Test
The Sinking City

TEST de The Sinking City, enquête en eaux troubles

par

The Sinking City : Entre folie et meurtre, la baignade avec Cthulhu est plutôt plaisante, à quelques détails près.

Une douche froide avant le grand bain

Voir les Ukrainiens de Frogwares s’éloigner de leur zone de confort, à savoir la série de jeux Sherlock Holmes, avait quelque chose d’encourageant. Une nouvelle licence, c’est tout ce qu’il fallait pour attirer l’attention du public et c’est chose faite avec The Sinking City qui promettait un renouveau dans le gameplay aventure/enquête qui avait fait la gloire de Frogwares. Le studio avait en outre prononcé les mots explosifs et pourtant si conventionnels aujourd’hui d’open world et de liberté absolue. Deux concepts qu’il conviendra de modérer au fur et à mesure de ce test.

Le titre n’a pas bénéficié des soins réservés aux grosses productions.

The Sinking City

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Mais pour l’heure, il est temps de s’intéresser à notre personnage, Charles Reed. Cet ancien militaire reconverti arrive tout droit de Boston en sa qualité de détective privé. Enquêtant sur des cas d’hystérie collective et étant lui-même atteint de visions bien tordues, ses affaires l’emmènent dans la charmante commune d'Oakmont, tout juste ravagée par des inondations. Pour notre héros, tout n’est que ruines parfumées aux poissons, pluie battante et autochtones peu recommandables. Pour le joueur, le constat n’est guère plus agréable puisqu’il est l’heure de faire face à des performances techniques un poil faiblardes.

Graphiquement, il serait injuste de le traiter de laideron, mais The Sinking City n’est pas non plus une bête de guerre. Quelques vilaines textures par-ci, un effet de lumière un peu trop synthétique par-là… trois fois rien en somme, mais juste assez pour bien vous faire comprendre que le titre n’a pas bénéficié des soins réservés aux grosses productions. Un détail qu’il faut garder en tête pour profiter pleinement de l’aventure.

The Sinking City 4Une fois que Charles Reed a fait ses premiers pas dans Oakmont, la critique graphique se poursuit avec l’animation des visages. Une grosse partie de l’aventure s’axe autour de dialogues avec les habitants et c’est paradoxalement l’une des parties les plus dommageables de The Sinking City. Rien à dire du côté de la modélisation, mais pour ce qui est de l’expression des visages, nous avons vu de meilleurs jeux d’acteurs dans Les Tuches. Charles Reed est sans doute le pire des personnages puisqu’il ne dégage absolument rien durant ses nombreux interrogatoires. À ce stade-là, pas besoin de parler de la synchronisation labiale qui a dû se noyer au moment des inondations. C’est d’ailleurs bien dommage puisque The Sinking City dispose d’un doublage français plutôt convaincant au final. L’ultime déconvenue arrive un peu plus tard, lorsque nous avons réalisé avec horreur que Frogwares avait dupliqué ses modèles de PNJ, de quoi saboter l’immersion pour un peu.

Grosse ambiance sous l’océan

Et justement, l’immersion dans The Sinking City, il n’y a que ça de vrai. En dépit d’une enveloppe qui pourrait nous contrarier, il faut avouer que l’aventure est bien menée de bout en bout. Il y a une vraie richesse d’écriture dans les quêtes principales comme secondaires. Un point fort qui ne passe pas inaperçu quand il s’agit de narrer un récit largement inspiré par l’œuvre de H.P. Lovecraft.

Force est de constater que les intrigues sont efficaces.

The Sinking City 1Beaucoup s’y sont risqués, mais The Sinking City est l’un des seuls à ne pas s’être cassé les dents devant ce monument de la littérature. Le jeu ne mérite pas un oscar pour son scénario, mais force est de constater que les intrigues sont efficaces et surtout mises en scène avec brio par des scénaristes qui respectent les rites très codifiés du genre avant de leur rendre hommage.

Cette ambiance si caractéristique ne transparaît pas seulement dans l’histoire, mais aussi les décors. De ce côté-là, Oakmont est une ville soignée qui correspond trait pour trait à la description que nous pourrions faire d’une ville maudite. Plus bidonville que véritable hameau, le lieu parvient à nous imprégner, et cela malgré des ruelles quelque peu génériques au bout de plusieurs heures de promenade dans les différents quartiers.

