Test
Struggling 3

TEST de Struggling : un platformer tordu et... tordant

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Le jeu est hallucinant de bêtises, c’est ce qui fait son charme. De quoi amuser les neurones.

Des souris et des monstres

Pas facile d’être dans la peau de Troie. Cette créature difforme et relativement immonde qui vous sert de héros n’a en effet que deux bras longs et flasques ainsi qu’un amalgame de têtes et de bouches. La légende raconte pourtant que les deux personnages, Hector et Achille, à l’origine de cette mutation improbable, seraient des héros venus apporter la paix et la prospérité dans le monde. Difficile de savoir en quoi cette prophétie est fondée puisque tout ce qui nous attend dans Struggling n’est qu’une progression laborieuse dans des environnements au moins aussi incongrus que notre protagoniste. C’est loin d’être épique, mais il faut reconnaître que cela a quelque chose de poilant.

La vraie force de Struggling réside dans sa direction artistique.

StrugglingL’aspect visuel n’est pas pour rien dans ce rire nerveux qui ne tardera pas à s’emparer de vous. Struggling a une direction artistique bien à lui. D’aucuns diraient qu’elle est parfaitement répugnante et ces personnes-là sont sans doute dans le vrai. Ce qui est certain, en tout cas, c’est que la charte graphique du jeu ne laissera personne indifférent. Les jeunes Canadiens du studio Chasing Rats arrivent même à mélanger humour et immondices, deux piliers du jeu qui font de lui ce qu’il est. Il suffit pour cela de regarder notre pauvre hère dont les seules capacités au début du jeu sont de bouger ses bras disproportionnés, pousser des cris et exploser pour réapparaître au dernier checkpoint. Cela dit si nous en sommes au stade du rire nerveux en découvrant l’univers tordu de Struggling, nous devons avouer avoir été bluffés par quelques mises en scène et ambiances sonores franchement bien fichues à commencer par la « confrontation » avec le premier boss.

Deux bras, une grande aventure

Et si vous n’êtes pas sensibles au charme délirant de Struggling, il est probable que vous veniez le chercher pour sa jouabilité qui rivalise de stupidité avec le reste. Le titre s’inscrit très clairement dans la lignée des jeux aux mécaniques improbables qui pullulent en soirée et sur YouTube. Par son principe, il devrait d’ailleurs rappeler à certains des productions aussi originales qu’Octodad: Dadliest Catch ou Getting Over It. Le but est ici de bouger les bras de Troie pour lui faire traverser des niveaux remplis de flaques d’acides, de vers géants, de cochons mutants et autres trucs pointus sur lesquels vous empaler.

Struggling est un jeu frustrant.

Struggling 2Jusque-là c’est à peu près conventionnel, du moins ça le serait s’il ne fallait pas bouger chaque bras individuellement. Il faut en tout quatre boutons pour faire une chose aussi simple que déplacer ses deux bras et s’accrocher à une paroi pour pouvoir avancer. Il faut donc de la coordination dans vos mouvements, mais aussi et surtout de la précision vu que les bras de Troie partent dans tous les sens à la moindre gesticulation. Vous n’êtes pas au bout de vos peines puisque notre héros de circonstance a une fâcheuse tendance à s’emmêler dans ses propres appendices. Les occasions de se coincer sont nombreuses et vous allez vite constater que Struggling est un jeu frustrant. Aussi paradoxal que cela puisse être, c’est précisément ce qui fait son sel.

C’est cette jouabilité atroce qui est en partie responsable de l’aspect risible de Struggling, ça et les cris que pousse Troie quand ce dernier frôle régulièrement la mort. Le gameplay n’est en revanche pas du tout cruel comme vous pourriez le penser. Chasing Rats a prévu un grand nombre de checkpoints et une courbe de progression franchement souple. Contrairement à d’autres titres du même acabit, il est possible de s’améliorer considérablement dans la manipulation de notre héros. Cela demande évidemment de la patience, mais surtout une série de défis variés et c’est exactement ce que propose Struggling. Les différents niveaux qui composent chaque chapitre ont le bon goût d’être thématisés avec des challenges souvent innovants. Course-poursuite avec des rats, manipulation de grues, chevauchée sauvage à dos de moto, escalade ou encore slalom entre cactus, rien n’est épargné à notre personnage qui devra souvent faire preuve d’autant d’agilité que de réflexion dans des niveaux où le level design a souvent le bon rôle.

Il y a de quoi faire

Struggling n’a rien d’un jeu chiche en contenu en plus du reste. Selon votre degré de galère, le titre pourra se boucler rapidement, mais compter tout de même une bonne quinzaine d’heures au cas où. Pas forcément quinze heures d’aventure d’ailleurs. Chasing Rats a pensé à tous les joueurs atteints de collectionnite aigüe en leur donnant la possibilité de récupérer des couvre-chefs. Outre le fait que la plupart des chapeaux soient pour le moins exotiques (une grosse pensée pour la ventouse à toilette), les récupérer ne vous servira à rien, sinon donner un aspect encore plus ridicule à votre créature et gonfler votre nombre d’heures de jeu. La véritable richesse viendra des différents pouvoirs que vous débloquerez au cours de votre périple. Pas question de vous simplifier la tâche ici, bien au contraire. Ces facultés donnent lieu à de nouvelles énigmes toujours plus complexes qui vont dans le sens d’un gameplay varié et généreux.

Puis vint le moment d’essayer LA fonctionnalité qui donne à Struggling ses lettres de noblesse. Le fameux mode coop qui permet à deux joueurs à la volonté inflexible de contrôler Troie en même temps. Chaque participant hérite alors d’un bras et entame ainsi une lente descente aux enfers puisqu’ici la coopération n’est en rien synonyme de facilité. Bien au contraire, se coordonner avec une deuxième personne aura surtout pour effet de rendre le jeu encore plus bordélique qu’il ne l’est déjà. Heureusement le potentiel de convivialité est là et il est possible que dans notre souffrance nous nous soyons bien plus amusés à deux.

Struggling 1

La vie n’est pas simple avec Struggling, mais le moins que nous puissions dire, c’est que le jeu a été conçu et imaginé pour des soirées fun, et il le fait à la perfection. En y réfléchissant un petit peu, il n’a fallu pour cela qu’une poignée de mécaniques toutes cassées accompagnées par des niveaux suffisamment généreux pour assurer une expérience plaisante de bout en bout. Ces qualités étant communes à la plupart des jeux de son espèce, la vraie force de Struggling réside dans sa direction artistique qui souligne son aspect grotesque en plus de lui offrir quelques moments singuliers. Même si elle nous a donné envie de nous taper la tête contre le mur, la coopération reste l’ultime gage de qualité qui nous a poussés à adouber Struggling pour ce qu’il est : un petit jeu rigolo à la débilité communicative.

Les plus
  • Direction artistique
  • Coopération
  • Niveaux riches
  • Challenges variés
  • Courbe de progression tranquille
  • Drôle presque malgré lui
Les moins
  • Peut-être frustrant
  • Encore plus dur à deux
  • Peu ragoûtant
  • Troie qui se bloque tout seul
Notation
Graphisme
16
20
Bande son
15
20
Jouabilité
15
20
Durée de vie
16
20
Scénario
11
20
Verdict
15
20

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