La rage au bout des doigts

Il y a un point ultra important que nous devons aborder : l’équilibrage. Et pour cause, le jeu oscille entre des moments d’intense satisfaction et des phases de frustration pure. Dès les premières heures de jeu, l'expérience se présente comme un grand défi, mais pas comme nous l’imaginions. Le principal problème vient de la disparité marquée entre les ennemis standards et les boss. Les premiers, souvent constitués de créatures basiques, offrent une résistance largement insuffisante pour préparer le joueur à la vraie difficulté qui se cache derrière les colosses. Ces adversaires sont non seulement peu intéressants, mais aussi d'une facilité déconcertante, en contraste frappant avec la brutalité des véritables opposants du jeu.

La transition vers les boss se fait de manière abrupte.

Les combats de boss, en revanche, sont de véritables montagnes russes de tension et de nervosité ; petit conseil, évitez de jeter votre une manette contre mur, ça coute cher. Neople a clairement fait un effort pour offrir des affrontements mémorables, avec des gros adversaires bien animés et dotés de patterns complexes qui demandent une étude minutieuse. Chaque affrontement implique de déchiffrer les timings des attaques, d'identifier les ouvertures pour les contre-attaques, et de maîtriser les mécaniques de parade et de déviation. Cette approche classique, très axée sur le "learn by dying", ne manque pas de séduire les puristes du genre, en particulier ceux qui recherchent une difficulté à la Dark Souls.

Cependant, cet équilibrage entre ennemis de base et les méga monstres surdimensionnés crée une expérience déséquilibrée. Les premiers niveaux sont extrêmement aisés, et enchaîner les petites créatures peut vite devenir une corvée, accentuée par une difficulté presque inexistante. Cela peut donner l’impression que le titre ne prépare pas correctement le joueur pour les véritables défis qui l’attendent, et que le système de progression n’est pas aussi fluide que dans d'autres Souls-like, où chaque rencontre se construit peu à peu pour mener à des boss toujours plus redoutables. Au lieu de cela, la transition vers les boss se fait de manière abrupte, créant un choc difficile à surmonter pour ceux qui n’ont pas pris le temps d'explorer ou de perfectionner leurs compétences.

Les développeurs ont bien tenté d'atténuer cette difficulté avec des solutions comme les points d'expérience qui se gagnent même après des échecs répétés contre un boss. Mais cela ne suffit pas. Alors quoi ? Nous retournons fracasser de petits ennemis pour monter en niveau... Encore et encore. Et lorsque nous sentons que nous sommes prêts, nous retournons au combat, et... c’est la mort. Encore. Le studio nous fait croire que nous sommes puissants, mais au final, nous faisons demi-tour pour aller taper des bébêtes. Le sentiment d’être plus fort n’est pas aussi perceptible que dans d’autres productions du genre, et la sensation de n’être jamais vraiment à l’aise dans un affrontement ardu. C’est comme si la résilience, qui devrait être la clé pour surmonter les obstacles, devenait plus un fardeau qu’une victoire.

Une autre tentative de rendre le jeu plus accessible vient du mode Facile. Celui-ci permet une régénération d'endurance plus rapide et une réduction des dégâts reçus, facilitant ainsi les tête-à-tête. Cependant, ce mode ne gomme pas la complexité des boss, et la nécessité d’apprendre leurs mouvements par cœur est essentiel pour remporter la victoire. Ce qui est encore plus frustrant, c’est l’impossibilité de revenir en arrière une fois que le mode Facile est activé. Ceux qui choisissent cette option se retrouvent donc bloqués dans une difficulté réduite, sans possibilité de tester à nouveau les eaux du mode Normal. Impossible de faire machine-arrière, à moins de tout recommencer. Dommage.

Martial DUCHEMIN Rédacteur en chef - Spécialiste Japon
Résident au Japon qui a trois passions dans la vie : les jeux vidéo, les figurines, et la bouffe. Adore les balades à Akiba, le retrogaming, et les salles d'arcade. Ma vie est vouée à Dragon Ball.
Me suivre :