The Sinking City 2Les gens étranges qui peuplent cette ville tout comme les cadavres qui jonchent les rues ne font que renforcer ce sentiment d’horreur qui aurait pu atteindre son mur du son dans les phases de plongée qui collent si bien au titre. Pas de chance pour nous, Frogwares n’a pas réussi à faire de ces courts passages des moments cultes du jeu. Malgré ce petit côté impressionnant et terrifiant suggéré par des ombres tentaculaires, ces moments sont trop fugaces et ne rivalisent pas franchement d’originalité.

Détective à la cool

Le souci, c’est que ce n’est pas la seule chose que les Ukrainiens ne parviennent pas à réaliser. La notion même d’enquête en open world ne semble pas parfaite. Cela commence pourtant très bien dès les premières minutes de jeu avec des mécaniques de recherches bien huilées. L’héritage du détective de Baker Street est indéniable tout comme l’expérience de Frogwares dans ce domaine. La recherche des preuves est simple, agréable et elle introduit quelques éléments surnaturels pas déplaisants.

Le problème, c’est que le titre nous prend trop par la main.

The Sinking City 5Ainsi Charles Reed pourra utiliser son sixième sens, une faculté bien particulière qui lui permet de voir des choses qui ne sont pas visibles par tous ou des évènements du passé. Un outil dont il ne faudra cependant pas abuser puisqu’il a une fâcheuse tendance à faire baisser notre jauge de santé mentale, aboutissant une fois celle-ci vide à un débarquement de créatures malsaines. Dans un autre genre, notre détective s’adonne à des reconstitutions tout aussi occultes qui ont quant à elle la particularité de stimuler (un peu) notre intellect.

Plusieurs scènes demandent en effet d’être remises dans l’ordre pour découvrir in fine une ultime preuve avant de quitter une scène de crime. La mécanique en rappelle une autre, celle du palais de la mémoire qui demande d’assembler plusieurs indices pour en faire des déductions et ainsi avancer votre enquête. Dans tous les cas, The Sinking City ne vous fera pas vous froisser un neurone vu que les énigmes sont enfantines et peuvent être recommencées en cas d’échec. La tentative de mettre la matière grise du joueur au centre du jeu est louable, mais une fois encore pas aboutie.

The Sinking City 6Le problème, c’est que le titre nous prend trop par la main. Dans les premières missions, cela est concevable, mais même après un certain temps, l’impression d’être chaperonné ne nous quitte pas. Cela passe par des logos sur notre journal de missions qui nous indiquent quand chercher une destination ou bien des informations dans les archives de la ville. Plus généralement, The Sinking City est trop explicite dans ses objectifs et dans sa résolution d’enquête. Un constat qui va à l’encontre des promesses de liberté formulées avant la sortie du titre.

En découle une aventure scriptée d’une vingtaine d’heures qui ne nous encourage pas à sortir des sentiers battus, hormis pour résoudre des quêtes secondaires. Même la résolution des enquêtes finit par perdre de sa saveur une fois le rythme de croisière enclenché. Se balader dans la ville sans but n’est pas vraiment une bonne astuce pour tuer le temps puisque le joueur sera confronté à beaucoup de portes closes et à un monde, certes vivant, mais qui s’avère inintéressant, puisque composé de mendiants, de policiers muets et de badauds agressifs.

Les malédictions des dieux anciens

Tout ce petit monde souffre par ailleurs d’un mal malheureusement trop répandu dans nos vertes contrées vidéoludiques : une intelligence artificielle défaillante. Au quotidien, cela se traduit par des tête-à-tête intenses entre un PNJ et un mur. Parmi les malbêtes, les créatures louches qui peuplent Oakmont, la situation est un peu plus gênante. Nous avons assisté à au moins deux suicides et n’avons pas compté toutes les bestioles qui attendaient la mort paisiblement.

Le jeu n’est pas un TPS, ce qui nous incite à être cléments.

