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Boss RuinsMagus

TEST RUINSMAGUS : enfin un JRPG en réalité virtuelle... Verdict ?

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Avis aux fans de JRPG et de VR, si le jeu est vraisemblablement taillé pour vous, cela sera-t-il suffisant pour vous faire craquer ?

Hocus Magus

Lors de la diffusion en avril dernier de son premier trailer, RUINSMAGUS nous avait fait forte impression, d'autant plus qu'il reprend un genre complètement sous-exploité en VR : le JRPG. Des jeux typiquement japonais, nous n'en avions pas vu depuis The Tale of Onogoro. Bien qu'intéressant, ce titre n'a pas suscité l'enthousiasme du grand public, car s'adressant à une niche. Avec RUINSMAGUS, le pari est donc d'attirer les « consoleux », possiblement adeptes du genre, en leur proposant en prime l'immersion qui sied si bien à la réalité virtuelle.

La force de RUINSMAGUS est de proposer un gameplay parfaitement adapté à la réalité virtuelle, vous n'êtes pas devant un RPG, vous le vivez de l'intérieur.

RuinsMagusGMPLe jeu démarre de façon plutôt abrupte pour un JRPG et il n'y a pas de cinématique ou de mise en 
situation. Nous atterrissons directement dans le premier donjon (appelé ruine dans le titre) avec comme mission une forme de tutoriel qui permet de se familiariser avec l'ensemble des attaques et protections mises à disposition. Dans les grandes lignes, le gameplay consiste à se protéger et parer les attaques de la main gauche via un bouclier, attaquer en lançant des sorts de la main droite via un gantelet ou des grenades, sans oublier des potions régénératrices. À noter que le bouclier remplit plusieurs fonctions : parer les attaques, informer de notre santé et de son état, et de connaître le sort en cours d'utilisation.

Eh oui, avant chaque mission, vous aurez la possibilité de choisir parmi 4 sorts pour votre gant, dont deux pouvant être utilisés par alternance en cours de mission. Nous avons un projectile de base qui monte en puissance au fur et à mesure que nous maintenons enfoncée la gâchette droite, et deux projectiles alternatifs que nous pouvons switcher via le clic du stick droit, il s'agit le plus souvent de sorts servant à effectuer des attaques de zones. Enfin, nous possédons l'Ulti (abréviation d'Ultimate) qui permet une fois la jauge remplie et en faisant les bons gestes de déclencher une attaque dévastatrice. Pour ce qui relève des buffs, il suffit de les prendre au niveau de la poitrine puis de les boire pour les potions ou se les injecter s'il s'agit de seringues.

En parlant de jauge, chaque attaque dispose d'une limite, il faut recharger vos sorts manuellement ou attendre qu'ils le soient automatiquement. Pour regagner l'attaque de base, il suffit de laisser sa main droite au niveau de la ceinture et de maintenir enfoncés simultanément la gâchette droite et le thumbstick droit. S'agissant des deux tirs alternatifs, ils se régénèrent automatiquement, comme l'Ulti et même le bouclier.

RuinsMagus2.Il vous faut effectuer quelques missions pour intégrer toute cette gymnastique physique et mentale. Ne vous inquiétez donc pas si vous ne maîtrisez pas encore votre arsenal une fois passées vos premières missions. La difficulté de RUINSMAGUS est savamment dosée, ainsi, vous pouvez mourir trois fois au sein du même donjon, en réapparaissant non loin du moment où vous êtes tombé aux honneurs. Le jeu n'est donc pas punitif, à chaque trépas, il invite au dépassement de soi, assurément l'un des aspects les plus fun du titre et celui que nous sommes en droit d'attendre d'un véritable RPGNous vous recommandons le mode Normal d'entrée de jeu, jouer en Facile étant totalement dénué de challenge. Quant au mode Difficile, il vous faut pour en venir à bout connaître par cœur les patterns et faiblesses de vos ennemis pour espérer vous en sortir. Le bestiaire n'est pas impressionnant, certes, mais ses attaques changent en cours de jeu, obligeant à repenser notre stratégie. Soit une idée aussi originale que déstabilisante, dans le bon sens du terme.

Intrigant, n'est-ce pas ? Et c'est de toute beauté

Le scénario est basique, nous sommes un Magi, magicien dont le but est de protéger le village des Rogues, ces pilleurs sans scrupules qui s'aventurent dans les ruines à la recherche d'artefacts puissants pouvant possiblement les amener vers le chemin de la domination. Le fil rouge s'établit parallèlement sur le mystère entourant ses fameuses ruines, d'où viennent-elles, à quoi servent-elles, quels pouvoirs renferment-elles ? Après avoir effectué quelques missions, nous apprenons qu'il faut récupérer certaines clés afin d'ouvrir une porte mystérieuse pouvant possiblement répondre à l'ensemble de nos interrogations.

