente de produits multimédia, aurait également retiré ses jeux violents de ses rayons, mais ne l'a pas officiellement confirmé à l'AFP. La communauté de joueurs norvégienne est logiquement dubitative face à cette réaction. Audun Rodem, joueur responsable d'un blog, a écrit sur ce dernier :

Une telle logique est problématique lorsqu'on pense au nombre de gens qui jouent à ces jeux sans commettre de crimes ni d'agressions.

Ce à quoi Geir Inge Stokke a répliqué :

Il n'est pas dans l'intention de Coop de stigmatiser qui que ce soit avec cette décision.

Cette initiative n'est pas définitive et Coop pourrait par la suite remettre ces jeux en rayons, mais il est tout de même surprenant de voir une fois de plus les jeux vidéo pris à parti, alors même que certains films gore ou d'une violence extrême et bien supérieure à nos jeux classés +18 ne sont jamais pointés du doigt, sous couvert de la liberté d'expression. Quant à savoir si les jeux vidéo violents sont véritablement le facteur principal de la tuerie et qu'ils mériteraient d'être les seuls à être interdit dans le pays par la loi ou les entreprises, la réponse n'appartient qu'à vous. Nous profitons de cette occasion pour témoigner tout notre soutien aux familles des victimes en cette période difficile.

Call of Duty: Modern Warfare 3, en voilà un qui va avoir du mal à atterrir dans les rayons norvégiens.

Merci à Dorian Tosca pour avoir signalé l'information.