Les malbêtes faisant office d’ennemis dans The Sinking City, l’occasion est parfaite pour évoquer le système de combat. N’y allons pas par quatre chemins, celui-ci est à revoir. Le jeu n’est pas un TPS, ce qui nous incite à être cléments avec lui, mais il faut reconnaître que le bruit de pétards mouillés des différentes armes à feu fait tache. The Sinking City aurait pu faire de cette partie du gameplay une excellente corde à son arc, sauf qu’il n’y a pas la moindre sensation de puissance qui se dégage des quelques scènes d’action. C’est en toute logique que nous abandonnons très vite l’idée d’aller à la castagne.

The Sinking City 3

Des « zones infestées » sont pourtant dédiées à cette pratique, cependant, le détective averti apprendra vite à les éviter pour se concentrer sur la recherche, le véritable cœur du jeu. Un cœur qui en dépit des critiques formulées reste quand même agréable à parcourir et qui devrait trouver preneur auprès des mordus de dieux anciens et d’histoires qui font peur.

Les plus
  • Le mythe de Cthulhu bien traité
  • Un scénario qui s'apprécie
  • L'ambiance au top
  • Le doublage français, une bonne surprise
  • Des mécaniques de recherche riches...
  • Un peu de réflexion...
  • Une ville bien glauque
Les moins
  • Visages inexpressifs
  • Pas toujours à niveau sur la technique
  • Un open world illusoire
  • Des missions trop guidées
  • ...mais qui finissent pas tourner en rond
  • ...mais pas de quoi se faire une crampe de cerveau
  • Gunfights mous
  • IA aux fraises
Notation
Graphisme
12
20
Bande son
13
20
Jouabilité
15
20
Durée de vie
16
20
Scénario
16
20
Verdict
13
20

Commenter 4 commentaires

Placidjules
Encore un test qui donne trop d'importance à la cririque du graphisme, si au moins c'était sur le côté artistique...

Alors oui ce test ne se résume pas à ca mais il commence par ca et on peu résolument penser que la note globlale à été fortement impactée par la note graphisme.
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Agrumes Citron
Toute a fait d'accord, directement on note le graphisme!!!! Après on s'étonne que les jeux coûte de plus en plus cher et qu'énormement de developpeur retard leurs jeux.

Le jeux a une embience énorme, et sa change un jeux comme ça, mais non si c'est du Uncharted ou du god of war etc sa vaut pas le coup!!!!

A cause de note comme celle ci beaucoup de joueurs et de joueuses vont passer a coté de ce titre, et ne pas l'acheter a cause de c'est graphisme soit disent daté que les médias nous saoule au lieu de parler de la profondeur du jeux.

Et sa vaut pour énormement d'autre jeux.

Et puis le jeux fait quoi 12giga????

Mais non on veut des jeux a 100 gigas pour se pleindre qu'1to c'est pas assez.

Bref, merci pour le teste c'est toujours sympas mais oui faut arrêter svp avec les graphisme!!

Ps : je prefere encore un "Inside, Firewatch, kona, etc" que des jeux playstation ou xbox AAAA OU AAA qui nous font attendre 5 ans pour pour le sortire entre 2 generation pour l'acheter 2x + leurs console tous les 2 ans!

Alors que moi perso je préfère mettre de l'argant pour jouer a de vrai jeux et pas a claquer mais sous dans des consoles tous les 3 ans!

Merci de m'avoir lu!!!! :D:D
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Cent Trente Trois
Très bonne expérience que fut Sinking City. J'ai assez vite compris que le jeu allait souffrir de nombreux petits bugs, mais au final, rien qui ne ruinera l'expérience globale. La direction artistique est au top, Oakmont est sur ce point très réussi. J
Mais, je pense sincèrement que les gunfights auraient pu être totalement zappé. Bien que le design des monstres soit sympa, on tourne assez vite en rond et ils n'apportent sincèrement pas grand chose de plus qu'une énième vague à repousser avant de pouvoir se remettre dans l'enquête.
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Kid - Loco
Placidjules Wrote:Encore un test qui donne trop d'importance à la cririque du graphisme, si au moins c'était sur le côté artistique...

Alors oui ce test ne se résume pas à ca mais il commence par ca et on peu résolument penser que la note globlale à été fortement impactée par la note graphisme.

je suis d'accord avec toi...il ne faut pas comparer un studio avec gros budget et un studio moyen/petit budget car pour l'indulgence sera moindre sur certains défauts (qu'il faut le dire certe mais la note est trop sévère 13/20 pff, j'aurai mis 15-16/20)
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