RUINSMAGUS réunit tous les poncifs du genre et prouve à juste titre que les JRPG ont parfaitement leur place en VR.

RuinsMagusAlleyEn matière de mise en scène, le but avoué de RUINSMAGUS est sans appel : démontrer qu'il est possible de faire un JRPG en réalité virtuelle en y incluant tout ce qui fait les spécificités du genre. Au menu, vous aurez droit aux saynètes humoristiques, aux moments dramatiques et de célébrations, aux boss gigantesques et batailles dantesques. Sans oublier les twists scénaristiques et autres moments WTF propres au genre. RUINSMAGUS impose le respect, non content d'arborer un style graphique aussi unique que reconnaissable. Le titre de CharacterBank utilise le Meta Quest 2 à bon escient et en bonne intelligence. Le jeu a pris le parti de faire dans la sobriété, sachant que le casque est techniquement limité, le soft joue fortement sur les effets de profondeurs, de grandeurs et de perspectives propres à la VR pour nous décrocher la mâchoire.

Les effets de particule sont simplistes, mais suffisants. Comme nous le disions précédemment, c'est sobre, propre et efficace. Ainsi, nous n'avons jamais connu de ralentissements durant le jeu, quel que soit le nombre d'ennemis ou de particules à l'écran, une très grande réussite. Au niveau des textures, même constat, bien que répétitif (notamment dans les donjons), nous restons sur la même lignée, faire propre et simple. Mention spéciale pour le rendu des boss, incroyablement réussis tant au niveau de leurs impressionnantes statures que de leurs attaques dévastatrices, à tel point que nous sommes perpétuellement en train de nous demander comment cela peut tourner sur Quest 2. En parlant desdits boss, les phases où ils apparaissent représentent assurément l'un de nos meilleurs moments passés en VR (du moins en autonome), tant la stratégie qu'il faut adopter pour les terrasser est différente.

Un parcours sans-fautes ?


RUINSMAGUS n'est pas sans défauts, loin de là. L'attachement au titre n'est d'ailleurs pas immédiat. Lorsque vous commencez le jeu, vous êtes accueilli par un aliasing du plus mauvais effet. Nous ne pouvons que vous conseiller et à juste titre d'utiliser QGO afin de baisser celui-ci de manière convenable. Le fait de démarrer tout de suite et de but en blanc le tutoriel est un choix discutable, d'autant plus lorsque nous sommes habitués depuis des années à en avoir un qui s'intègre parfaitement à la narration, à l'instar du fameux camp d'entrainement des Call of Duty

Nous ne savons dire si ce côté « vieillot » est un parti pris ou un hommage aux premiers RPG en 3D, où si les développeurs n'ont pas eu le temps de tout ficelé en bonne et due forme.

Malheureusement, d'autres aberrations parsèment le jeu : les personnages semblent patiner ou flotter sur le sol, peuvent apparaître devant nous sans crier gare et sans aucun effet, et disparaître de la même manière. S'agissant de magie et de JRPG, nous serions en droit de nous attendre à une débauche d'effets spéciaux, comme un panachage de fumée ou un vortex qui s'ouvre, soit autant de manières différentes et intéressantes d'introduire les personnages.

R (2)Les PNJ ne sont pas épargnés, ils restent pour la plupart immobiles, figés sur place. S'ils bougent, ils suivent un parcours très linéaire et robotisé, à croire que nous sommes restés coincés dans l'épisode de la pomme d'or du Professeur Layton. Les PNJ ne vous donneront pas de quêtes secondaires à accomplir, leurs rôles se réduisant à deux malheureuses lignes de dialogues. Côté interaction, le personnage que nous incarnons ne parle pas ni n'interagit avec les autres, c'est bien dommage, surtout quand nous savons qu'un hochement de tête ou un high-five pourraient changer considérablement la donne en matière d'immersion et d'implication. Le studio a également passé l'étape de synchronisation labiale et optique, en drapant ses personnages de couvre-chef ou de coiffure cachant les visages. Si cela peut paraître ingénieux, les développeurs n'ont vraisemblablement pas eu le temps de tout « cacher », en attestent les visages sans... visage. Vous le verrez manettes en mains, une bonne idée en chasse une mauvaise et inversement, à titre d'exemple, la synchronisation labiale de notre partenaire est le plus souvent aux fraises, mais lorsque celui-ci se tient sur le hub central du jeu et que nous bougeons, ces yeux suivent notre direction, effet Mona Lisa garanti.

En revanche, les cut-scenes sont dans l'ensemble bien rendues, même si parfois rythmées de façon hasardeuse, autrement dit, nous passons trop rapidement entre les différents registres et avons donc du mal à ressentir de l'empathie envers les personnages ou à nous sentir touché par la scène. Ne vous inquiétez pas, à la manière d'un Life is Strange ou d'un The Walking Dead de chez Telltale, notre cerveau finit par être habitué jusqu'à ne plus faire attention à ces menus défauts, nous impliquant davantage dans l'aventure. S'agissant des lieux, les donjons sont très répétitifs et les textures semblent se dupliquer à l'infini. Fort heureusement, le level design permet de combler ce manque de variété. Chaque série de donjons possède sa propre atmosphère et ambiance, les développeurs ont misé sur l'éclairage, les effets de fumée, d'eau, de pénombre, etc., plutôt que de recréer des textures pour le jeu. Ces derniers ont admirablement bien dosé le nombre de missions se passant dans le même environnement, nous évitant in extremis la lassitude que nous pourrions éprouver à arpenter des couloirs qui ne font que se ressembler de mission en mission.

Alors, finalement ?

 
Que penser du titre ? Les développeurs de CharacterBank se sont tout bonnement acharnés à proposer un titre marquant, en décalage total de ce qui se fait d'habitude en VR, qui plus est en autonome. Le pari, dans l'ensemble, est tenu. Même si dans les faits, nous avons été touché de plein fouet par le syndrome du « nous aurions aimé ».

Vous l'aurez compris, en jouant au titre, le syndrome « il n'y a qu'à » et « il faudrait que » revient souvent, la faute à un jeu qui a une proposition tellement forte que nous voudrions que tout soit maîtrisé de bout en bout.

À ce titre, nous aurions aimé avoir une équipe composée de personnages hauts en couleur, que nous pourrions personnaliser à souhait et qui nous aiderait sur le terrain, à l'instar des Tales of. Nous aurions également aimé pouvoir visiter d'autres lieux plutôt que les trois seuls présentés ici (la place de marché, l'allée et la boutique). Nous aurions aimé plus de scènes extradiégétiques (manger au restaurant, assister à un feu d'artifice...) pour nous imprégner encore plus de l'univers et nous attacher davantage aux personnages. Nous aurions aimé nous confronter à des énigmes, pouvoir escalader voire voler à travers les niveaux. Enfin, il aurait été judicieux de pouvoir effectuer le jeu en multijoueur, quitte à augmenter la difficulté du titre et à ne pas changer l'histoire pour autant.

Boss RuinsMagus

Quoi qu'il en soit, ne perdons pas de vue que la proposition actuelle est d'excellente facture et que vous devriez sans conteste vivre l'un de vos plus beaux moments en VR. La durée de vie peut paraître courte pour un JRPG (entre 6h et 13h selon la difficulté choisie), mais suffisante pour l'expérience proposée. Si le jeu avait été plus long, qui plus est avec la formule choisie déjà un brin répétitive, nous aurions invraisemblablement perdu en rythme. RUINSMAGUS fait donc partie de ces jeux brefs, mais intenses, qui vous marquent à jamais.

Il est disponible sur Meta Quest 2 ainsi qu'en PC VR sur Steam. Sachez enfin que nous vous avons concocté un profil QGO pour améliorer graphiquement le jeu.

Si vous n'avez pas encore sauté le pas, vous pouvez vous offrir un Meta Quest 2 chez Boulanger, la FnacDarty ou encore Amazon pour 349,99 €. Vous pourrez aussi y trouver de bons PC pour gamers.

Les plus
  • Des graphismes soignés
  • Un gameplay solide
  • Des musiques entêtantes et entraînantes
  • Les phases de boss, jouissives à souhait
  • Peut plaire aux réfractaires du genre
  • La fin et son générique nous ont mis une de ces claques !
  • Tous les éléments des JRPG réunis...
Les moins
  • Un rendu de base très aliasé
  • Un gameplay répétitif
  • Des énigmes auraient été bienvenues
  • Des menus (UI) qui ne s'intègrent pas à la charte graphique du titre
  • Une absence de localisation française (VOSTA)
  • ... sans que l'ensemble soit parfaitement maîtrisé
Notation
Graphismes
18
20
Bande-son
17
20
Jouabilité
17
20
Durée de vie
15
20
Scénario
14
20
Verdict
17
20

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